oblivion ; darcy & asmodeus

Sam 10 Fév 2024 - 18:58, oblivion ; darcy & asmodeus

crari le titre est stylé

ma star ici on met une quote après pour renforcer le titre et accentuer le mood général du rp t'as vu

Elle est une ombre parmi les ombres, le murmure froid d’un courant d’air qui s’immisce par les interstices de la cité. Et ce pas léger qu’est le sien, qui s’imprime sans bruit dans les traces d’autres avant elle, sait où il va. De rues en ruelles, il lui oblige un détour – non, ce ne sont pas vers ses quartiers qu’elle se dirige.

Le Piedmont l’accueille sous une pluie fine, et elle tire sur le haut de sa tête son épaisse écharpe de laine. On ne l’observe pas, on la devine à peine. Son attention s’attarde un bref instant sur les jeux des lumières provoqués par le tissu de pluie sur la pavé, et les réverbères qui y penchent leurs éclats miroitants. Là, elle poursuit sa route, drapée de nuit entre leurs faisceaux clairs.

Bientôt, se dresse devant elle le centre de repos. Elle ralentit alors son pas, et trouve refuge sous un auvent avoisinant. Les environs sont calmes, à peine troublé par le va et vient de quelques soignants et le clapotement discret de la pluie. Dans cette attente placide, sereine, le motif de sa visite ronronne sans grâce au creux de son esprit. C’est l’aube d’une question aux contours aussi brumeux que délicats qui l’amène.

Un temps passe – il est vain d’en faire la mesure. Une silhouette se détache finalement à proximité de l’entrée du centre, elle en attrape le mouvement du coin de l’œil : le voilà. Elle se faufile jusqu’à celui qu’elle est venue trouver, dans l’espoir, vain peut-être, d’être éclairée. Alors, elle s’annonce.
— Asmodeus, avait-t-il deviné sa présence, déjà ? Je n’ai pas annoncé ma visite, souffle-t-elle, tandis qu’un sourire mince flotte à ses lèvres. Ce qui ressemble à une excuse n’en est pas une : elle ne craint pas son éventuel renvoi. Peut-on parler ? Un instant, seulement.

Lun 12 Fév 2024 - 19:03, Re: oblivion ; darcy & asmodeus

Of the necrotic garden where the rot will grow

L’esprit avide, la créature millénaire s’était offert à des déplacements que l’on aurait vite jugé aléatoire et comme une simple parade de puissance.
En réalité, Asmodeus faisait venir à lui des partisans, des Vesperis en révolte, les souverains de demain.
La pensée de Nimzu l’obsédait, d’un temps à l’autre.
Il caressait également l’espoir de tomber nez à nez - de préférence dans un contexte favorable - avec l’arcane souveraine qui avait eu l’idiotie de s’investir d’une absurde traque à son sujet.
Cela faisait des milliers d’années que le fondateur Nosferatu avait cessé d’être la proie de qui que ce soit.
Peut-être trouvait-il cela excitant, en un sens ?

Mais en ce jour, Asmodeus n’était pas la cible d’un esprit hostile, bien qu’il fut agile et loin d’être inoffensif.
S’aurait été mensonge de prétendre qu’il eût été surpris de la présence soudaine de Darcy Crestia, quand bien même les raisons de sa soudaine apparition demeuraient aussi obscures que la nuit ayant gratifié les deux entités de son voile.
L’évocation de son nom le ramène à une douce nostalgie, quand il se faisait plus mentor que comploteur, un temps où la transmission de connaissance s’articulait dans un esprit de préservation et non pas de renouveau.
Sourire figé et regard droit, Asmodeus n’avait pas jugé utile d’effleurer Darcy de ses iris.

Aurais-je seulement l’audace de me refuser le plaisir d’une discussion en ta compagnie, Darcy Crestia ?

Le Ministre Nosferatu se tourne finalement en direction de son interlocutrice.
Lui accordait volontiers l’élégance d’une ombre volatile.
Si elle était venue s’enquérir de sa compagnie d’une manière aussi peu officielle, Asmodeus se demandait bien ce qu’elle pouvait attendre de lui.
D’un point de vue scientifique, il avait bien peu d’enseignement à lui transmettre.
Ses bras se croisent dans son dos alors que le regard s’abaisse en même temps que le sourire à ses lippes s’élargit.
Un rictus audible flotte à ses lèvres, perdu entre satisfaction et curiosité.

Que puis-je faire pour toi ?

Dans sa recherche de la clé de son succès, il ne faisait aucun doute qu’un Vesperis de la trempe de Darcy serait en mesure elle aussi de lui apporter quelque chose.
Quand bien même la créature millénaire se demandait de quoi il pouvait s’agir.

Mar 13 Fév 2024 - 13:14, Re: oblivion ; darcy & asmodeus

oblivion

watch the bend of my wandering

Ses doigts tirent l’étoffe qui lui couvre la tête, les ombres quittent son visage – mais jamais ses yeux. Tout à coup, c’est le souvenir lointain des temps anciens qui lui revient et, presque, l’attendrie. La mémoire de leurs verbeuses conversations, et de tous ces pans de savoir que, penchés aux lèvres d’Asmodeus, elle a, morceau après morceau, fait siens. Darcy a les ongles noircis d’avoir gratté des siècles durant au creux des esprits vifs l’infinie connaissance qui s’y loge. Mais à ce jour, encore, les mystères sont légion.

Ses lèvres s’étirent doucement, son orgueil gonflé.
— Ce plaisir est le mien, toujours.

Il existe une pénombre que même les siens ignorent. Eux qui pourtant naviguent entre les ombres, se repaissent de l’obscurité : il existe un doute, et celui-ci est pernicieusement niché à l’angle mort de sa conscience. Et pourtant, ce doute n’en a pas toujours été un : il fut, naguère, une limpide réponse dans l’esprit de celui qui, lui ayant conféré cette splendide existence, gît à présent six pieds sous terre. Malheur, elle n'en devine, dans les confins de sa mémoire, que les contours nébuleux.

— Ce que tu peux faire, je l’ignore, commence-t-elle, la figure traversée par un éclat malicieux. D’immenses choses, elle en a la certitude. Une question m’est venue, d’où mon détour. L’aube d’une antique vision, un souvenir terni revenu dans les méandres de ses prières. Le chuchotement de son créateur, son éternelle déférence, qu’elle fait sienne aujourd’hui. Et ton expérience de ce monde pourrait, qui sait, l’éclairer.

Elle juge inutile de s’étendre davantage sur les raisons précédant sa venue, le cheminement de ses pensées jusqu’à cette curieuse interrogation qu’elle s’apprête à lui confier.
— Aurais-tu, lors de tes nombreux périples, croisé… d’autres que Nous ?
Drapée d’une fantomatique brume, la question se pose à demi-mot. L’impensable question, qui lui paraît pourtant si cruellement candide, presque évidente, maintenant qu’elle en a fait l’aveu.

Mer 14 Fév 2024 - 15:13, Re: oblivion ; darcy & asmodeus

Of the necrotic garden where the rot will grow

Se dégageait de Darcy une forme d’élégance apaisante.
Ils avaient cela en commun qu’ils prenaient tous deux leur temps pour articuler le fil de leurs pensées sans se perdre dans des élucubrations qu’il n’intéressait personnes.
Darcy était un Vesperis de science qui accordait plus d’importance à décortiquer les mystères de ce monde qu’à le dévaster.
C’était peut-être ça,son charme.
La question qu’elle lui pose, en revanche, sortait de toute convention.
Sa demande était importante, en elle-même, mais Asmodeus ne pouvait s’empêcher de questionner ce qui l’avait poussée, dans un premier temps, à s’interroger ainsi à ce sujet.
Le Nosferatu se fige, de fait, un instant.
Comme lors de sa conversation avec le favori du Prince, plonger dans sa mémoire - ô qu’elle était vaste - lui prenait parfois des moments d’errance, peut-être l’un de ses rares moments de vulnérabilité.
Asmodeus n’était pas aussi vieux que le monde, même s’il en était ce qui s’en rapprochait le plus à Arkham, mais il n’était pas toujours au fait de toutes les existences.

Si la théorie peut sembler évidente, la formuler comme une question est bien étrange. Aurais-tu entendu des choses, Darcy Crestia ?

Le regard qu’il dépose sur sa comparse s’intensifie, brille d’une éclatante lueur rougeâtre.
Poursuit d’un silence pesant pendant lequel il tente vainement de décortiquer les schémas de Darcy.
Mais elle n’était pas de ces visages que l’on pouvait lire, pas plus qu’il n’était possible d’en apprendre plus sur ses théories sans d’abord répondre à sa question.
D’ailleurs, Asmodeus n’avait de toute façon pas l’intention d’entrer dans un jeu d’ascendance avec elle.
Se contente simplement de lui fournir la réponse qui lui semblait la plus adaptée.

Ton interrogation m’apparaît bien vague, mais je vais tenter d’y répondre. Regeneratio adule une entité différente de la nôtre, puisent leur pouvoir dans une source différente de la nôtre et existe depuis aussi longtemps que nous. Pouvons-nous considérer, de fait, que les Arcanes de Regeneratio sont les “Autres” auquel tu ferais référence ?

Agite sa main devant son visage, feint l’embarras.

Je ne parle bien entendu pas des porteurs de ces Arcanes. Ils sont, selon moi, tout au plus les représentants d’un pouvoir dont je peine à expliquer l’origine. Ils sont remplaçables et c’est la raison pour laquelle nous ne parvenons pas à nous en débarrasser. Alors, je chercherais plus haut qu’eux.

Lève les yeux vers le ciel, s’expose lui aussi à des théories.

Je ne crois pas avoir un jour croisé leur Leader, cela dit.

Au fil des années et de sa crainte de l’organisation Regeneratio, Asmodeus s’était demandé.
Comment une organisation pareille était-elle parvenue à maintenir son unité malgré une espérance de vie aussi intime, à l’échelle des Vesperis ?
Pour eux, il s’agissait des plus anciennes générations.
Pour Asmodeus, il s’agissait de Nimzu, une descendante originelle de Matérias.
Mais pour eux ?

Dim 18 Fév 2024 - 18:06, Re: oblivion ; darcy & asmodeus

oblivion

watch the bend of my wandering

Cruelle est l’inquiétude qui, légère au bord de ses lèvres, est encore trop brumeuse en son esprit pour l’articuler pleinement. L’idée rôde, ronge, répand en son sillon la rumeur d’un étrange songe. Yael la partage, et leur Père gît sous ces terres sanglantes. Il ne reste que lui, et Asmodeus lui répond : chacune de ses paroles est accueillie avec une écoute non feinte, son œil calme rivé sur les traits du mentor.

Sa figure dodeline – elle indique un non presque pudique, préférant laisser le loisir à son interlocuteur d’offrir la plus ingénue de ses réponses, sa première impression, le fleuve de pensées plus anciennes qu’elle et qu’il ne lui faut pas influencer. Elle cherche la Source – le point de départ, la conjoncture innommable, la réponse imprimée à l’ombre de ses paupières et que dans ce Noir trop opaque, elle ne discerne pas clairement. Elle espère que les paroles d’Asmodeus sauront gratter la surface, éveiller une piste, l’arracher à la brume. Révéler les visages.

Un silence s’étire – bref, néanmoins clair. Elle hoche pensivement la tête, laisse les informations mener leur course dans son esprit.
— Regeneratio, répète-t-elle, tandis que ses lèvres s’étirent en une une moue de dégoût. Piste intéressante. Et son regard noyé un instant dans le vide : mais dans ce cas, pourquoi aurait-il… Les mots s’éteignent dans un soupir, un geste las du poignet vient balayer le cheminement de sa pensée. Si d’aventure la pensée d’Asmodeus s’avère juste, alors Ses Raisons lui échappent à présent plus que jamais ; c’est une douleur qu’elle n’aurait jamais cru connaître.

Mais la nuit est trop jeune, encor, pour se réfugier aveuglément dans quelque conclusion que ce soit.

— L’idée est à creuser, mais ses pupilles ombragées scrutent d’autres horizons en son fort intérieur. Et serait, peut-être, la plus raisonnable. Après tout, nous savons peu de choses de ces entités ; alors même qu’elles sont notre ennemi le plus ancien. Ses cils battent brièvement alentours, s’assurant qu’aucune oreille indiscrète ne penche son attention vers eux. Les lieux sont calmes. Mais… quelque chose – quelque chose que j’ignore – m’ennuie.

Elle poursuit à voix basse, de cette tonalité sourde qui enrobe d’ordinaire ses prières.
— Toi dont la mémoire s’étend si loin : crois-tu avoir pu oublier certaines choses ?
La mémoire est un dédale sans fin, les leurs s’étendent dans les longs couloirs du temps, et celle d’Asmodeus plus loin encore que la sienne. Le temps érode-t-il leur mémoire comme l’eau érode la pierre des fleuves ? Quels sont ces souvenirs voilés qui se rappellent à elle, et ne sont pas les siens – seulement des histoires pendues à Ses lèvres, autrefois ?
— Loin de moi l’idée de douter de toi, Asmodeus, ne te méprends pas. Je chéris tes enseignements, toujours. C’est elle-même qu’elle couvre de cette humaine faiblesse, mais son orgueil l’empêche d’en faire l’aveu.

Dim 25 Fév 2024 - 15:30, Re: oblivion ; darcy & asmodeus

Of the necrotic garden where the rot will grow

pourquoi aurait-il-
La phrase se coupe, balayée d’un mouvement vague, mais Asmodeus avait prêté attention.
Qui pouvait-elle désigner de cette manière ?
Darcy Crestia n’était pas un être dénué de logique ou bien de sens, il était de même peu probable qu’elle se refuse à communiquer ouvertement en sa présence.
Le Vesperis millénaire décelait donc une invraisemblable confusion.
Pourquoi était-elle préoccupée ?
Quel genre de révélation avait-elle obtenue ?

Si elle avait considéré les réponses du Nosferatu avec une certaine appréciation, la conclusion ne semblait néanmoins pas la satisfaire.
Asmodeus ne s’en sentit pas insulté, bien au contraire.
Le Ministre n’était pas doté de l’orgueil d’un Vanitas ou d’un Patricius, il savait admettre lorsqu’il faisait fausse route ou bien que son domaine de connaissance était dépassé.
Pourtant, ce n’était pas exactement ça, le sentiment ressenti.
Elle fait référence à son infinie mémoire et Asmodeus s’y perd une nouvelle fois.
N’appréhendait aucune réponse à lui fournir.
Il n’en avait simplement pas d’autres.

Je le sais bien, Darcy Crestia. Je ne doute pas non plus de moi.

Le regard s’était dérobé à son interlocutrice pour venir s’enfouir dans les ténèbres de la nuit.
Son souffle était court, la frustration semblait marquer les lèvres.
Asmodeus avait vécu longtemps, des milliers d’années, suffisamment pour voir des empires s’ériger et s’effondrer.
Tout existait à travers un cycle, une loi, des occurrences.
Mais Faye Byrd le lui avait fait comprendre : Arkham possédait sa propre logique.
Une logique face à laquelle l’expérience du Vesperis était absolument inefficace.
De cette ironie, les lèvres se fendent d’un sourire amer.

Arkham apparaît seulement comme une évidence : cette ville est unique, tout comme sa création et son évolution. Quelque chose s’est mis en route, Darcy. Et aucune mémoire ne saurait nous permettre d’anticiper la tempête qui se déclare. Il se pourrait même que tout ça soit encore plus ancien que moi.

Nimzu avait-elle les réponses ?
Ses projets concernant la Cour devenaient de moins en moins une priorité, compte tenu qu’il était moins en contrôle de la situation que ce qu’il avait pu s’imaginer.
Mais Asmodeus était une créature patiente.
Qu’est-ce qu’une centaine d’années, pour lui ?

Pourtant, je ne suis pas sans ressources. Il se pourrait même qu’avec les bonnes questions, je puisse entrer en possession de quelques éléments de réponse. Mais pour cela, tu vas devoir me confier ce que tu sais.

D’un mouvement imperceptible, les yeux du Vesperis s’abattent une nouvelle fois sur la silhouette de son interlocutrice.
Peu enclin à s’en défaire, cette fois.

D’où vient cette réflexion ?

Ven 1 Mar 2024 - 19:41, Re: oblivion ; darcy & asmodeus

oblivion

watch the bend of my wandering

Les secrets se taisent, les mystères l’enrobent. Et c’est contre son gré, que la vérité lui échappe : à sa mémoire, une fraction de temps s’est dérobée. C’est chez Asmodeus qu’elle est venue la conquérir, en vain peut-être. La peine qu’elle nourrit dans ses entrailles, invisible et silencieuse, est un amer aveu d’une histoire dont elle sait faire partie, et ignore pourtant tout. Sa conscience ébréchée laisse passer en elle une lumière cruelle : sous son joug, l’ignorance se révèle.

Quelque chose s’est mis en route, suggère-t-il, et elle pince ses lèvres. Son corps se meut à peine, ses expressions laissent tout juste entrevoir le tressaillement qui la prend lorsqu’il prononce ces mots. Elle écoute, encore. Mais voilà : vient l’heure de parler.

Il lui est impossible – impensable – de se dérober. A ce regard qu’il pose sur elle, elle ne flanche pas, mais un murmure las fend ses lèvres. Un pincement lui serre la gorge, avant qu’elle n’articule le clair de ses pensées. L’obscurité, quant à elle, restera tue.
— Ce que je sais – oui. Bien peu de choses, Asmodeus, confie-t-elle. C’est bien ce qui fait mon malheur, aujourd’hui. L’incertitude est une gangrène qui la ronge, une nécrose qui ne lui sied pas. L’abîme de ses souvenirs est un puits insondable. Quand s’était-elle égarée, exactement ?

— Mais vois-tu, je me suis souvenue d’une chose. Quoique, partiellement seulement. Cet aveu lui est pénible, car dans son écho se dessine une faiblesse de son esprit. Et j’ai la certitude que mon Père, lui, savait tout à ce sujet. Malheureusement, et Asmodeus le sait comme elle le sait, celui-là n’est plus des leurs pour répondre à ces interrogations. D’où ma venue vers toi. D’où ma venue vers un être plus proche de Materia que je ne le suis, songe-t-elle.

Alors, elle poursuit :
— Il évoquait, autrefois, des êtres qu’il respectait grandement. Des semblables, peut-être, mais leur existence différaient de la Nôtre, elle hésite un court instant – différent, peut-être encore – et reprend aussitôt, Et il y a ce symbole. Cette marque. Elle tire des plis de son vêtement un petit papier sur lequel est tracée une main dotée d’un œil. Le croquis est replié en quatre sur lui-même, dans une précision méthodique. Elle le tend à Asmodeus, lui laissant le loisir de découvrir le tracé. L’as-tu déjà vu, quelque part ?

Dim 3 Mar 2024 - 15:52, Re: oblivion ; darcy & asmodeus

Of the necrotic garden where the rot will grow

Les réponses qui s’articulaient entre les dents soulevaient de nombreuses questions.
Le regard lugubre du Nosferatu dévie pour se plonger dans l’obscurité de la nuit, comme pour un trouver un certain réconfort, plus habitué à loger entre les côtes d’une nuit sans fond que dans la douceur du visage Funerus.
Est évoquée la connaissance détenue par le fondateur de la Bergerie, visiblement érudit à l’existence de ces êtres semblables mais différents.
Asmodeus en viendrait à questionner sa propre sanité, était-ce l’âge qui avait érodé son esprit ?
Pouvait-il oublier l’existence d’une espèce complémentaire ?
Peut-être le ministre n’avait-il pas tout le temps dont il se pensait maître.

Le symbole exposé à ses yeux n’éveille aucune flamme, le Vesperis l’observe d’un œil curieux et le visage se tord en une grimace déplaisante.
Était-ce là un nouvel indice au sujet de cette clé dont il voulait se faire acquéreur ?
Le moyen d’imposer la domination Nosferatu est-il de s’acoquiner de cette existence parallèle ?
Asmodeus se savait plus à l’aise en présence des Vesperis mais il n’était pas contre l’idée de s’allier à cette main pourvue d'œil si cela signifiait la chute d’un Prince vaniteux et d’un clan suicidaire.

Je ne trouve dans mes souvenirs aucune trace de ce symbole, j’en ai bien peur. Mais si ces êtres avaient un lien quelconque avec votre Père, alors peut-être les réponses que tu cherches ne se trouvent ni dans ton esprit ni dans le mien, mais dans celui de la Bergerie ?

Asmodeus avait toujours considéré la Bergerie comme un organisme indépendant, pourvue de son propre esprit, sa propre idéologie.
Quelque chose qu’il rejoignait, en bien des points.
Et si sa responsabilité n’avait pas incombé à son engeance, peut-être même l’aurait-il intégré pour se gorger de ses secrets.

Si tu as été en mesure de dessiner ce symbole, c’est parce qu’il t’est apparu, n’est-ce pas ? Qu’en est-il ? As-tu été graciée d’une vision, Darcy ?

S’avance d’un pas, dans sa direction.
Le bras se tend pour venir effleurer le menton du bout des doigts.

Qu’est-ce que ton esprit nous dissimule, à tous les deux ?

Dim 3 Mar 2024 - 17:31, Re: oblivion ; darcy & asmodeus

oblivion

watch the bend of my wandering

Le doute est ennemi de la Foi. Pourtant, c’est lui qui agite ses lippes et qui s’immisce pernicieusement dans son esprit. C’est lui qui pousse l’aveu d’une mémoire entachée à la confidence d’Asmodeus. Le doute, cruel, impatient, l’enrage. Elle n’en montre rien, si ce n’est le tressaillement indicible de sa figure par moment, et l’ongle planté dans ses propres chaires comme pour se raccrocher à sa condition physique, alors que sa conscience, elle, semble depuis peu – misère – lui faire défaut.

Son interlocuteur est aussi ignare qu’elle à ses élucubrations, et son poitrail se serre dans un réflexe tout à fait humain. Il lui semble que le sol pourrait se dérober sous ses pieds, que la ville entière pourrait s’effondrer sur elle-même, si elle ne trouvait pas les réponses à ces inquiétudes. Quelque chose se trame, et elle n’y est pas étrangère. Alors pourquoi la connaissance se refuse-t-elle à son esprit ?

Pensivement, elle agite son menton dans un geste compréhensif. Nul doute que la Bergerie pourrait être le pieux berceau de ces réponses. Mais leur Père gît sous terre, ses ossements muets lui seront inutiles, à son plus grand désespoir. Et Yael – Yael a souffert de la Vision, comme elle.

— Oui, fait-elle à mi-voix. Deux visions, à vrai dire. Dans la pénombre, elle se plonge quelques courts instants dans la mémoire de ce qu’elle a alors vu. Crois-moi, j’aimerais comprendre, comme toi, ce qui échappe à mon esprit. Ses lèvres se froissent, un dépit apparent mine les traits habituellement de placides de sa figure. Elle secoue la tête.

— J’ai vu ce symbole, et j’ai le souvenir lointain de ceux qui le portaient. L’air contrit un instant, elle hésite à lui confier l’ampleur de ce qu’elle a entrevu ; mais Asmodeus est parmi ceux de son espèce un être à qui elle voue une confiance et un respect dénués de crainte. Alors, elle poursuit. Leurs visages m’échappent, dissimulés sous de longues capuches. Il y a quelque chose qui relève du culte, dans cette manière d'être – peut-être. Les théories se mêlent à son aveu. Ce symbole marquait des visages, qui semblaient en souffrir, éperdument. Elle se remémore l’horreur de leurs traits, la torture de la main voyante défigurant leur expression. Et ces visions impliquent la mort d’un Enfant de Materias. J’ignore qui, et comment. Il ne s’agit pas de sa vision – mais elle tait le détail, comme elle tait sa potentielle culpabilité dans l’affaire. Cet aveu là lui serait trop pénible.

— Asmodeus, fait-elle et sa voix est adoucie, puis-je compter sur toi ? Qu’importe ce qu’elle aurait pu commettre – qu’importent les résultats de ces recherches ? Si tu ne sais rien à ce sujet, je te suis reconnaissante de m’avoir écoutée. Mais, si tu venais à entendre des choses… Puis-je compter sur toi pour m’en faire part ?

Mer 6 Mar 2024 - 19:05, Re: oblivion ; darcy & asmodeus

Of the necrotic garden where the rot will grow

L’ancien Vesperis boit les paroles de son interlocutrice.
Les énigmes se succèdent, une histoire presque mythique s’offre à lui et Asmodeus se couvre de silence pour graver les mots de Darcy dans une mémoire dont il peine parfois à effleurer la surface.
Un culte est évoqué et peut-être la Bergerie avait-elle été conçue à cette image ?
Le symbole dessiné imprègne son esprit et le Ministre Nosferatu s’assure de ne pas manquer à son existence.
Son fils, Dante, se révèlera être un allié précieux pour dénicher quelques éléments de réponse.

Bien malheureusement, il avait bien peu de choses à offrir en retour des informations transmises.
La jeune Vesperis était elle-même un puits de science et pour que deux esprits aussi aiguisés que les leurs s’avèrent inaptes à déceler les mystères d’Arkham, cette ville avait tout d’une tombe à ciel ouvert.
Ou d’un curieux labyrinthe.

La mort d’un enfant de Matéria.
Les Vesperis étaient-ils la seule création de cette dernière ?
Cette réflexion l’amuse.
Comme il aimerait côtoyer des êtres dont il ignore tout.
La Cour, en comparaison, semblait bien dérisoire.

Darcy Crestia. Darcy Crestia. Darcy Crestia. Comme je regrette de ne pas t’avoir arraché au soleil moi-même.

Comme tu aurais été une magnifique Nosferatu.
Comme j’aurais aimé te savoir parmi mes enfants.

Ses dents acérés claquent entre elles dans un rire dément.
S’il venait à entendre des choses ?
Quand serait une formulation plus exacte.
Si la réponse se trouvait en Arkham, elle remonterait tôt ou tard à ses oreilles.
Comme l’avait fait Darcy de sa propre initiative.

C’EST D’ACCORD.

La voix s’élève brusquement.
Retombe aussitôt.

Cependant, ma collaboration n’est pas gratuite.

Les yeux se plissent/

Peu importe ce que tu découvres, je souhaite en être l’observateur.

Le terme employé était vague.
Mais ce n’était pas sans intention.
Asmodeus savait choisir ses mots.

Dim 10 Mar 2024 - 17:10, Re: oblivion ; darcy & asmodeus

oblivion

watch the bend of my wandering

Les réponses se taisent. Leur silence s’étend tout autour d’elle, et pour la première fois de sa longue existence peut-être, elle méprise ce mutisme de l’univers qui semble se jouer d’elle. Ne trouver de réponse ni en elle-même, ni en en la mémoire d’Asmodeus, est un inestimable vertige.

Par trois fois, son nom roule entre les lèvres d’Asmodeus. Elle attend un glas, une sentence fatidique, qui ne vient pas. C’est un curieux réconfort qui la saisit aux mots qu’il prononce. Le chuchotis de ses craintes s’amenuise. Elle ne répond pas – répondre serait trahir les Siens, elle en est incapable. Elle est l’enfant d’un Saint, il lui est impie de s’imaginer pouvoir être celui d’un autre. Pourtant, elle adresse un sourire à Asmodeus, tandis que quelques nébuleuses non contrariées valsent à l’ombre de ses cils.

Puis sa voix s’élève – brusque. Surprenante. Darcy se fait plus droite encore qu’auparavant, presque altière, bien que dénuée de dédain. Elle lui est obligée, elle le sait. Ses palabres le confirment. Darcy plisse ses lèvres, observe longuement son interlocuteur. Peu importe ce qu’elle découvre – la pensée chemine en son fort intérieur. Nul ne peut prédire ce qu’elle découvrira sous ce voile brumeux qui couvre sa mémoire : qu’adviendra-t-il si, par malheur, ce qui s’y terre est une menace pour eux ?
Après tout, Asmodeus l’a laissé entendre, plus tôt : quelque chose s’est mis en route.

— Soit, aquiesce-t-elle finalement. C’est entendu. La lune pose sur eux son halo bleuté, comme un témoin de leur accord. Peu importe ce que je découvre. Qu’importe la crasse de cette vérité qui se profile. Sa seule crainte est d'être une impie, au creux de cette vérité.

— Tu ne m’as peut-être pas arrachée au soleil, mais tu as ma confiance. J’espère avoir la tienne.

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