melodiam
tw: //
yael crestia est l’une de ses créatures qui intrigue saturne. la gêne a rapidement fait place à l’amusement lorsque, à chaque réunion des ministres, il le voyait à ses côtés, sentait les regards curieux sur son immense carcasse. c’est parce qu’il y a cette curiosité réciproque que le Carnis a accepté de nourrir celle du funerus.

il dénote totalement dans ce dédale de couloirs à l’ambiance étrange. là où carnage hall baigne dans une atmosphère glauque et malsaine, ici, ça empeste le sordide et l’étrange. ça ne lui déplait pas. sac isotherme sur son épaule, son dos est à peine vouté alors qu’il s’enfonce toujours plus loin. on l’a dévisagé, fixé, sans jamais rien lui dire, le laissant simplement passer. lui et sa dégaine nonchalante, lui et ses lourdes bottines en cuir tâchées de sang, lui et ses mains enfoncées dans les poches de son jean noir.

on lui permet de passer une porte. la dernière, espère-t-il. c’est qu’il a marché pendant longtemps avant de pouvoir arriver ici. souhaite secrètement ne pas perdre son temps entre ces murs. ❝bonsoir yael ! et sa voix grave et forte résonne, empli rapidement l’espace de la pièce lorsqu’il aperçoit au loin la minuscule silhouette du vesperis. ❝ne vient pas aisément qui veut chez vous. un rire franc. un rire qui ne sait pas être discret. les derniers pas qu’il fait avalent les derniers mètres qui le séparent de l’autre ministre. ❝merci encore pour votre invitation. j’espère que vous trouverez satisfaction à notre entrevue. et son sourire est chaleureux, étonnement calme. les funerus sont mal vus au sein de son propre clan. et même si saturne se méfie, il n’en reste pas moins amusé. c’est qu’il trouve le beau dans le macabre, le dégueulasse. yael crestia répond étrangement à cette beauté. ❝alors. que puis-je pour vous, yael ? visage baissé vers la silhouette aux antipodes de la sienne.

melodiam
tw: anthropophagie
il faudrait être le dernier des idiots pour ne pas remarquer la prestance imposante dans ce si petit corps. son regard se perd à droite, à gauche, alors que la salle se vide. saturne est curieux, il scrute tout autour de lui sans pour autant se montrer trop curieux. n’est pas là pour froisser son hôte. ❝c’est un choix bien judicieux de votre part. j’espère que votre clan saura rester à l’abris du danger en ces lieux.

il observe, saturne. se fait à peine plus silencieux. il continue pourtant de prendre de la place rien qu’à sa respiration. il est curieux, découvre avec un goût prononcer pour ce qui pourrait l’attendre par la suite. les yeux noirs se posent sur le cadavre exposé. Carnis épie, sourire carnassier sur ses lèvres affamées. tout semble étrange ici. à des années lumières de l’ambiance sauvage de Carnage Hall. mais saturne ne regarde pas plus longtemps, reporte toute son attention sur le si petit gabarit qui l’amène encore plus loin. il pourrait foncer droit dans la gueule du loup que ça l’amuserait. il ne sous-estime pas yael crestia. il faudrait être fou. saturne l’est peut-être, mais pas ainsi. ❝merci, yael. il s’installe donc. géant se plie et tend ses jambes loin sous la table. ses doigts viennent tapoter dessus. ❝allons allons, ne vous excusez pas. vous m’avez prévenu, je me suis en effet préparé un quelque chose. son sourire s’étire lorsque, dans ses oreilles, résonnent délicieusement le rire de son hôte.

sort du sac une boîte hermétique. il remercie encore, enfant de la nuit bien élevé face à ses pairs. regard se perd sur les doigts de l’autre ministre, l’écoute parler. yael parle bien. sait parfaitement brossé l’immense brute dans le sens du poil. ❝c’est donc à cela que vous passez vos journées, yael ? à étudier notre race ? simple curiosité pour montrer un brin d’intérêt à l’être semblant si fragile à ses côtés. boîte s’ouvre, s’en échappe une forte odeur de fer. la chair semble fraîche, encore gorgée de sang. c’est qu’il pourrait sentir ses veines brûler d’un manque qui le prend aux tripes. il ferme les yeux, saturne. n’écoute qu’à moitié yael. il se penche à peine au dessus de la boîte, en inspire l’odeur qui le fait frissonner. bête affamée tremble d’excitation rien qu’à l’idée de sentir chair crue contre son palais, écrasée par sa puissante mâchoire.

bienheureux, il se redresse et pose son regard contre l’autre ministre. ❝vous me voyez ravi de sembler plus intéressant que mon prédécesseur. sourire énigmatique, lueur étrange dans son regard. il se doute, attend les questions. est-il vrai que vous l’avez dévoré ? la question est toujours sur toutes les lèvres qu’il croise. yael crestia serait-il le premier à avoir une réelle réponse ? pour l’instant, saturne le laisse venir à lui. ❝le sang seul ne nous suffit pas. il suffit d’y voir là un apport trop faible pour notre clan. la chair est ce qui nous nourrit le mieux. hélas, je n’ai malheureusement aucun conte de fée ou autres histoires à vous narrer qui sauraient expliquer la raison d’un tel régime différent. et saturne, en homme délicat qu’il sait être, tranche un morceau de chair. nez se retrousse, le couteau ne rend pas hommage à la qualité du morceau. il devra s’en contenter, tant pis. et d’un geste presque monarque, ses dents se referment contre la chair piquée au bout de la fourchette. saturne est pourtant connu pour être sauvage, brutal. lors d’une chasse, il n’est jamais si délicat. et ça se ressent peut-être un peu lorsque, du coin de ses lèvres, s’échappe un filet de sang qu’il ne prend pas la peine d’essuyer. ❝posez vos questions, yael. quelles qu’elles soient. lueur de défi dans le regard. ❝je m’autorise simplement le droit de ne pas répondre à celles qui ne me plairont pas. et son sourire s’étire alors qu’il mâche ; devient charmeur lorsqu’il déglutit et coupe un nouveau morceau de chair.

melodiam
tw: anthropophagie
le moment est agréable. quand bien même le Carnis se retrouve au centre des funerus, ces étranges et dérangeants vesperis, il se sent à l’aise grâce à son hôte. ❝soyez égoïste alors. il aime ça, saturne. ne supporte que trop peu les choses trop lisses, trop courtoises, trop adaptées au monde. il aimerait que chaque vesperis embrasse le chaos avec le même délice qui court en son âme nécrosée.

regard noir se pose délicatement contre le papier qui est gratté d’une plume. mâche un nouveau morceau. c’est tendre, juteux. ça se réchauffe contre sa langue gourmande. reporte son attention sur le regard. ❝hm ? déglutit pour avaler la chair mastiquée. aucun rire ne répond à celui de yael. à la place, un sourire étrange, trop subtil pour être de bon présage. la voix semble baisser dans les décibels. ❝c’est un peu de tout ça. d’un geste brusque, il repose les couverts contre la table. ❝voyez, yael crestia, si je vous offre absolument tout de moi sur un plateau d’argent, qui me dit que vous n’utiliserez pas ces informations pour vous en prendre à moi. ou à mon clan ? vous ou un tout autre clan proche du votre, à vrai dire. ses yeux brillent d’une lueur incendiaire lorsqu’il dévore du regard le corps si fragile et putride du vesperis à ses côtés.

il s’était penché pour que son faciès soit face à celui du minuscule ministre. et ses traits semblent enfin se détendre. son sourire charmeur et amusé revient au galop contre ses lèvres tandis qu’il se met à rire, redressant son dos bien droit. ❝je suis bien plus bestial lorsque je chasse, yael. la prochaine fois, venez m’étudier à carnage hall. promesse tacite qu’une suite à cette entrevue peut être possible. ❝là, vous me verrez dans mon élément naturel. j’aurais moins de scrupule d’être le Loup. celui qu’il se défend d’être au sein même de la Bergerie. ❝lorsque je ne chasse pas, je prends plaisir à faire preuve de plus de délicatesse. je prends le temps de dépecer le gibier, de le désosser. je ne garde les morceaux les plus nobles, ceux avec le moins de nerfs et de gras. la tranche du couteau vient appuyer sur le morceau de viande crue qui semble molle et pourtant ferme ; dégouline soudainement d’une rivière carmin qui fait frémir d’impatience saturne. ❝c’est par respect pour la viande que je me montre parfois délicat.

le bout de sa langue glisse à peine sur la commissure de ses lèvres pour y lécher le sang ayant coulé un instant plus tôt. ❝non, pas tous les examens physiques, navré. cela m’embêterait énormément de me retrouver dans le même état que le gibier sur la table là-bas. ne se formalise pas à préciser plus de qui il parle. ils le savent parfaitement. ❝mais j’en accepterais certains si cela peut vous faire plaisir, yael. et le géant plante son regard dans celui du funerus, tout en glissant un nouveau morceau de chair dans sa gueule.

doigts déposent la fourchette avant de venir balayer l’air, soudainement impatient. ❝j’ai foi en la confiance que nous bâtissons ensembles, yael. ne perdez pas plus votre temps à vouloir me caresser dans le sens du poil. bien que ce ne soit pas désagréable. saturne semble dévorer avec plus d’entrain le contenu de sa boîte. ❝je n’ai pas de préférences réellement marquées. l’on dit que plus le gibier a peur, plus la viande devient dure et peu appétissante une fois en bouche. le geste est doux lorsqu’il repose le couteau contre la table. son pouce vient s’appuyer contre la tranche qui le coupe. fixe avec un intérêt moindre son sang qui coule lentement contre la lame. ❝c’est faux. plus ma proie a peur, plus délicieux sera mon repas. il s’étire, fait craquer sa nuque — vilaine habitude. ❝hm. peut-être ai-je menti. j’ai tout de même quelques préférences. le genre m’importe peu, l’ethnie aussi. j’ai cependant une préférence pour le gibier dans la force de l’âge qui ne fume pas. la viande a un arrière-goût fort désagréable pour mon palais. essaie de se montrer patient alors qu’il aurait déjà englouti tout son imposant morceau ramené depuis un moment. mais vorace prend son temps en avalant quelques gorgées de sang. ❝après, j’ai bien sûr des morceaux préférés. mais ça dépendra de la corpulence du gibier ainsi que de sa… hm… fraîcheur ? oui, voilà. fraîcheur. sourire étrange l’espace d’un battement de cils avant qu’il ne porte toute son attention sur le ministre à ses côtés.