melodiam
tw: langage fleuri
sa nuit ne fait que commencer. assis parmi des corps froids et brûlants, saturne atkins prend plaisir à vivre une vie de débauche au milieu du bétail. lui et ses pairs sont sages. assis dans un coin du lieu bondé, ils parlent, rient, boivent. toujours une goute carmine au fond des verres pour profiter pleinement du goût, de l’euphorie. et si les loups sont de sortie au milieu des brebis, saturne veille à ce qu’aucun dérapement n’ai lieu. pas ce soir. pas ici.

la discussion est animée, son rire et le grave de sa voix recouvrent facilement les autres. il prend de la place, saturne. toujours. ils ont le corps froid, mais leur sang semble pourtant chaud. les mots se meurent, les têtes se tournent vers la silhouette qui leur fait désormais face. et il sent que ça grogne, que les Carnis qui l’accompagnent, qui sont autour de lui, n’attendent qu’un geste, qu’un ordre de sa part pour se jeter gueule béante sur celui qui vient les déranger.

ses mains, qui étaient toutes deux sur les dossiers des fauteuils à côté de lui, viennent se poser délicatement sur la table. tension s’élève dans les airs. c’est chargé, palpable. il se repaît de ça. sourire délicat et carnassier à ses lèvres, il le sait. dès que ses mains quitteront le bois de la table, la fête commencera vraiment. ❝ton odeur me dit vaguement quelque chose. prédateur reconnait pourtant les odeurs de ses proies, toujours. il ne joue que simplement avec la souris venue se mettre d’elle même entre ses griffes. ❝victoire ? c’est ça, ton nom ? faciès semble tordu dans une moue en pleine réflexion. ❝non, c’est pas ça. attends attends ! me dis rien. ça a un rapport avec l’honneur, non ? et il ne peut s’empêcher de rire. meute suit le mouvement, rient à leur tour pour accompagner les propos honnêtement pas si marrant que ça.

son buste se penche légèrement en avant, son regard ne s’est posé qu’une fraction de seconde sur la main disparue sous le manteau. ❝qu’est-ce que tu m’veux, morveux ? il ne le lâche pas des yeux. il a faim, saturne. mais il ne pourrait que s’amuser avec honoré. pas même s’en nourrir. triste vie. ❝me dis pas que t’es venu prendre ta revanche ? là ? au milieu de toutes ces pauvres créatures ? son rire est de nouveau bruyant, fort alors qu’il s’enfonce de nouveau dans son fauteuil. ❝fais pas c’te tête. on dirait que t’as un balais dans l’cul. tu veux peut-être qu’on t’aide à l’enlever ? et il écarquille les yeux, semble soudainement choqué. ❝oh non, j’ai compris! depuis notre première rencontre, tu penses sans arrêt à moi, c’est ça? j’suis ton genre, mon mignon? ricanement lui échappe avant qu’une de ses mains ne quitte la table, chassant l’air face à lui. et par la même occasion, il l’espère, le regen qui le dérange. ❝allez, dégage. va jouer ailleurs avec tes copains. m’oblige pas à m’lever. doigts se referment sur son verre de whisky qu’il porte à ses lèvres, sans lâcher honoré des yeux.

melodiam
tw: langage fleuri
il le voit, le sent. l’homme face à lui cherche à se contenir. et il y arrive plutôt bien. sourire toujours aux lèvres du vesperis, sa main quitte les airs pour revenir contre la table. ❝ho-no-ré. il articule le prénom d’une voix rauque, bestiale. il emprisonne le regard du chien de garde dans le sien. osera-t-il dévier les yeux ? ❝crois-tu que me nommer ainsi me blesse ? et il rigole, saturne. fort, bruyant.

il la voit, cette main qui s’accroche à l’arme. c’est discret, et pourtant saturne se demande si c’est là un acte pour permettre au regen de rester ancré dans la réalité. ❝t’aurais pu t’arrêter à “jouir”, ça aurait été plus agréable pour tout le monde. il secoue la tête, semble peiné. ❝mais non ! il faut toujours que vous cassiez l’ambiance, vous autres. ses doigts recommencent à tapoter lentement sur le bois de la table avant de venir caresser le verre épais qui contient son whisky.

❝en voilà des vilains mots dans une si jolie bouche. c’est dommage. il porte le verre à ses lèvres, et avant d’avaler une gorgée, l’éloigne un instant de sa bouche. sourire taquin. ❝des menaces, des menaces. si je me souviens bien pourtant, tu n’étais guère plus fort qu’un enfant à notre première rencontre, honoré. articule avec trop de provocation le prénom du regen. saturne joue avec le feu. et il n’a pas peur de se brûler.

nouveau rire lui échappe. ❝allons, du calme roméo. même en tant que paillasson, je ne veux pas de ton espèce. il termine son verre, lèche du bout de la langue la dernière goute trop foncée pour n’être que du simple whisky. ❝oui honoré. nous sommes les vilains et cruels monstres. et il se lève.

le geste est lent. théâtral. son immense silhouette et sa carrure trop large impose tout de suite un brin de silence autour de lui. on se retourne, le scrute, avant que chacun.e ne retourne à ses occupations. il contourne la table et vient proche, très proche d’honoré. peut-être même assez pour que le regen puisse agir sans que personne ne voit rien. mais oserait-il ?

sa main se referme contre la nuque du regen. le tire à lui pour venir murmurer au creux de son oreille. ❝que vas-tu faire, regen ? tu vas essayer de me tuer, là ? maintenant ? qui deviendrait le monstre de nous deux si tu essaies de m’atteindre alors que tant d’humains sont autour de nous ? n’as-tu pas peur que l’odeur de mon sang réveille mes chiens affamés ? et ils grondent, derrière. toujours assis, prêts à bondir au moindre geste de saturne. et sa langue froide vient lécher le cartilage de l’oreille d’honoré, un rire étouffé et mauvais mourant tout contre sa peau.