Loin des rayons de l’astre assassin, Isabella sirote un café brûlant. En ces lieux, Thalia n’est qu’un mythe, une légende ayant créé Isabella qui, en ce moment même, savoure son breuvage comme un étudiant banal. Tu n’es qu’une simple élève fantôme de Miskatonic, en revêts les traits, feuilletant les pages de ton livre, des écrits en grec ancien et latin sur la table d’un charmant café.
La nuit noire commence à colorer le ciel, sillonne des sourires furtifs sur ton visage alors que les lieux se vident.

Ils sont peu nombreux, après tout, à préférer la caféine le soir plutôt qu’à l’aube.
Tu trouves qu’il ne manque que quelques gouttes de sang.
Pourtant, un visage familier revient toujours lorsque la lune apparaît.

Tu poses un regard paresseux sur sa silhouette, accorde un rictus poli en posant ton ouvrage. Une dame qui s’accompagne de la prestance des plus mûrs, et les circonstances ont choisi que cet endroit serait votre bulle privilégiée.

— Eh bien décidément, comme chaque mercredi soir vous êtes là. Et comme chaque mercredi soir, il n’y a que nous.

Tu étouffes un ricanement éraillé dans ta gorge.

— Cela dit, ça fait plaisir de voir quelqu’un d’autre apprécier un bon café en fin de journée. Et je vous comprends, celui d’ici est délicieux.

Un sourire du serveur, satisfait des mensonges prononcés. Tu rirais de sa naïveté, n’ayant qu’emprunté les opinions de ceux qui savent encore apprécier cette boisson. Les coudes posés sur la table, tes doigts tournent la cuillère dans le breuvage fumant sans la quitter du regard.

— Il n’y a rien de plus relaxant. Mais peut-être que vous aussi vous cherchez juste un peu de repos en ces temps difficiles ? Enfin bref, comment vous allez aujourd’hui ?

Une mascarade jusqu’au bout des doigts, jusqu’au timbre de ta voix.