Hadrian l'a vu, le bellâtre alpager sa nièce. Alerte, il ralenti le pas et observe. De loin, l'oncle comprend que la nièce remballe l'homme, ou du moins, est hostile avec. Fier, il laisse couler, non sans bien retenir le visage ce celui qui a osé la déranger.
Plus tard, elle lui dira.
Monsieur Lake, des Regeneratio.
Monsieur Lake s'est déplacé jusqu'au campus pour venir la déranger, pour venir remuer le couteau dans la plaie. Jamais tranquille. Même après un tel accident ils rôdent autour d'eux comme des rapaces.

Alors quand sa silhouette hante encore l'université, Hadrian s'emballe.
Il peut bien être sur le chemin du retour, l'oncle Byrd le rattrape, derrière le Regeneratio, sa main tombe sur son épaule et la serre fermement.

- Ca alors !

Hadrian force le sourire, gardant son épaule prisonnière entre ses doigts.
Ils étaient devenus silencieux, les preux chevaliers. Ils n'ont répondu ni aux cris des Byrds, ni à leurs pleurs. Non, les malheureux oisillons ne servaient plus la noble cause désormais. En tant qu'hommes et femmes pragmatiques, les conséquences de leur inaction ne méritaient pas leur temps.

- Si je m'attendais à revoir de vieux amis...

Le mot est fort, exagéré même.
La main le libère, pour lui donner une tape aux allures amicales dans le dos; elle est trop forte pour véritablement l'être.

- Quelle mauvaise nouvelle viens tu nous apporter cette fois ?

Car s'il n'a rien d'utile à dire, rien d'utile à faire, alors il aurait une requête spéciale à demander à ces grands seigneurs au noble but; tant qu'ils ne veulent pas se rattraper, de les laisser lui et Faye tranquille.

Le hasard fait bien les choses.
Ah, les yeux se plissent sans crier gare.
C'est ainsi que Regeneratio voit les choses ? Un hasard, cette tragédie. Ainsi va la vie ! Elle continue d'ailleurs, Regeneratio avance à l'aide des fonds des feu Byrds et les derniers piaillent encore quelques dizaines de mètres plus loin sans fort avancer d'eux mêmes. Marche ou crève.

- Ah, bien !

Pas de mauvaise nouvelle, dit il !
Il désire même comprendre d'avantage.
Hadrian se permet un léger ricanement.

- Je ne sais pas, tu es bien venu déranger ma nièce. Il est un peu tard pour nous importuner, tu ne penses pas ?

Finalement l'ainé Byrd lui laisse un peu d'espace, il cherche dans les poches de sa veste le paquet de cigarette dans un soupir;

- On sait ce qui arrive quand on s'associe à votre genre...

Des manoirs vides, aux lattes abimés, aux vestiges d'un affreux massacre.
Qu'Honoré désire de ses nouvelles lui arrache un nouveau rire désabusé.

- Ah oui, vous ne manquez vraiment pas de culot hein...

Aaah, ou est son briquet ?
Pénible là, de devoir supporter l'audace sans nicotine !

- Je pête la forme, ça se voit pas ? On vit notre meilleure vie ici, c'est paisible, tranquille, on ne pouvait pas rêver mieux monsieur Lake !

Ah, enfin ! Le briquet !
Il peut allumer la cigarette tranquille et ne pas se gêner à souffler la fumée vers lui.

- Me dis pas que vous vous inquiétez...

Les nobles intentions du Regeneratio finissent par être entendues. Le regard d'Hadrian reste sévère, mais le corps se détend. C'est bien le seul à prétendre regretter leurs erreurs et venir à eux, et c'était peut-être tirer sur l'ambulance que de le chasser et geindre ensuite que cette organisation ne daigne même pas les écouter.
Enfin... Honoré est le seul de Regeneratio à avoir un peu de remords.
Regeneratio reste des ingrats.

Ah, sa vie.
Hadrian regarde ailleurs. Les étudiants au loin, les affiches aux murs.
Il y a pire.
Dans ce misérable présent, Hadrian a pu se faire un trou où se cacher et prétendre ne pas être l'échec familial. Si les Byrds étaient encore là, cela serait moins flagrant. Il se préoccupe de la nicotine, puis revient finalement à monsieur Lake.
Ah, quel regard intense.
Quelles convictions.
Ses traits s'imprègnent d'une mélancolie passagère.

- Vous êtes bien le seul, monsieur Lake.

Pouvaient ils seulement refaire confiance aux disciplines de Mens ? Leur alliance n'a amené que la perte de leur bienfaiteurs, et désormais, les voilà ici; un chevalier perdu venu quémander le pardon des survivants, avant qu'à leur tour ils ne disparaissent de la main de vesperis.
Si le but de Regeneratio est le même qu'Honoré Lake, alors pourquoi avoir permis une telle tragédie ? Non, impossible de leur faire confiance.
Une nouvelle fois, Hadrian souffle sa fumée, épargnant le pauvre garçon cette fois.

- J'ai du mal à croire que vous veniez chercher notre pardon juste pour votre paix intérieure. Je pensais que votre conscience disparaissait, une fois à Regeneratio.

Encore du sel.
On ne change pas une vieille mule en quelques belles paroles.

- Et je ne compte pas faire confiance à Regeneratio. Vous avez prouvé que vos alliances ne signifient pas grand chose, pourquoi je reproduirais les erreurs du passé ?

Mais son ne regard ne quitte pas Honoré, et il n'est pas malveillant. Il le détaille en silence, avant de soupirer.

- Mais vous... Peut-être. Il y a bien quelque chose qu'un type dans votre genre puisse faire pour nous aider, quelque chose que Faye et moi sommes bien incapable de faire seul ; survivre à une prochaine attaque Vesperis. Mais je doute que votre organisation vous laisse agir dans un but aussi noble, ce n'est pas le style de la maison.

Hadrian secoue légèrement la tête.
Son quotidien, c'est lancer des bouteilles à la mer.

- Y a t il quelque chose que vous puissiez réellement faire pour nous ?

Ne sont ils pas une menace toujours ?
Mais il garde ces mots, se contente d'un vague rictus qui disparait aussitôt qu'il est apparu. Mais il a l'air bien noble, bien droit dans ses bottes et convaincu de ce qu'il avance. Et l'oncle fatigué aimerait aussi le croire, surtout quand il parle de les protéger, eux les Byrds.

- C'est gentil.

C'est bien le premier à le vouloir.
Son regard se pose sur le portable. Dans un soupire, il délaisse sa cigarette pour sortir son téléphone. Un numéro ne coute rien.

- Dites moi votre numéro alors.

Lui aussi soutient son regard avec détermination.

-  Mais que ferez vous, quand votre organisation vous dira de nous laisser crever ? Si on n'est pas la priorité, vous le ferez.

Cela avait déjà été fait, pour plus que deux misérables Byrds. Et eux, ils avaient de la valeur aux yeux d'Arkham. Lui et Faye ne sont que les rejetons. Même les élèves ici savent qu'Hadrian n'est capable que d'enchaîner les erreurs.
Le protéger ? Une perte de temps pour une telle organisation, il en est sûr.

- Même si j'étais suivi, vous feriez rien hmm? Je doute pas de vos convictions, hein, elles sont mimis.

Fait tomber la cendre qui s'amasse, et reprend.

- je pends quand même l'opportunité de pouvoir vous appeler, ça coute rien d'essayer.