Icare aux ailes birsées

feat. groupe 1

Heureusement que sa coque RinoShield avait protégé son smartphone de la chute. Ansel note mentalement d'en faire une story à l'occasion, quand la situation serait moins dramatique. Du reste, sa première réaction fut de bousiller les yeux de tout le monde en allumant la lampe torche de son téléphone, un sourire crispé sur son visage recouvert de piercing. Sourire en toute occasion, comme un masque de Venise pour ne point perdre de sa superbe. Mais aussi pour se rassurer. Ansel remue, bouge, son dos se cogne contre le mur et il s'en écarte aussitôt. Au sentiment de stress s'ajoute celui de la perte de contrôle - elle est là, tout au fond de lui, et elle a faim. Elle hurle et Ansel se racle la gorge pour ne rien montrer. Il lutte.

Pourtant, une petite voix se glisse dans sa tête, et lui assure que c'est bien cette ville qui excite autant la Bête depuis des années. Il y a la peur camouflée sous le gel, qui s'immisce. Être seul avec la Bête : il n'est pas sûr de survivre s'il la laissait s'exprimer une troisième fois.

Il est trop concentré sur elle pour donner du crédit aux autres, jusqu'à ce que sa lampe éclaire une arme. Ah bien sûr. Mais c'était sûr en fait ! Regeneratio. Ses ennemis de toujours. Ansel ne sait guère ce qui est pire : se retrouver enfermé, à deux doigts d'avoir la Bête qui explose, ou être avec deux d'entre eux. Il les reconnait, ils ont la prestance de leur rang, ce petit je-ne-sais-quoi de pur et de vertueux qui les rend insupportables. Mais il y a l'humain, dont il ne voit pas bien les traits.

Un instant, il s'imagine fondre sur eux. Se venger.

Un autre, Ansel inspire, le sourire se fait plus grand. Une rentrée en scène, tandis qu'il jette un coup d'œil à Balthazar.

« Personne n'est blessé ? »

Ansel pense à plaisanter sur le fait qu'il aurait préféré se retrouver enfermé avec de jolies filles, mais ça ne vient pas. Ce n'est peut-être pas le bon moment pour faire le pitre.

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Feat : Haoran & Ansel & Balthazar & Léandre

Icare Aux Ailes Brisées

Rp Event – Ah ouai, on n’est pas dans la mouise à c’qui paraît…

Son esprit happé par ses pensées virevoltantes, le chant du Chœur l’avait saisi au plus profond de son être, en un élan d’apaisement et de joie pure roulant dans ses veines comme un souffle qu’aucune chair ne pouvait ni arrêter ni contenir.
Puis son sourire béat s’était fané, son corps avait cessé d’osciller sur les voix pour épouser le grondement de la terre, ressemblant à un pantin désarticulé.
Ce fut si rapide, la chute si soudaine, que le cri de Will resta muet, coincé dans sa gorge.
Le temps d’un instant, tout devint noir, même son cerveau ne sembla plus capable de penser, un instant seulement, avant que la douleur n’éclate dans chaque fibre de ses muscles et qu’il ne lâche un sifflement de souffrance.

« Ouh… ! »

Il se redressa, se palpa dans une pensée réflexe de « ai-je quelque chose de cassé ? Comment vais-je ouvrir le magasin demain ? » avant de se remettre sur ses pieds et d’épousseter ses vêtements.
L’esprit encore tout chamboulé, il éprouva un soulagement confus en se souvenant qu’il avait laissé Momo – son chien – garder l’appartement et que son fidèle compagnon ne se trouvait pas là, enseveli quelque part pour l’éternité.
Puis ce fut la réalisation, l’odeur ignoble qui hantait les lieux et le prit à la gorge, l’obligeant à un pas chancelant sur le côté, s’appuyant sur la paroi proche, retenant à grand-peine un haut-le-cœur au goût infect de bile.
La lumière, trop vive dans cet endroit trop sombre, l’éblouit un instant. Une voix résonna non loin de lui, puis une autre un peu plus loin, prises de conscience de ne pas être seul ici.

« Ca pourrait être pire, je vous remercie… Ouh ! Quelle odeur immonde et… Oh ! »

Oui, William pouvait être un peu long à la détente. Quittant son appui, il s’agenouilla pour effleurer une pierre du bout des doigts, réveillant quelque chose au fond de lui.
Un sourire fleurit sur ses lèvres et dans ce contact familier, la situation ne lui sembla finalement pas aussi terrible qu’au premier abord.
Ignorant totalement les tensions vibrant dans l’air et le combat inéluctable qui semblait devoir s’engager.

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Icare aux ailes birsées

feat. groupe 1

Il se souvient, Ansel.
De toutes ces années volées, de sa confiance et de son honneur bafoué.

De sa rage et de ses mains autour du crâne d'Estienne. Des batailles ravalées par les orages, et de la mélancolie. Des plaies béantes dans sa poitrine, et des sourires et des pitreries pour cacher la peine. Des fêtes pour maintenir l'illusion de sa jeunesse passée.

Reste en sa mémoire, malgré les décennies et les siècles, le souvenir de celui ou de celle qu'il a aimée. De sa compagne de vie, ou de son compagnon d'armes. De la non-vie qui le ou la quitte, et de la Bête hurlante.

Comme maintenant.

Ah. Tiens-toi tranquille.

La vengeance serait douce. Pourtant, cela ne lui ramènera jamais Catherine. Ansel en a conscience, et Ansel songe dans sa placide solitude que ce sera peut-être la fin. Son regard glisse sur l'humain et la pierre, Ansel laisse le loisir à Balthazar de prendre pour lui. Qu'il s'éloigne, attire à sa place l'attention, et lui permet de soupirer en silence. Qu'il l'attire loin de cette violence qui gronde et qui rage (faible ?)

Ne reste que le sentiment inconfortable, la prise de conscience que cette nuit pourrait être la dernière. Il lève la tête, cherche des réponses dans l'obscurité. Il sait qu'il pourrait tout risquer pour se venger, mais le pari est trop risqué. Il ne craint pas Regeneratio, et si Balthazar et lui venaient à rester cloitrés ici un moment, l'humain serait leur moyen de survie - alors autant se montrer conciliant avec lui, et Ansel le couve du regard.

Non. Ce n'est pas ces deux pseudos chevaliers qui l'arrêtent.

C'est cet endroit, la confirmation qu'Arkham fait gronder la Bête d'autant plus fort. Et la crainte, mince et soudaine, de ne pas revenir à la surface. Combattre, oui, mais ce serait un nouvel abandon. Parce qu'il ne peut pas se permettre de mourir.

Et pourtant...

Il y a Javier à protéger, et son enfant, et Zwei. Ah. Zwei.

(Dis)
(S'il ne revenait pas)
(Protégerais-tu sa raison de vivre jusqu'à la fin des temps ?)

Cette hésitation ne dure pas. Ansel bute dans une pierre, son dos heurte encore un mur. On peut l'entendre râler, maudire ses talonnettes de trois centimètres. Il secoue son pied, et il profite de cette occasion pour fermer la marche.

Il se racle la gorge.

Il y a un petit rire, et une énergie dans sa voix qui s'exprime :

« Attendez-moi... vous marchez vite. Hum... N'empêche, imaginez, si on tombait sur des... ZOMBIES ? Oh d'ailleurs, personne ne s'est présenté. Je reconnais que ce n'est pas le meilleur endroit pour se retrouver enfermés avec des inconnus, mais euh... à choisir, j'aimerais savoir avec qui je pourrais éventuellement mourir. Mh... ça ferait une super story pour Unstagram, et... »

Ranger les mains dans ses poches, remonter le col de sa veste, se plaindre du froid entre deux pitreries.

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Feat : Haoran & Ansel & Balthazar & Léandre

Icare Aux Ailes Brisées

Rp Event – Ah ouai, on n’est pas dans la mouise à c’qui paraît…

Une poigne vigoureuse se saisit de lui pour le remettre sur pied, ses doigts se refermant par réflexe sur un petit bout de pierre. Ses arêtes étaient saillantes et son contact avait quelque chose de rassurant, aussi ne râla-t-il pas devant les réprimandes.
Pour l’instant, il était vivant, et les mystères et autres bizarreries de la situation le laissaient relativement froid. Il ne savait pas qui étaient ses compagnons d’infortune, à peine avait-il aperçu leur visage dans le flash agressif du téléphone de l’un d’eux mais au fond, ça lui était égal : ils s’en sortiraient.
Après tout, Will était trop jeune pour mourir.
Non ?

Le groupe se mit en marche et l’odeur de charnier qui lui donnait la nausée s’estompa un peu. Sans vraiment faire attention où il mettait les pieds, il observait à la lueur de son propre téléphone le caillou dans sa paume qui semblait être devenue visqueuse.
Etrange phénomène, la pierre pleurait-elle d’être séparée des autres ? Le liquide était sombre, plus proche de la couleur du sang que de celle des larmes mais pour un homme de la terre, un être minéral ne pouvait pleurer que de la terre.

« Ah oui bonne idée ! Moi c’est William, mais vous pouvez m’appeler Will ! On a de la chance quand même qu’aucun de nous ne soit blessé ! »

La voix d’Ansel l’avait tiré de son observation, relevant son regard il lui semblait avoir croisé le sien et dans toute la simplicité de son habitude, l’humain lui avait offert un sourire, avant que la pierre ne se rappelle à lui.
Alors, comme un gamin qui ne peut pas s’empêcher de mettre ses doigts pleins de sable à sa bouche, il y porta la pierre, effleurant sa surface rugueuse de ses lèvres, comme il aurait embrassé les cheveux de sa sœur pour lui communiquer sa compassion et son soutien.
Puis, une interrogation fugace passa dans son esprit, son regard figé sur la silhouette massive de Balthazar devant lui : n’y avait-il pas comme une tension dans l’air ?

« Arrête ! Les zombies ça ne peut pas vraiment exister pour de vrai ! Ce serait trop glauque ! Imagine qu’on se tape une invasion de loup-garous et de vampires aussi ! On aurait l’air fin !
Oh tu as dit Unstagram ? Trop cool ! C’est quoi ton pseudo ? Tu partages quoi sur ton fil ? Ah bah zut, j’ai pas de réseau ici…»

Le téléphone levé en l’air pour essayer de capter quelque chose, la pierre à un souffle de ses lèvres, et sa voix qui résonnait dans la mine d’un air enjoué… La gravité de la situation semblait totalement lui échapper.

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Icare aux ailes birsées

feat. groupe 1

C'est plus simple de prendre la situation pour une aventure. Une fois, Ansel avait regardé une série sur une bande d'adolescents jouant à Donjon et Dragon, jusqu'à ce que l'univers fantasy du jeu les rattrape dans la réalité. C'est peut-être absurde pour une créature telle que lui de s'amuser de l'imagination des humains, en ressentir une forme de sympathie paternelle, mais cela lui avait permis de s'échapper un peu du quotidien millénaire . Alors il ignore volontairement les deux Regeneratio ayant décidé de faire la tête, et il s'apprête à prendre une autre photo. Au moment où il lève le bras, il ajoute pour William :

« Moi ? C'est juste Et... »

La photo sera floue.

Aussitôt, Ansel doit se retourner. Le cri le pousse à se boucher une oreille, et sa petite aventure fantasmée, bâtie pour éviter de se laisser dévorer de l'intérieur par la Bête, la voilà qui vole en éclats. Il reste immobile, son regard suivant les silhouettes devant lui, tandis qu'il aperçoit au loin un vesperi inconnu courant vers eux.

En neuf cents ans d'existence — plus exactement 898 —, ce n'est point une chose qu'il a déjà pu voir. Il essaye de se concentrer pour déterminer le rang et la famille de la victime, mais son esprit s'arrête sur la terre qui l'avale et le broie.

Si son cœur battait encore, Ansel le sait ; il exploserait dans sa poitrine. Un flot d'informations le submerge, et lui, fébrile, pense à plusieurs choses. Arkham n'est clairement pas une ville champêtre, témoin de la famille nucléaire. Plus il réfléchit, plus il a la sensation que l'effondrement n'est pas un accident. C'est la ville. Le réveil plus violent de la Bête le lui confirme, et il serre les dents de toutes ses forces pour lutter. C'est la ville même, qui se nourrit.
(La curiosité le tuera)

Non. C'est la terreur qui parle.

Il doit protéger Balthazar, et l'humain — Regeneratio représentera toujours un danger. Et seul, il sait qu'il ne pourra pas faire face à ces deux-là, tout en gérant la chose au fond. Et d'où vient le rire ? Et si la ville entière était le danger ? Et Javier ? Est-il seulement en sécurité là où il est ?

La Bête. Seul avec la Bête, et coincé ici.

Et il y a le gamin avec sa pierre bizarre. Ansel peste entre ses dents, avale la distance qui le sépare de William. Il lui agrippe l'épaule sans le bouger, et cherche Balthazar du regard. Au final, c'est au groupe entier qu'il s'adresse d'une grosse voix grave :

« Repliez-vous ! »

Il serre peut-être trop fort. La Bête gronde de plus en plus fort, la peur et la rage s'entremêlent, une danse dans le fond des entrailles qu'il n'est pas sûr de parvenir à suivre. Il lutte pour ne pas écouter ses hurlements, mais sa poigne tremble. Ne reste qu'une vieille chanson de geste dont il se souvient des quatre premiers vers qu'il se répète dans sa tête pour s'accrocher (Idoine).

Ah. Dame Materia, sans épée et sans bouclier, comment peut-il espérer être encore chevalier dans cette bataille ?

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Feat : Haoran & Ansel & Balthazar & Léandre

Icare Aux Ailes Brisées

Rp Event – Ah ouai, on n’est pas dans la mouise à c’qui paraît…

En temps normal, Léandre lui aurait tapé sur les nerfs avec ses sermons à deux balles qui sonnaient comme des ordres à ses oreilles plus que comme des conseils. Non mais c’était vrai ça, au fond, il se prenait pour qui ?! Tout ça parce qu’il était juste un peu plus vieux que le reste d’entre eux !
Mais pour ça, il aurait fallu que William soit totalement présent avec eux. Car au fond de son être résonnait une autre voix, s’exprimaient d’autres envies.
Sur ces lèvres, la pierre avait laissé un goût sucré qui lui rappelait des souvenirs doux et chaleureux de son enfance, de ces temps paisibles où sa vie et tout son monde se résumait à la ferme familiale et aux jeux enfantins qu’il partageait avec ses sœurs.
A ces conneries de gamin qu’iels faisaient lorsqu’iels étaient ensemble.
A ces bonbons qu’iels volaient régulièrement à la supérette du coin. Oui ! C’était ça ! Ce goût de sucre, c’était le même que ces bonbons !

Au loin se déroulait la scène irréelle, cette pauvre personne engloutie par le sol de la mine. Au loin, en arrière-plan de sa conscience, il y avait ce rire abominablement affreux. Will aurait dû avoir peur, il aurait dû trembler de tout son être. Sa vessie aurait dû céder devant l’effroi total qu’il aurait dû ressentir.
Mais c’était loin, très loin, trop loin.
Pour Will, il n’y avait que le doux bourdonnement de la pierre comme le ronronnement de son chat. Et la saveur sucrée, l’attirance irrésistible de la gourmandise entre ses doigts.
Et au moment où Ansel posait sa main sur son épaule, la main de Will retomba le long de son corps, sa paume vide encore poisseuse des sucs de l’étrange minéral.
Et la pierre, elle, avait franchi la barrière de ses lèvres pour mieux rouler sur sa langue, envahissant sa bouche de sa saveur sublime avant d’être avalée d’un simple geste, instinctif, mécanique.

La poigne était brutale, douloureuse et parvint momentanément à le sortir de son étrange transe. Ses yeux papillonnèrent alors qu’il exprimait sa stupeur par quelques onomatopées :

« Hein ? Quoi ?! »

Puis l’ambiance, l’angoisse, l’horreur, tout ça lui sauta à la gorge. Sans comprendre comment ni pourquoi, le voilà hissé sur le dos d’Haoran comme une princesse en détresse.
Un peu étourdi, pour ne pas dire carrément paumé, le pauvre William s’accrocha donc à la première chose proche de lui : La main d’Ansel, que le Regeneratio avait vainement tenté de chasser. Et de l’autre, il fut bien obligé de se cramponner à Haoran, serrant les cuisses à lui en broyer les côtes ! Comme un cheval de rodéo lancé au triple galop pour se débarrasser de son cavalier, l’air putride de la mine lui fouettait le visage et dans d’autres circonstances la vitesse aurait pu être grisante.
C’était étrange. C’était fabuleux. C’était merveilleux.
C’ETAIT CARREMENT FLIPPANT OUI !
Et l’esprit préoccupé par mille questions, il ne prit pas garde aux sensations étranges, dérangeantes, qui s’agitaient dans son corps.

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