Pourquoi es-tu surpris, Lee ? Tu as bien remarqué qu'Arnold était décalé, étrange, curieux. Tu l'as compris dès qu'il a mis un orteil dans ton hôtel. Et désormais, te voilà décontenancé face à cette question tout droit sortie de ton enfance. Et de la sienne. Alors il est patient, il attend. Quand tu donnes ta réponse, il sourit dans sa tête. Et le voilà déjà qu'il te corrige :

« Compsognathus. Puis il épèle chaque lettre : C — O — M — P — S — O — G — N — A — T — H — U — S. Tu as dû les croiser dans Jurassic Park, on en voit. Et ça les a rendus populaires. »

Il ne veut pas forcément étaler sa science, malgré le fait que ça arrive plus souvent qu'il ne le croit. Enfant, il se retenait de lever trop le doigt pour ne pas attirer l'attention sur lui. Il s'agaçait des erreurs de ses camarades, et alors, les mains crispées sur la table, il peinait à tenir en place. Petit premier de la classe, jusqu'à un certain point. À sentir la sonnerie vriller dans ses tympans, à devenir fou avec certaines instructions, dont il ne comprenait pas tout. Quelle idée d'avoir des règles implicites, et d'attendre une certaine exécution pour des élèves comme lui.

« Et ça te ressemble bien. Même si tu es plus grand. »

Premier degré, ou c'est un compliment sur le choix que tu portes, Lee. Arnold te laisse envisager à sa place, Le stégosaure, c'est sans doute sa carrure, le côté carré et rude ? Arnold souffle du nez, amusé. Puis le voilà qui fait « non » de la tête.

« Non. Le diplodocus, j'aime bien leur long cou, ou bien Nessie. Il fait allusion au monstre de Loch Ness ; jusqu'à peu, Arnold trouvait séduisant que l'humanité ne sache pas tout. Que des créatures millénaires parcourent avec eux l'existence de la planète. Malheureusement, pas de dinosaures. Des trucs à dents longues qui cramaient au soleil à leur place. Moins intéressant et plus sanglant. On l'a longtemps considéré comme le plus grand dinosaure, mais en 2017, on a découvert le patagotitan. Trente-sept mètres contre vingtcinq. Imagine, il était plus grand que ton hôtel ? Enfin, je crois. Tu as déjà mesuré la hauteur de ton hôtel ? »

Parce qu'il a besoin maintenant d'en connaître la taille, afin d'imaginer l'apparition du titan à côté. Comparer la grandeur, rêver un petit peu. S'autoriser cet instant de relâchement qui dure, mais qui l'éloigne un peu de la réalité de son rôle. Il est surpris que tu puisses suivre ce rythme ; on dirait que tu es plus habitué à la nuit. Ahaha. Et si le matin révélait que tu étais au final un Vesperi ? Non. Vos peaux s'étaient rencontrées, il s'en souvenait encore. Il y avait de la chaleur. Il y a de la chaleur en toi, Lee. Plus que tu ne le penses.

Ton hôtel est plus petit qu'il n'y parait, songe Arnold. Mais c'est probablement à cause de sa perception des profondeurs, tout est déformé de son point de vue. Les lumières fatiguent sa pupille plus vite, et parfois, il ne détermine pas la distance le séparant des objets. Au début, c'était particulièrement angoissant. Il avait essayé de se rassurer en se disant « ça ne change pas tant que ça », avant de s'y faire à toute une partie de sa vision coupée. En restant immobile et droit, il avait été capable pendant toute une époque de voir son épaule dans sa vision périphérique, l'entraînement avait développé un sens aiguisé de sa vue. Maintenant, son angle mort génère des frayeurs quotidiennes, lorsqu'il se relâche et ne voit pas les gens arriver. Parfois, l'hypervigilence peut le rendre violent.

Mais revenons à toi, c'est plus léger de te parler que de tourner en boucle sur ses blessures. Tu as peur de Jurassic Park, lui en est amusé. Son esprit aurait aimé une partie de réel dans la fiction, les dinosaures étant plus amusants que les humains. Toutefois, il peut concevoir l'aspect horrifique. Enfant, l'imagination est plus fertile.

« Pourquoi ? J'ai des allures de professeurs ? Il se regarde, il jauge ses vieilles Doc Martens, son jogging plein de poils de chat. Non, je n'étais pas doué à l'école. Enfin, disons que ma scolarité a été le chaos. J'ai séché pas mal le lycée pour fumer des joints avec des potes. »

Des mauvaises fréquentations. Tout dépend du point de vue. Même si Arnold était rentré dans la norme grâce à l'armée, il se rappelle de cette époque sans soucis, où il pouvait discuter de la société, de ses angoisses à des amis, de vrais amis.

« D'ailleurs, tu aurais voulu faire quoi comme métier ? »

Arnold ne se rappelle plus s'il a déjà posé la question. Mais elle vient naturellement dans la discussion. Il ne détermine pas à quel schéma tu appartiens vraiment, Lee. Tu es trop chaotique, certes, avec tes cheveux colorés et tes décisions qu'il peine à suivre - parler avec un inconnu en pleine rue, alors que la nuit continue d'avancer ? Vous semblez attendre l'aube pour vous quitter. Mais à six heure, son réveil va sonner. Une sonnerie criarde qu'il ne supporte pas, mais qui lui permet de se couper du sommeil. Reprendre une vie cadrée par l'armée.

« Tu as parlé de musique, non ? »

Se rappelle-t-il soudain. Il penche la tête, il te fixe à travers ses cils clairs. Il se dit que c'est pour ça les cheveux colorés et épais, le look aussi. Les musiciens ont toujours des styles vestimentaires qui sortent de l'ordinaire. Il y avait de ça dans son groupe d'amis, quand il était plus jeune. Arnold n'a jamais joué d'un instrument de musique, et il admire celleux capables de faire quelque chose de créatif avec leurs mains. Lui, il est trop pragmatique pour ça.

« Ah oui. »

Maintenant, Arnold s'en rappelle. Mais il préfère cette réponse plutôt que la première. Elle vend plus de rêve, elle donne plus de toi. Il n'est pas très jeu vidéo, mais si tu avais pu ajouter ta pierre à l'édifice dans ce domaine plutôt que de tenir ton hôtel, il aurait acheté ta franchise sans battre des cils. Curieux du produit, curieux de toi. Il fronce les sourcils, puis il te demande simplement :

« Pourquoi tu as abandonné ? Ce n'est pas toi qui m'a fait tout un discours sur ce genre de truc ? Il s'arrête, les mains dans les poches, il regarde à droite et à gauche avant de reposer son attention sur toi. Ou c'est un gars avec des cheveux verts ? »

C'est une plaisanterie, Arnold te supplie presque mentalement de le trouver drôle. Ce n'est pas tous les jours qu'il s'essaye à tout cela ; d'habitude, il se tient au dad's joke. Enfin, peut-être que c'en est une au final. Ce sera à toi d'en juger.

« Et pour l'aut' machin, il sort la main de sa poche et l'agite comme s'il chassait des mouches. Je n'y ai pas répondu parce que j'en ai pas. Peut-être les derniers album de Metallica, mais flemme de me faire taxer de poser. Ou si tiens, avant de me mettre au punk, j'ai eu une phase emo. Il hausse les épaules, il cherche et il cherche et peut-être qu'à force de creuser, il trouvera du pétrole. Ou le film Spirit, l'Étalon des Plaines. Il hausse encore les épaules. Rien de compromettant, je suis pas très fun. C'est un constat. Et toi ? »

Maintenant, Arnold essaye de deviner, le temps que tu puisses lui donner une réponse. Pourtant, il croit se souvenir que tu n'es pas du genre à avoir honte. De toi, de tes préférences, de tes manigances. À moins que secrètement, tu fantasmes à l'idée de devenir un influenceur avec ton hamster que tu habillerais. Son esprit va trop loin, parfois il est particulièrement doué pour imaginer des trucs absurdes. Arnold se demande dans combien de temps se lèvera l'aube.

Ce sera le moment de vérité, non ? Non. Il sait que tu es humain. Tu es forcément humain. Il doit te faire confiance. Laisser une chance à l'humanité. Alors ne le déçois pas, Lee.

« C'est quoi le prénom que tu aurais aimé porter ? »

« Ah ouais, chaud. »

Pour le prêt étudiant, pour ce rêve avorté. Arnold aimerait t'encourager à reprendre les études, mais il préfère éviter les sermons. Il tente le plus souvent possible de ne pas juger les autres, et il craint que cela te fasse du mal. Il inspire alors, et il ne laisse qu'un soupir en réponse. Long et léger. Peut-être que finalement, un jour, Arnold écoutera l'un de tes morceaux. Qui sait ? La vie est pleine de surprise. Il t'observe encore, soucieux. Mais tu es encore jeune, Lee.

Voilà, maintenant tu sais ; c'est une personne ennuyeuse, avec des goûts banals. Arnold ne dit rien, il te laisse l'occasion de te dévoiler un peu plus. Tu mentionnes tes ex', il fronce les sourcils. L'air de se demander quel est l'intérêt de tout ça. Toutefois, au fond, ça te ressemble bien de faire la petite fouine sur le net.

« Pourquoi tous les mois ? Tu mets une alarme pour te le rappeler ? Ou tu te contrôles pour ne pas le faire tous les jours ? »

Il y a un peu de surprise dans la voix. Il marche un peu, il donne un coup de pied dans un emballage avant de le ramasser. Désordonné dans ses gestes, mais maniaque dans l'attitude. Il le jette dans la poubelle.

« Oakley, je ne crois pas avoir déjà entendu ça, admet-il en se retournant vers toi. Puis un autre haussement d'épaules. Je ne sais pas, quand j'étais môme, on n’arrêtait pas de me saouler avec le dessin animé. Je me retournais dès que j'entendais “hey Arnold”, en plus. La honte. Il fixe le chat et toi, le tableau. C'est le moment de prendre une photo, Lee, et de le mettre sur tes réseaux sociaux pour montrer à tes ex que tu es le préféré des chats. Puis il revient surtout aux prénoms : je sais qu'il y a des prénoms, par contre, que j'aurais refusé de porter. Kévin, par exemple, ou Jordan. Je me suis trop habitué à Arnold. Ou Odysseus, tiens, pour Ulysse, mais c'est mieux Odysseus. »

Odysseus Schwarz, ça sonne quand même vachement moins bien. Arnold est vieux, et il a aussi des goûts de vieux. Il en a très bien conscience, malgré tout, il trouve son prénom chouette. En fait, non, il n'en pense plus rien de particulier.

« Tant qu'on m'appelle pas Arnaud, ça me va en vrai. »

Il a des préjugés sur des Arnauds, ce n'est pas de sa faute. Comme de manière générale, il a des préjugés sur les français.

« Mais tu n'as pas dit que tu le faisais pour te sentir mieux ? »

En observant combien leurs vies étaient pires que la tienne. Arnold n'est plus sûr, il te fixe en cherchant dans les tréfonds de sa mémoire. Puis il répète à voix basse mot pour mot : Tous les mois, je stalke mes ex sur les réseaux sociaux pour vérifier si ils ont une vie plus nulle que la mienne et ça me rassure. Il hausse les épaules, peut-être qu'il y avait une blague là-dessous, et qu'il ne l'aura pas vu. Le comble pour un borgne. Ou bien, c'était les bonnes nouvelles ? Leurs mauvaises nouvelles étaient tes bonnes nouvelles ? Arnold peine à suivre, on peut presque voir de la fumée sortir depuis ses oreilles. Il grimace. Pourtant, vous passez à autre chose.

Notamment, parce qu'il te voit prendre toute sorte de figures, et avec des grimaces (???). Mais le chat n'est pas sur la photo, et Arnold en est presque triste pour toi. Ce n'est pas aujourd'hui qu'on saura que Lee est l'ami des animaux - à moins que les Vesperis ne comptent ?

« Allemande. Et c'est Arnaud. A - U - D. C'est nul, non ? »

Comme sous-entend son nom de famille. Il ne te le dévoilera pas, afin de préserver encore un peu de mystère. Et aussi par mesure de sécurité. Au final, moins vous en saurez l'un sur l'autre, mieux ça sera pour votre survie respective. Tu ne veux pas savoir qu'il est issu de Regen, et lui il ne veut pas savoir que tu fricotes avec ses ennemis.

« Ouais. Aucune idée de ton père. »

Répète-t-il d'une voix neutre en levant encore le nez vers le ciel. Le jour ne tardera pas à se lever, et ce silence indique peut-être que c'est la fin. Arnold ne sait pas comment y mettre les formes, il ne sait pas si tu as encore envie de continuer à discuter. Il se demande pourquoi as-tu choisi de passer ta nuit à parler avec lui de tout ça. Au final, peut-être en saura-t-il plus sur toi que sur ton entourage. C'est l'avantage avec les inconnus ; des bouts d'histoire sans conséquence.

Arnold avale sa salive.

« Tu vas te coucher après ? Ton shift n'est pas fini ? »

Tu as mentionné quelqu'un d'autre, et lui aura vu quelqu'un d'autre. Est-ce ton ou ta collègue ? Est-ce ton duo ? Il ne pose pas la question, car il ne veut pas t'embêter. Tu es plein de poils chats, ça il pourrait te le faire remarquer. Sur tes vêtements, peut-être dans les mains. Ah. Et sans doute que l'animal t'aura filé ses puces ?

Le temps continue de s'écouler, la nuit a avancé plus vite que prévu. Arnold ressent la fatigue, malgré tout. Il ne pourra pas se coucher, car son cerveau voudra reprendre ses habitudes. Millimétrée, calculée, sans surprise. Il se couchera à la même heure que les autres nuits, sans prendre en compte ses besoins. Et si vraiment, il est trop épuisé, il fera une sieste de vingt minutes à un moment. Voilà. Rien de folichon - pas de monstres à chasser pour l'instant, le taff se tient tranquille.

« Profiter du soleil, mh. Lâche-t-il pensivement en retournant son attention sur toi. Il continue de t'observer, les traits émaciés et tirés, l'œil vif et calme. Tu fais souvent des nuits ? Si tu étais juste employé, tu sais que tu pourrais demander une compensation pour ça ? »

Arnold avale sa salive, il serre la mâchoire, il glisse son attention vers le chat. Il est au bout de la rue maintenant, en train de faire sa toilette. Assit, il se lèche la patte pour se refaire une beauté dans son pelage. Arnold l'observe un moment.

« Je peux te donner des sous si tu veux petit-déjeuner, mais ce sera sans moi. Au premier degré, avec beaucoup de pragmatisme, et du désintérêt J'irais un prendre un café chez moi, puis j'irais m'entraîner dans le parc. Puis à midi j'irais manger. Voilà, c'est mon plan. Et toi ? Si tu veux profiter du soleil, qu'est-ce que tu vas faire ? Aérer l'hôtel ? »

L'air vicié et rance, les corps dans les combles et qui grouillent - tout cela, il ne le voit pas, mais peut-être qu'un jour, toute cette odeur imbibera les murs de ton foyer. Sans doute qu'on notera la chair dans les tissus des tapis, le sang dans le plancher, la moisissure.

Il ne pense pas que tu aurais honte d'être vu avec le genre de mec qu'il est. Tu as dit que tu n'avais pas honte, ou très peu, ce n'est pas ton genre alors de t'en faire de ce qu'on dira. Arnold est ailleurs, les mains dans les poches, il pense à sa vie, tout simplement. Tu as mentionné Boston, et le voilà maintenant en train de déprimer. Il n'aime pas cette ville, il y fera des efforts, mais depuis sa dernière visite, il l'évite comme la peste. À cause de son ex.

« Tiens Lee, demande-t-il subitement. Comment tu arrives à rompre avec tes ex' ? Ce n'est pas pour un ami. »

Un an après, Arnold ressentait encore la blessure. De la colère.

L'alcool, hein ?

C'est peut-être la différence d'âge ou de génération. Lui ne voit pas le fait de se récompenser avec de l'alcool comme une bonne chose. Cela n'a pas toujours été le cas — l'adolescence, on passe tous par là, on est dans la même merde, et on essaye de survivre au système scolaire comme on peut. Toutefois, Arnold ne dit rien là-dessus. Il te laisse faire tes expériences, il ne veut pas non plus apporter de jugement et prendre le risque de te blesser.

Ton programme se dévoile. Tu parles de marcher. Marcher, c'est très bien. Puis aller dans un parc. Arnold fronce les sourires, puis tu parles d'une blague. Il rit d'un rire mécanique, froid et sans émotion. Plus pour signifier qu'il comprend la plaisanterie que parce que ça le fait réellement rire. Il n'aime pas être « mater », en fait, ce moment, c'est surtout l'occasion de créer du contenu sur Tik Tok et d'être dans sa bulle. Qui sait ? Peut-être tomberas-tu sur sa chaîne sans faire exprès, ou qu'elle te sera suggérée.

Tes conseils ne sont pas des conseils. C'est des bouts de toi, des fragments de tes histoires avortés. Un autre froncement de sourcils - Arnold n'aime pas l'idée d'ex violents. La mention de rupture sur le palier n'est pas interprétée de manière sexuelle. Il s'imagine que tu les invites chez toi, juste au seuil de ton appartement, et que tu les largues là.

Ouais non. Faisons comme ça.

« Non rien, je repensais juste à quelqu'un. »

Vous n'êtes pas encore assez proche pour qu'il te dévoile que Loren est son ex, et que leur dernière rencontre a été une catastrophe. Maintenant, non seulement il doit entendre sa musique tout le temps, mais en plus, il voit sa tronche partout en faisant ses courses. Bref.

Puis tu regardes ton téléphone.

La proposition l'intrigue. Mais c'est assez clair, au fond, Lee. Du lien qui se crée, une conversation qui aura duré jusqu'au petit matin. Et voilà maintenant, le début d'une amitié un peu étrange. Arnold est surpris, quoique cela ne s'exprime pas sur son visage. Il sort son smartphone, avant d'entrer « Lee » dans ta fiche de contact. C'est là qu'il te le tend.

Sans un mot.

The One and onLee.

Arnold fronce les sourcils en lisant le nom. Il te regarde ensuite, songeant que c'est là un jeu de mots. Il se questionne à propos du cœur, puis il décide que c'est juste toi. Il rajoute une note en dessous pour se rappeler de comment et de qui tu es. Ainsi, quand son cerveau oubliera, son smartphone le lui rappellera. Il pourra te répondre, plutôt que de laisser des SMS silencieux - dans le sens où il ne répondrait pas, enfin il se comprend.

Oui, ça peut valoir le coup de parler. C'était ce que son psychiatre au cours de son suivi lui avait dit. Pourtant, ce n'est pas si simple. Arnold ne démêle pas ses émotions ni celles des autres. Le concert de Loren, il s'en souvient grossièrement. Il ne se rappelle pas comment il a fait pour rentrer en un seul morceau à l'hôtel. C'est tout.

« Si tu veux, j'ai une chaîne Tik Tok, c'est CatDog1986. Un pseudonyme inspiré de sa date de naissance, avec son dessin animé préféré glissé dedans. Il ajoute : je donne des conseils en callisthénie, donc bon. Tu trouveras peut-être des trucs qui te plaisent. Il tente une pointe d'humour avec un sourire au coin : et tu pourras me voir torse nu, comme ça a l'air de t'intéresser. »

De l'autosuffisance ne fais pas de mal. Arnold te tend alors la main si tu veux t'aider de lui pour te relever. Il te tirera dans un grand geste ferme, d'une force qu'on ne soupçonne pas vraiment sous ses épais vêtements. Si tu refuses, il ne s'offusquera pas. C'est toi qui choisis.

Les premiers rayons de soleil émergent dans la rue, ils sont encore loin, car les immeubles sont trop hauts et ont trop d'ombres. Pourtant, c'est la lumière qui gagnera toujours à la fin. Ce n'est qu'un cycle, comme avec les Vesperis et les membres de Regen. Arnold plisse les yeux, il n'aime pas trop les lumières trop vives. Même si la Golden Hour a quelque chose d'apaisant.

« Bon. Bah au revoir. »

Arnold se tourne de trois quarts, prêt à s'en aller et à te laisser ici. Ton hôtel n'est pas loin, quelques mètres, non ? Tu n'as pas besoin de ses bras forts et de son flegme pour ça. Il se contente d'un regard, ne se force pas à sourire.

Mais ne t'en fais pas. Son sourire est là et bien là. Juste dans sa tête.