Il fait peur, adossé au mur, bras croisés et les sourcils à jamais froncés. La menace pèse dans les couloirs, et chacun espère que la colère du fils Li ne s'abattra pas sur eux.
De la fureur collectivement imaginée, il n'y a rien d'autre que de la confusion. Le pauvre ne comprend tout simplement pas la rumeur qu'il vient d'entendre. Que ce fusse Soren, Ellair aurait compris. Mais Gabriel et Arnold ?
Non, cela ne faisait aucun sens.

- Saoirse.

La voilà.
La parfaite petite Saoirse, en train de faire un excellent travail à n'en point douter. Suffisamment parfaite pour que Soren la désire à ses coté, pour que Maria vante son mérite. C'était suffisant pour qu'elle attire son regard et qu'il écoute si son nom apparaissant dans une conversation. Tout juste assez pour que son regard s'accroche à elle, et observe en silence pour en apprendre d'avantage.
Douce et intelligente, pourtant elle n'est pas venue lui demander conseil.
Ellair se sépare enfin de son mur pour s'approcher d'elle, et une fois devant elle, peut enfin s'exprimer sur la raison de sa visite;

- Pourquoi tu ne m'as pas demandé de t'entrainer ?

Sans détour : ce serait trop de mots.
Les sourcils donne au regard troublé cet air belliqueux, mais il n'en est rien. Le dos est droit, détendu. S'il était en colère, ce serait bien plus évident.
Elle faisait une erreur de jugement si elle pensais trouver mieux chez Gabriel ou Arnold; il en est certain. Ou bien, cela pourrait l'apaiser de connaitre ses raisons pour ne pas venir chercher ses conseils quand il s'impose déjà dans son quotidien pour la protéger.

Ah, Ellair a l'habitude.
La surprise à sa vue, normal. Pendant qu'elle s'en remet, son oeil se pose brièvement sur les papiers qu'elle était en train de lire avant de lui revenir. Et sa question, légitime d'ailleurs, Saoirse n'aura qu'un haussement d'épaules; il y a des mots qu'il  préfère économiser, tout simplement, et cela ne lui apporterait rien de savoir qu'on lui en a parlé. La miss a déjà trop de travail pour se soucier de détails.

Ellair a l'impression d'acquiescer, mais c'est si léger. A la rigueur, ce sera fermer les yeux une demi seconde plus longtemps lorsqu'il le fait qui trahirait ce geste.
Peut être que ce soit semblait logique, alors.
Mais cela ne l'agace pas moins.

- Hm.

Puis...
La suite le surprend, et il faut bien deux trois secondes pour réaliser ce qu'elle vient de dire.

- Tu penses que j'irai doucement pour toi ?

Lui, la brute de renom qui ne retient pas sa force ?
Un tout léger soupir soulève ses épaules, et il détourne le regard comme un aveu; oui, c'est vrai. Après y avoir réfléchit, il aurait été plus tendre avec elle.
Soren en a, après tout, besoin en un seul morceau. Pas vrai?

- Je ne juge pas. Tu as beaucoup à apprendre, c'est normal.

Ses bras viennent ensuite ses croiser contre son torse, et il continue, son regard revenant à elle, moins grave qu'auparavant;

- Qu'est ce qu'ils te font faire ?

Pas grand chose ?
C'est mauvais signe.
Ellair reste silencieux pendant qu'elle explique, mais ses yeux se plissent légèrement plus elle entre dans les détails. Pas fun. On ne sait jamais, une épée. S'il devait l'attaquer, là tout de suite, Saoirse serait prise au dépourvu. Arnold et Gabriel sont peut être doué, Ellair ne voyait pas en quoi cela la sauverait.

- ... Tu as une épée ?

En un coup d'oeil, il avait sa réponse. Non. Rien que des papiers, des notes. Elle pourrait le couper avec et ce serait terriblement embêtant, mais cela ne lui sauverait pas sa vie.
Soit.
Elle n'a pas finit de s'expliquer.
Et il ne doit pas le prendre personnellement, trop tard. Elle hésite, et finalement révèle le fin mot de l'histoire. Ses sourcils se haussent légèrement: c'est vraiment la dernière excuse à laquelle il s'attendait.
L'exemple le rend de plus en plus perplexe, mais soit, il joue le jeu. Un prof, ou Saoirse ?

- Non...? Je ne suis pas sûr de comprendre.

Soren lui fait confiance, Maria aussi. Deux personnes en qui il place toute sa confiance, qui eux, place la leur en Saoirse. Ellair irait d'abord voir Soren pour ce genre de problème, puis Maria, puis elle. Mais si Soren l'a engagé elle pour gérer ses affaires, alors Soren, puis Saoirse, puis Maria. Et elle aussi,  à sa manière, irait doucement pour lui expliquer, pas vrai ?
Ellair reste un court instant silencieux, avant de fermer les yeux, chassant tout ces questionnements de sa tête.

- Mais si c'est parce que je serai allé doucement avec quoi qui te fais dire ça... Je ne le ferais pas. T'auras pas d'autre choix que de me prendre au sérieux...

Soren n'allait pas être content de la retrouver pleine de bleus...

- Bref. Tu n'auras pas toujours une épée sur toi. Je peux t'apprendre à te défendre toute seule.

Puis il vient poser son doigt sur les notes qu'elle tient depuis tout à l'heure, plantant son regard dans le sien.

- C'est urgent ?

Lui il est dispo tout de suite pour la mettre au tapis et être pris au sérieux.

Il est on ne peut plus sérieux.
Ses yeux soutiennent ceux de Saoirse et ses sourcils froncés ne lui font pas peur. Par contre, elle réussirait presque à  le faire rire, à imaginer lui même une raclée. La commissure de ses lèvres s'élèvent tout juste à sa remarque, mais il ne dira rien, parce que c'est presque ça qu'il a en tête. Sauf que cela n'impliquait pas de coup direct.
Enfin...
Peut-être. Si elle se rate.

- Peut-être.

Et il se redresse, s'écarte sans quitter son regard. Un, deux pas, sur le chemin vers la salle d'entrainement.

- Du self defense.

Pas besoin d'être aussi coriace que lui pour en apprendre, et cela se révélera utile dès les premiers cours, contrairement à l'épée ou le renforcement musculaire. Enfin, il l'espère.
Mais Ellair est convaincu que cela pourra la rendre moins inoffensive, et lui donner plus de chances de survie, peu importe son niveau.

- C'est très bien pour les nulles.

Miss parfaite avait un défaut, c'était son talent. Et ne pas venir lui demander de l'aide. Deux défauts.
Saoirse se sentira bien plus en confiance une fois qu'elle aura réussit à le mettre au tapis.
D'autres pas, puis un geste de tête pour lui dire de se dépêcher.

Il n'aura pas eu besoin de discuter d'avantage, une fois ses propres mots retournés contre elle. C'est victorieux qu'il ouvre la marche vers l'une des salles d'entrainement, un léger sourire aux lèvres.
Et il attend, changé en premier, qu'elle le rejoigne. Il sent que la confiance en elle de la demoiselle s'évapore au fur et à mesure qu'elle s'approche de lui, mais il ne dit rien, l'observant sans la quitter du regard.
Lui, il est prêt.

- Si je te tabasse, Soren et Maria m'en voudront.

Puis, comme elle l'avait déjà deviné plus tôt, Ellair n'oserait pas de toute façon y aller trop fort avec elle. Heureusement, il avait de quoi la secouer au moins un peu.

- On commence calmement. Attrape mon poignet, je vais te montrer.

Ellair le tend rien qu'un peu en avant pour lui faciliter la tâche. Et il se douter qu'elle gagnerait du temps en râlant, alors il insiste;

- Aller !

C'est un piège bien sûr.
Quand elle pose sa main, sa deuxième main l'englobe et la coince à son poignet. Le bras qu'elle pensait attraper retourne alors ce dernier d'un geste circulaire et l'agrippe à son tour au poignet, main piégée et pliée de force à l'enver.
Ellair pousse alors légèrement pour la forcer à poser le genou à terre.

- Aors ? Utile ?

A défaut d'être utile, c'est au moins satisfait.
C'est pour toutes les fois où elle lui prend la tête avec sa science.

(ref ici)

Tant qu'elle sera genou au sol, Saoirse ne verra pas le léger sourire à ses  lèvres. Bien sûr qu' il avait raison ! La brute était prêt à parier qu'elle aussi allait en profiter, une fois qu'elle l'aurait mis lui à terre. Et il en avait, des prises en tête ! Saoirse pouvait se venger de lui en le jetant au sol si elle le désirait.
Il la relâche, recule de quelques pas pour lui laisser l'espace, et acquiesce. Son sérieux lui revient, prêt à lui transmettre ses techniques.

Ellair tend la main, comme pour demander permission, puis vient prendre son poignet sans serrer.

- Là, tu mets ton autre main sur la mienne. Tu la coinces là.

Il attend sa main, puis guide son bras, mimant le geste lentement, jusqu'à se tourner pour faciliter la tâche. Regard posé toujours attentif aux mains et aux bras de Saoirse.

- Et là tu n'auras plus qu'à pousser. On essaie ?

Cette fois, ses yeux viennent rencontrer les siens. D'un léger hochement de tête, il signale qu'il est prêt, et que quand elle lui donnera le feu vert, il saisira son poignet.

- Ne force pas trop tout de suite. Je te laisserai voir quelle force mettre à la fin pour immobiliser ton adversaire, d'accord ?

Imaginez, elle  lui déboite le  bras en y mettant toute sa force... Ce serait le comble.

Elle prenait ses leçons au sérieux.
Ce qu'elle annonçait comme compliqué il n'y avait même pas vingt minutes. C'est une petite victoire qui lui donnerait presque le sourire, s'il n'était pas si dur à afficher. Et il hoche la tête au fur et à mesure que le valet répète ses mots. Bientot, le voilà forcé à plier le genou.
Sa question le fait réfléchir. Il hésite, essaie de plier son bras; c'est une mauvaise idée, il s'arrête bien vite.

- En général, c'est le problème de l'assaillant, pas le tiens. Sinon, il faudrait réagir avant de poser le genou au sol. Une fois ta main coincée, tu peux dégager là, avec autre chose... Je te montre ?

Un coup d'oeil par dessus son épaule, pour qu'elle le lâche.
Il se redresse, puis vient mener sa main à son poignet, pour se mettre en situation.

- Alors, je devrais agir juste avant que tu ne bloques ma main.

Mais il s'arrête, reste silencieux quelques secondes, fixant la prise, puis le sol; ce sont heureusement des tapis plutôt mous. Puis remonte son oeil pour se planter dans ceux de Saoirse.
Il aurait voulu éviter de lui faire mal, c'est vrai...

- Tu peux tenir le coup pas vrai ?

Besoin de l'entendre, il sait qu'elle en est capable, mais ce n'est pas simple quand il s'agit presque de la famille. Ce n'est pas Fu Shen en face, mais Saoirse. Il veut l'aider à devenir forte, mais cela impliquait de la blesser, juste un peu.
Et enfin, il répond à sa question

- Je ne m'en fiche pas si tu m'en veux. Tu vas un peu m'en vouloir...

Il n'allait pas lui dire pour la chute.
Ni pour le coup surprise.
Mais c'était la réponse à sa question, et elle allait la vivre, si elle l'autorise.

- Mais c'est un peu drôle aussi.

Presque un jeu, lorsqu'il s'agit des salles d'entrainements, de faire chuter l'adversaire.

Quel coup ?
Hm.
Pas le choix que d'être honnête.

- ...Tous ?

Puis elle se redresse, se prépare. Voilà une posture qui pourrait le forcer à la prendre au sérieux, ça, c'est ce qu'il aime voir. le coin des lèvres qui se soulève en un léger sourire, et il s'apprête.
Surpris, quand Saoirse ferme les yeux, mais soit.
Il dégage sa main d'un coup de coude, du bras libre.
De ce bras là part la main, claquant la gorge sans trop forcer pour lui laisser son souffle.
Ensuite, la jambe qui se  place près de son pied, et profitant du mouvement de recul lié au coup précédent, la fait tomber au sol.
Et enfin, Ellair croise son regard.
Le sourire est dur à cacher, il transparait dans ses pommettes.

- Me venger de quoi ?

Qu'elle y réponde elle même, tiens, qu'on voit si elle sait qu'il lui reproche ses petites politesses superflues et son côté miss parfaite. Meilleure que lui d'une manière qu'il n'atteindra jamais.
Une princesse, mais qui s'améliore, à vouloir apprendre des plus forts.
Sauf lui, visiblement.
Il attrape sa main, la hisse debout sans trop de problèmes.

- Et comment tu apprends si tu fermes les yeux ? Tu n'as rien vu ! Je vais devoir recommencer.

Lentement, mais pourquoi le préciser à Saoirse. Il la replace, il se replace, et lui remontre, doucement comment faire. Explique qu'il l'a juste déséquilibrée et fait tombé, quand l'idéal aurait été de donner un coup à l'entrejambe pour forcer la chute. Dans son cas, ce n'était pas nécessaire, mais quelqu'un de robuste, par contre, cela allait devoir être fait.

- Pour le coup de coude, tu dois être vive, ok ? Le secret, c'est de bouger le torse aussi, ça donne de l'élan à ton coup.

Encore, répéter le geste lentement pour illustrer, l'inviter d'un regard à faire de même, corriger le bras si besoin.

- Tu veux te venger ?

A son tour, il lui attrape le poignet. C'est à Saoirse de le faire tomber au sol. C'est plus complexe, peut être, que ce qu'il avait prévu... Mais elle allait se débrouiller, pas vrai ?

- Ne retiens pas tes coups.

Premiere tentative, qui s’avère… honorable, pour avoir simplement essayé.Cependant, elle avait dans le regard une determination alors qu’elle écoutait ses conseils. Éllair ne pouvait tout simplement pas la laisser ainsi, alors qu’elle faisait de véritables efforts. Tant pis pour la rancœur et l’occasion de pointer du doigts les failles qu’il lui cherchait depuis si longtemps. Ses coups étaient encore trop hésitant, la force absente. Ellair voyait déjà comment corriger la demoiselle, et se préparait à lui montrer.
Mais non.
Elle prend les devants. L’épée se ravise alors, satisfait, sans le montrer véritablement. Il acquiesce juste, les yeux curieux, attendant cette deuxième tentative avec intérêt. Poignet pris, et plus vite qu’il ne s’y attendait, le coup vient. Le deuxième l’écarte en lui volant son souffle, le surprend finalement. Puis le coup de genou, fort et précis. Ellair ne s’y attendait tout simplement pas. Elle avait l’air si douce, si frêle, naturalllement on s’imagine devoir la protéger, la ménager.
Ellair sait désormais que c’est un mensonge.
Et sa vision se retourne : Saoirse l’éclate au sol dans un bruit sourd. Mal au bas ventre, explosé contre le matelas, la surprise teint enfin ce visage qui semblait figé depuis des années. Le bruit étouffé de la douleur masqué par l’impact. Il s’en sortira. Il prend cependant beaucoup de temps par terre, retient une grimace -pas devant elle !-.

Elle, c’est le sourire.
Radieuse depuis le sol, elle l’illumine. Comme si tout ce qu’elle entreprend, elle réussit. Pas étonnant que Soren et Maria l’apprécient autant. La douleur valait peut être le coup, quand on la voit heureuse comme ça. Envie de lui apprendre plus, voir d’autres sourires, réalisant qu’elle peut y arriver.
Enfin…
Il aurait eu peu de temps à l’observer paisiblement dans toute cette effusion de joie suite à sa victoire, il aura baissé sa garde qu’une minute ou deux avant de hérisser le poil à nouveau;

- Bien sûr que je suis un bon prof !

Bien sûr qu’elle en doutait !
Le retour de ses sourcils froncés.
Alors il se reprend, se releve dans un grognement. Les coups étaient un poil trop bien, Ellair l’avait elle aussi sous estimée…

- c’était… bien. Tu vois ? Pas besoin d’être si musclé, ou d’épée…Mais ça doit venir naturellement, t(auras pas deux chances comme ici.

Alors, profite de cet instant d’inattention pour caler son talon derrière son pied, et saisissant ses épaules, la faire basculer autour de lui, retenue par les épaules à quelques centimètres du sol.
Et fixe son regard dans le sien : c’est sa vengeance pour être douée, pour avoir réussi à lui faire mal (c’est sa faute, et il est un peu fier malgré tout).

-toujours sur tes gardes.

Puis la lache, et lui tend la main pour l’aider à se relever, un léger sourire co-aché au coin de ses lèvres.

- alors ?

Est ce qu’elle s’amusait aussi?

- tu en veux plus ?

Pas avec lui non.
Ellair l’aurait protégée, même au sein des locaux de Régénératio. Il sait qu’il n’aurait pas été le seul, Soren aussi, Maria également. Il aurait tout fait pour ne pas perdre une troisième sœur. Tout, car il n’est pas prêt à revivre cela.

- Non… Mais fait attention.

S’il te plaît.
Les politesses lui restent au travers de la gorge. Pas besoin de l’ennuyer avec ses craintes, et elle se débrouille bien, comme son dos endolori lui dit.
Une heure encore.
C’est pas trop mal pour aujourd’hui.
Ellair acquiesce, piétine un peu le temps de trouver quoi lui donner comme exercice.

- tu travailles souvent la nuit ?

Ce n’est pas très sain ça. C’est Soren qui la fait travailler si tard ? Il lui en touchera deux mots…
À la question, Ellair cesse ses mouvements inutiles. Levant les yeux vers elle, cicatrice pour lui faire face ; oui, il avait combattu des vesperis, c’était écrit sur tout son visage. Et il en aurait des choses à dire, mais ses mots sont précieux, ou parfois compliqués à prononcer. On ne lui demandait que très peu si cela faisait peur. S’il n’a pas peur de mourir. Sa conviction est telle qu’on assume que non. Si c’est Saoirse qui le demande… Il peut faire un effort, ne pas juste dire non.
Ellair soupire alors, laisser son regard couleur sur le côté le temps d’arranger ses pensées. Ou parce qu’il est un peu honteux aussi. Miss parfaite qui s’essaie au combat, et lui, qui parle couramment la violence, plus qu’il ne parle aux autres.

- Ça fait peur. On s’y habitue. À chaque fois je me dis que c’est peut être le dernier, mais que je l’emporterai avec moi coûte que coûte.

Il avait eu peur les premiers fois. Il avait eu peur quand le vesperis a mangé son œil, peur pour beaucoup de chose, et ensuite peur d’être faible. Cette nuit, il a bien cru que c’était fini.
Même après, il se demandait s’il était bien en vie, et pas en train de rêver.

- Puis…

Il hésite. Regarde par la fenêtre à son tour, fronçant légèrement les sourcils.

- Ce qui arriverait si on le les combat pas me fait plus peur. Puis c’est ce que Mens veut de moi.

Perdre le reste de sa famille. Ceux qui partagent son quotidien, ces enfants qu’il garde parfois; il aime s’imaginer que ses efforts les feront vivre dans un monde plus sûr, et c’est suffisant pour le motiver.
Puis, la tête plus basse qu’à l’accoutumée, il vient la regarder du coin de ‘l’œil.

- pourquoi ? Tu as peur ?

Ce serait normal.
Et il ne peut malheureusement pas l’entraîner à avoir moins peur.

Sourd à la remarque.
Travailler la nuit ? Peut être.
S'entrainer, sûrement. Si Anat ne le force pas à sortir, alors il continue, c'est tout ! Ellair ne peux pas se contenter d'hier, et pour demain, il travaille ses techniques, se renforce, s'améliore.

- C'est pas ce qui m'inquiète.

Ca se verrait, si elle était exploitée.
D'ailleurs, il fixe son visage et le détaille. Tourne légèrement la tête et fronce les sourcils pour mieux voir. Dormait elle assez ? Parce que si elle travaille au point de fatiguer, elle pourrait moins bien se défendre !

- Hm.

Elle a l'air suffisamment reposée.
Elle l'a éclaté au sol quand même.
Ellair peut détourne le regard et détendre sa silhouette. Prétendre ne pas comprendre qu'il a poser une question embarrassante.

- Oui, ça en fait.

La voix se fait murmure.
N'avaient ils pas tous leurs semblables en tête, leur famille ? Ellair était prêt à se sacrifier pour chacun d'entre eux, pour les protéger. S'entrainer chaque jours, cependant, n'est pas suffisant.  Il redoute aussi.
Il visite Maria tant qu'il peut, profite des maigres liens qu'il a, si jamais ils disparaissent, ou même lui; cela aura été la leçon apprise par la tragique disparition de ses soeurs.

- C'est hors de notre contrôle. Enfin... tu vois ce que je veux dire.

Parce que bon. On peut aussi faire l'inverse de protéger, mais ce n'est pas le propos. Légère moue qui passe sur son visage : les mots c'est compliqués.
Il se racle la gorge, se redresse, avant de lui faire face à nouveau.

- Tu voudrais pouvoir te défendre dans une situation en particulier ?

Que cela soit ciblé, que cela serve.
Qu'il puisse se rendre utile ce soir, et peut être avoir moins de chance de la perdre elle aussi.