- Tiens.

C'est un dessert.
Acheté sur a route pour sa nièce, offert avant qu'il ne s'installe à ses côtés sur un banc en plein soleil; le dernier endroit où un Byrd peut se détendre étant définitivement sous ses rayons. Hadrian a emporté avec lui deux dossiers : un qui l'inquiète, et un autre pour cacher le premier des regards indiscrets. D'ailleurs, l'oncle observe d'abord leurs alentours, tout en cherchant au fond de sa poche son paquet de cigarette. Sont ils observés ? Pour de vrai, ou n'était-ce qu'une énième impression ?
C'est la pause de midi.
Ce sont des reliques, un vague souvenir du passé d'Arkham, et ils sont rassemblés à la vue de tous, forcément qu'il y aura des regards indiscrets de la part des étudiants !
Pourtant, Hadrian ne se sent pas rassuré.

- J'ai croisé ton professeur en arrivant.

Ce n'est  pas pour cela qu'il l'a retrouvé, mais tant qu'on est là... Tant que c'est frais dans son esprit, cette mauvaise nouvelle qu'on lui a annoncé.
Ses yeux se posent sur sa nièce, laissant le silence retomber.
Il sait.

- Tu as besoin d'aide ?

Que faire d'autre ?
C'est la famille, et quand il la regarde c'est un rappel quotidien qu'elle est bien la fille de son regretté frère. Avec le temps, ce sont les traits de Faye qui remplace ceux du frangin dans sa mémoire, aussi effrayant et apaisant que cela puisse être.
Puis,  il baisse finalement son regard, le pose sur ses dossiers. Peut-être valait il mieux ne pas lui en parler.

Il faisait chaud sous le soleil; elle fermait ses yeux à moitié profitant de la tendresse de cet instant; elle eut bien envie de dormir, s’étaler là comme une flasque pour rattraper ses heures à lire, s’inquiéter. La nuit n’était pas faite pour le repos des Byrd; le jour semblait y être dédié.
Mais Faye n’était pas seule, l’Oncle était là. Hadrian.
Dire qu’elle ne l’aimait pas était au mieux un mensonge; au pire une aberration. Dire qu’elle le trouvait curieusement fragile était cependant une vérité. Elle sentait les regards sur eux, mais ce n’était que des regards passagers, on ne voyait guère plus de Byrd et le visage de leurs ancêtres était accroché sur les murs de la gloire.

-Oh? Merci.

Elle le reçoit entre ses mains, la bombe de sucre et elle sourit un peu. Elle avait faim et Hadrian prenait soin d’elle, tout simplement. Elle voudrait prendre soin de lui aussi mais elle ne savait quoi lui dire si ce n’est des reproches d’adolescentes, que c’était honteux d’être vu avec un vieux.

Mais elle n’était plus une adolescente.

-Mh. Nope, si c’est ce vieux plouc de Dr Ashnevotz, je sais très bien ce qu’il a pu te dire. Que j’étais indisciplinée, bornée et que je révise pas. Je m’excuse de trouver ses cours foutrement nuls. Puis, t’as fais des sciences toi ?

Éclats de malice dans son regard d’antan avant qu’elle ne se rebrunissa; mordit dans le beignet en le regardant confuse. Il semblait… fatigué. Anxieux ? Ses yeux se retrouvaient maquillés de la noirceur des insomniaques. Et elle froissa le sac doucement, réfléchissait avant de demander :

-Tu veux dormir autre part qu’au manoir ? T’as l’air pas bien.

Faye Byrd aimait les fantômes; mais cet amour n’était guère universel.

Ah ! L'audace de parler ainsi de ces collègues devant lui ! Hadrian n'arrive pas à réprimer un air amusé, mais il arrive à le cacher aux autres voyeurs en portant la cigarette à ses lèvres pour l'allumer.

- C'est vrai que c'est un vieux plouc...

Vieux jeu, au ton assommant et paternaliste. D'un sérieux à le faire mourir d'ennui, incapable de rire à ses blagues au détour d'un couloir. Peut-être devrait-il jeter un coup d'oeil à ses cours lui aussi, et ainsi comprendre la détresse scolaire de sa nièce.
Puis voilà qu'elle lui arrache un rire.
Non, le jeune Hadrian esquivait les maths et les sciences, à son âge. Le soleil au campus donnait plus envie que la physique sur un tableau. Il secoue légèrement sa tête.

- Pitié, non... Tu dois être plus douée que moi là dedans.

Et d'après les propos de Dr Ashnevotz, ce n'est pas peu dire !

- Je pensais à des cours particuliers.

Car ce "nope", Hadrian a décidé de ne pas l'entendre.
La fille de sa soeur aura toute l'aide dont elle a besoin, toutes les clés pour réussir.

Faye s'inquiète.
Ah, ce n'est pas ce qu'il voulait entendre ! Et qu'elle est mignonne, à penser à sa santé. Alors il lui sourit, pour la rassurer. C'est vrai, il doit se tenir droit devant elle. A cet âge là, il est si important d'avoir un roc sur lequel se reposer quand tout va mal.

- Pas besoin ! Ses doigts pianotent le dossier; C'est ma faute, j'aurais du corriger mes copies plus tôt !

Une demi vérité, car il a clairement procrastiné son devoir hier soir.
L'autre moitié se trouve sur le deuxième dossier.
Y penser suffit pour affaiblir son sourire.
Il hésite.

- Faye...

Ses doigts se resserrent sur les dossiers. Ce n'est pas juste de la mêler à ses affaires.
Cela ne la protègerait pas.
Ou peut être que si ?

- J'ai croisé un symbole étrange, je me demandais si tu l'avais vu toi aussi.

Hadrian se résigne à lui montrer le symbole dessiné sur son dossier, et a la place ouvre la main pour le décrire.

- Une main, avec quelque chose au centre...

Il espère, retenant son souffle, trouve uniquement de la confusion sur le visage de sa nièce, qu'elle soit épargnée elle aussi par ces apparitions inexpliquées.

Le chocolat du beignet avait coulé sur ses doigts,
avait souillé la blancheur de sa peau.

Alors Faye le prit en bouche; le mit sans ambiguïté ni honte. Elle le regardait son oncle; se débattre avec son amour filial et sa sévérité mal-apprise. Haussant les épaules était sa seule réponse; tous les adultes deviennent soit des ploucs, soit des idiots soit des damnés. Ce n’était pas contre ce cher professeur qu’il avait choisi la voie la plus ennuyantes des trois.

-Pas vraiment plus douée; mais plus motivée. Faut que j’demande aux Rosen s'ils veulent bien me filer leur gros cerveau. Envie d’être docteur tu sais ?


Et elle riait de ses yeux lumineux. A sa requête de cours particuliers, elle fit mine d’y réfléchir, mine de considérer la possibilité avant de mordre encore une fois et d’affirmer bouche mi pleine mi digérée.

-Che verrai bienche.

Parce qu’elle sait très bien que lui dire oui lui fera plaisir; et que lui dire non le blessera. Que dire oui la fera paraître soumise et que dire non la peinera.
Alors; jambes battantes, elle le laissait parler. Affirmer ses excuses sous son regard vigilant, surveiller la manière dont sa gorge se nouait et se dénouait, les regards vigilants sur le coin de leur champ de vue.


-Des copies hein mh.

Elle y croyait à moitié; lui accordait le bénéfice du doute en avalant sa bouchée.

-Tu fais pas attention à toi, c’est tout ce que je crois.

Il flottait en ces mots, un air de secret qu’elle ne prenait pas la peine de briser. Et quant vient la révélation, cette question proférée de mi mot; elle se raidit un peu.

-Hadrian…Tu devrais partir de la ville.

Le soleil se fit froid dans le ciel.

-La main..; la main n’est pas bon signe; c’est un truc à eux, tu sais. peu importe ce qu’il y a dedans…c’est à eux. Tu as fais quelque chose avec les vesperis ?

Serre les paupières, contrôle son souffle, ne laisse ni peur ni colère l’envahir.

-Pourquoi sinon ils viendraient te chercher ?

Faye fixait la main ouverte, Elle ne dirait rien, n’en pensait rien. Se refusait tout. Elle ne voulait pas qu’il meurt, comprenait t-il même l’importance de sa vie.

Ah, cela  faisait plaisir de constater qu'au moins une Byrd avait de l'ambition, ou du moins, un peu de jugeotte. Son frère aurait adoré ça. Les Rosenberg étaient sûrement la meilleure option pour y trouver de l'aide.
Et elle lui fait plaisir, en lui répondant; Hadrian se doute bien qu'elle n'en fera qu'à sa tête, parce lui aussi aurait fait comme  bon lui semble.
Faye Byrd, future docteur, plein de chocolat les doigts et le visage.
Le genre de moment qui fait oublier le tragique de leur situation et lui redonne foi.

- Tiens.

Une serviette en papier, qui lui sera nécessaire.
Trop lucide pour son propre bien, elle a deviné aisément qu'il prend difficilement le temps de faire attention à lui.
Mais la candeur de la pause midi s'achève bien trop vite, et c'est bien de sa faute pour avoir mêlé  Faye à ses problèmes. Les aïeuls désapprouvent surement, mais c'est trop tard. Elle sait des choses, et elle sait que c'est de mauvaise augure.
Lui garde un emblant de sourire, veine tentative de garde le sujet léger. Il secoue légèrement la tête, baissant les yeux par la même occasion;

- Je ne te laisse pas ici, Faye.

Il avait pu tenir en dehors, difficilement, mais cela ne valait plus la peine. Il n'y avait plus personne à qui tenir tête, et même ça, il le regrette désormais ! Non, il reste rien qu'une Byrd et jamais il n'oserait l'abandonner.

- Non... Je ne crois pas. Ils sont déjà venu me chercher un soir mais c'est tout !

Pourquoi ?
Un rictus s'empare de son sourire temporairement.

- Ils n'ont pas été très clairs sur les intentions, enfin... Et puis je suis toujours là !

Hadrian Byrd ne s'était pas retiré des élections municipales pour ses erreurs et ses difficultés. Son regard se fait distant l'espace d'une seconde. Puis un léger soupire quitte ses lèvres. Il n'avait personne à qui le raconter, et si elle n'avait pas été une Byrd, il l'aurait encore précieusement gardé pour lui.
Et borné comme elle est, elle ne le laisserait pas la protéger si elle sentait qu'il lui cache quelque chose.

- Avant que tu n'arrives, j'ai voulu devenir maire.

Lui même ça le fait sourire, maintenant qu'il y pense. Ridicule.

- J'ai attiré l'attention d'un groupe, qui est venu m'agressé. C'est là que j'ai vu leur symbole.

Sa  main vient gratter inconsciemment sa nuque pour soulager le survivant de ses souvenirs.

- Je me souviens juste qu'ils parlaient de sacrifice de sang, de... Je me souviens plus de l'autre mot, un truc avec M. Et ils continuent de m'envoyer ces trucs...

Finalement, Hadrian jette lui même un regard au dossier marqué. Il est tout juste découvert pour eux deux. Le sérieux s'empare alors du visage de l'oncle, qui plante son regard dans celui de Faye.

- Faye. J'ai besoin de savoir si tu en as déjà reçu. Ou si tu en reçois, d'accord ? Et surtout, ne les cherche pas. Promets le moi, s'il te plait.

Elle accepta le tissu en papier, disposé sans élégance sur ses cuisses. Elle voudrait s’endormir; fermer les yeux si profondément que personne ne viendrait la déranger, que nulle légende ne viendrait à bout de son ennui. Mais les légendes n’attendent guère le sommeil et l’oubli.

Faye ne répliqua pas à son ton impératif, laissant ses yeux roulés dans leurs orbites.

-Tu me laisseras si tu meurs.

C’était sans appel, c’était sa peur la plus sincère. Elle ne supportait plus cette solitude épaisse; cette détresse assourdissante de la fausseté de son monde. Hadrian était le seul qui comprenait, savait, l’horreur d’avoir perdu père et mère, frère et sœur. Sa main tripotait l’alliance de ses parents et sa respiration se faisait plus profonde, plus apaisée.

Elle l’écoutait ainsi; absorbait ce qu’il disait. Ajoutant ses informations dans le plan vaste et incongru de ces connaissances sur les vesperis pour en tirer une semi vérité. Elle secouait la tête doucement; elle voulut croire en son sourire, voulut croire en ses manies, comme si il était tout plein de l’angoisse.

Il devait être terrifié.

Alors le beignet fut posé sur le banc, ses mains sur sa cuisse, le pressait doucement pour le ramener à la réalité.

-Je suis désolée que ça te soit arrivé, Hadrian. Ce n’est pas juste.

Elle le regardait avec toute la douceur du monde.

-Ils ont dû vouloir t’empêcher de découvrir quelque chose. La vérité ne vaut pas la vie.

Et elle secouait la tête, doucement, balayant ses inquiétudes.

-M, c’est pour Materias. La déesse de toutes choses selon les Vesperis, la créatrice de la chair. Voulaient-ils te sacrifier ? Je ne saurai pas te dire. Mais je n’ai jamais rien reçu d’eux.

Appuyait encore plus sur sa cuisse, se penchait vers lui, l’intensité d’un feu dans ses yeux d’ambres.

-Je n’ai pas besoin de les chercher; s'ils veulent nous sacrifier, ils nous sacrifieront. Faisons attention à nous. Arkham est…Arkham attire les vesperis, tu ne trouves pas.

Elle chuchotait ses derniers mots, tristement. Oh jamais plus elle retrouvera la chaleur candide du soleil.

Faye ne passe pas  par quatre chemin pour communique ses craintes. Et elle a raison. Il peut être aussi prudent qu'il le désire, il sera toujours trop faible face à ces créatures. Mais pour Faye, trouver une solution s'impose. Quelque chose qui puisse le protéger de tout mal, pour pouvoir rester auprès d'elle quoiqu'il arrive.
Un garde du corps, une arme à feu, n'importe quoi.
En attendant, il ne peut qu'offrir un sourire qui se veut réconfortant;
il comprend.

Et quand Hadrian finit son récit, Faye le surprend encore par sa maturité et sa douceur. Comme remerciement muet, sa main vient se poser délicatement sur l'épaule de sa nièce, avant de revenir au dossier marqué. Ils disparaissent, réapparaissent avec ce signe, et pendant ce temps il respire encore.
L'empêcher de découvrir quelque chose...
Son esprit démarre au quart de tour et se demande bien quoi. Car si on vient ainsi l'arrêter, c'est qu'il avait dû frôler quelque chose d'intéressant. Puis, Faye lui rappelle la dangerosité de la mission.

- Tu as raison !

Mais le voilà curieux.
Matéria, la divinité des vesperis.
C'est  marrant, car à parler de civilisation à quelques reprises dans ses cours, il prenait souvent des pauses en pleine dissertation pour réaliser que ce partage de savoir est tronqué, que les vesperis n'y figurent pas et qu'il participe à une vaste blague.

-J'ai des doutes là dessus. Ils n'auraient pas commis l'erreur de me laisser en vie si c'était leur intention...

Après tout, ils ont pu décimer une famille entière sans résistance, alors lui ?
Il n'aurait pas tenu deux minutes.
D'ailleurs, il entrouvre le dossier marqué. Parfois, il se demandait s'il n'y ratait pas quelque chose

- Ah, bien !

Faye est sauve de ces stalkers, enfin une bonne nouvelle !
Et quand elle se penche vers lui, ses yeux quittent les feuilles du dossier pour rencontrer les siens.
Ah, oui, ils n'y échapperont pas...
Et Arkham...
Et bien, oui, Arkham a quelque chose d'insidieux.

- Oui... Si ça se trouve, ils y sont tout aussi coincés que nous.

L'appel irrésistible d'Arkham qui attire toute âme tel un trou noir. Hadrian n'a pas pu lutter éternellement à son appel. L'oncle se tait quelques secondes, pensif. La vérité ne vaut pas la vie, Faye vient de le dire.
Mais...

- Tu penses que c'est la ville ?

Quel idiot.
A rejeter les secrets de la famille si jeune, il se retrouve maintenant sans clés dans un mystère bien trop épais  pour lui. S'il était maire, il aurait peut être su.

- Qu'est ce qui attire un Vesperis...

Le sang est partout, hors et dans Arkham.
Quelque chose d'autre rend la ville si particulière, quelque chose qui les atteint eux aussi. Le pacte ne peut pas être suffisant pour les maintenir encore aujourd'hui, si ?
L'oncle soupire alors, masse ses tempes, et revient se préoccuper de sa nièce à nouveau.

- Je ferai attention.

Hadrian Byrd ne compte pas mourir tant qu'il a Faye à protéger.

Elle était presque frustrée, presque agacée. Elle voudrait le secouer, qu’il comprenne, apprenne des erreurs de leurs aïeux, mais elle ne fait rien. Enfonçant encore ses doigts dans sa cuisse, elle voulut pleurer.
Surchargée d'émotions, elle en devenait enfantine. N’avait-elle jamais voulu juste juste le réconfort simple d’être protégée ? De savoir qu’elle n’aurait plus à revivre cette nuit-là ? Elle voulut dire à son oncle ce qu’Asmodeus lui avait dit, qu’elle même n’était en vie que par un misérable caprice alors il pouvait être dans le même cas.

Il avait su fuir de cette ville; pourquoi s’obstinait-il à y rester ?

-Les Vesperis ne pensent pas comme nous, Hadrian. Ils pensent parfois que pour s’amuser ou nous détruire à long terme. Méfie-toi d’eux.

Faye tenait ses lèvres, tenait son être ordonné pour ne pas le contaminer plus mais sa curiosité était sincère, il semblait de ne pas avoir été aussi éduqué qu’elle le fut et dans ses yeux millénaires, Faye hésitait.

Tapotant ses pieds dans l’air, elle prit une inspiration avant de la couper.

-Oui, j’pense que c’est la ville. Elle n'aime pas nous laisser partir, on est un peu ses chéris. Les vesperis ne sont pas plus forts qu’Arkham, tu trouves pas? Ils doivent avoir peur de partir.

La pression sur sa cuisse se lâchait doucement et elle posait sa tête contre son épaule, respirait son eau de cologne avec regret. Le soleil tapait gentillement ses doigts rendus gras par la sucrerie.

-D’accord, fais attention. Je veux pas te perdre aussi, promets moi. je ne peux pas te promettre de rester sage mais promets toi que tu le seras.

Oh, elle hairait devoir faire une promesse qu’elle sait destinée à être trahie.

Rassurant, de savoir qu'un vesperis ne désire que cela, et qu'ils pullulent. Et comment les reconnaitre même ? Hadrian se sent bien petit, cerné par ces monstres et les regeneratio.

- Bien sûr !

Hadrian s'en méfie déjà.
Et il remarque que Faye semble prise à des conflits intérieures, et ne dit rien. L'oncle se doute qu'elle garde encore beaucoup de choses pour elle. Cela l'inquiète, car elle lui parait encore si jeune. Tout ce savoir sur les vesperis n'était il pas trop lourd à porter ? Et à quel point est il dangereux ?

- Peur de partir ? Ah ! A t'entendre, c'est comme s'ils étaient dans une relation abusive avec Arkham...

On rigole, on rigole, mais le doute le prend.
On en parle comme d'une véritable chose avec une vraie influence, bien que ce ne soit qu'une ville. Pourtant, il souffre quand il en sort. C'est gérable, mais inévitable. Faye non plus ne peux pas s'en sortir.
Hadrian détaille ses mains, puis son visage.
C'est plus sérieux que cela en a l'air.

- Que sais tu à propos d'Arkham, Faye ?

Ls favoris de la ville, la ville entité. Qu'un endroit ait un pouvoir, pourquoi pas. Mais qu'elle soit forte contre des monstres ? N'était ce pas Regenatio, la force contre les Vesperis ?
Ah...
Faye se pause contre lui, et cela ne lui semble plus si urgent.
Il resterait là pendant des heures, Faye contre son épaules. Enfin plus serein, presque comme s'ils n'avaient jamais parlé de ville monstrueuse ou de monstres suceurs de sang. Juste un oncle et sa nièce.

- Je serai sage le plus souvent possible.

Lui aussi est un Byrd, et ne peut véritablement garantir rester hors de toutes ces histoires. Après tout, ces dossiers lui apparaissent d'eux même, ils viennent le chercher !
Mais il y a d'autres choses qui sont possibles;

- Je te promets que je serai prudent. Tu ne me perdras pas.

Aujourd'hui, Hadrian n'en demandera pas plus. La curiosité le ronge et les questions se multiplient, mais les jours heureux sont trop rares que pour les gâcher avec de sombres sujets comme ceux là. Son bras vient entourer les épaules de sa nièce. L'oncle lui adresse un léger sourire, avant de profiter des derniers rayons du soleil.

Les yeux mi-clos, elle pesait ce qu’elle devait lui dire.
Pesant ce qu’elle pouvait lui transmettre, car s' il devait partir, s' il devait enfin fuir de cette ville gangrène, il devait pouvoir le faire sans qu’il sache.
Plus il sait, plus il s’amarre.
Plus il sombre.

-Tu n’as pas besoin de savoir, Tonton. Tu n’as pas besoin de savoir pour la ville. Ceux qui savaient sont morts, laisse ce savoir là aux morts, je t’en prie mon oncle.

Elle sombrait doucement sous le soleil, elle-même. Sentait la gravité se loger dans ses os, l’attirer au sol alors elle se blottissait contre la grandeur du dernier sang. Faye connaissait ce prix que trop bien, et ne voulait pour rien au monde qu’il s’en aille. Un jour, il lui en voudra. Un jour, il lui demandera d’expliquer pourquoi elle lui a caché autant. Ou alors, sa vie sera plus heureuse ailleurs, à découvrir les merveilles d’une vie non retenue par ces horreurs.

Si seulement la ville… pouvait brûler.

-Merci, je suis heureuse de savoir ça au moins.

Et elle ne dit plus rien; laisssant le sucre sur ces doigts devenir qu’une dernière trace de son enfance.