Le rouge d’un cœur battant, d’émotions en ébullition dans un corps qui peine à les contenir. C’est dur d’arrêter de penser et prendre un moment pour simplement exister. L’âme se tend vers l’extérieur, voudrait voir le monde sous un œil différent des autres, là où les couleurs ne font aucun sens et les textures sont mille à se côtoyer. On veut trouver ce rouge partout, mais la couleur manque à un endroit particulier, dans la chaleur de la seule étoile qui s'est échappée de son ciel.

Le bleu d’un océan en constant mouvement, d’une trop vaste étendue pouvant donner tantôt envie d’y plonger ou l’impression de s’y noyer. La trajectoire du voyage ne lui appartient plus depuis longtemps maintenant et qui sait où la prochaine île se trouvera. Le capitaine nous assure que tout ira bien et on lui promet d'être à ses côtés jusqu'à la fin, mais on sait que la famille prendra sûrement le dessus à la fin. Eaux tranquille d'un amour tendre brouillé par le sang d'une famille adoptée à laquelle on doit tout.

Le doré du miel dont on se souvient le goût, une douceur collante qui ne peut dépérir. On veut s'entourer de ces douceurs, les garder près du cœur pour ne jamais plus ressentir le froid inerte de la solitude. Les yeux s'illuminent devant la beauté, les mains tremblent d'en capturer l'essence et l'imprimer sur la toile qui s'étire derrière ses paupières. Avide d'amour, assoiffé d'attentions, il faut faire attention à se contrôler pour ne pas attirer les foudres du si bel et tendre.

Le vert des feuilles qu'on a enfin appris à aimer, le symbole d'une paisible temporalité qu'on aimerait rejoindre et se reposer sans avoir à rejoindre la Civilisation. La verdure manque à son âme, lui inspirant des paysages si différents de la ville où l'amour le confine. Comme un poisson dans son aquarium, il en fait le tour quand l'envie lui prend et que l'on a pas besoin de lui. Peut-être que tout ça est l'effet de l'Immanis dans ses veines, mais les murs de sa chambres semblent trop rapprochés à son goût et le plafond trop bas pour être le ciel qu'on a appris à en apprécier la couleur depuis tant d'années. Si ce n'était pour Lui et ses envies, on voudrait l'emmener là-bas, le prendre par la main et le guider sur des sentier trop peu explorés. On repousse la mélancolie des grands espaces en se tournant vers la verdure qui peut vivre avec la civilisation, celle qui peut nous tenir compagnie quand les nuit peuvent paraître un peu trop longues.

Le noir des pulsions réprimées, de l'instinct sauvage devenue amère compagnie et lui brûle la gorge trop souvent. Comment aimer celle qui nous force à prendre, l'égoïsme inhérent de son existence qui l'oblige à ne pas pouvoir donner en retour sans risquer de tout perdre. Dans les ombres se trouvent aussi toutes les insécurités qui tapisse l'abysse de la psyché, qui rappellent la fragilité de sa position et qu'une malheureuse erreur pourrait signifier la fin.

Le vernis opalescent recouvre cette toile autrefois humaine de ses teintes irisées, reflétant l'extérieur et se montrant sous son plus beau jour pour s'assurer de plaire au public. Avoir du talent en art ne suffit pas, il faut une vision et le regard tourné vers le monde presque réel que les muses. Avide de lumière pour briller, on absorbe les regards pour leur rendre ce qu'ils nous donnent. Peut-être que c'est trop facile de redonner sans prendre, mais il vaut mieux cela que de se perdre une deuxième fois. Le vernis attire les autres, mais garde une infime distance que peut traversent. Le faire fondre est peut-être plus aisé qu'il ne le pense, mais chaque offense reste gravée au fer rouge dans sa mémoire.