Post-Réunion Vesperis :: nuit :: Opéra de ManincorA FATE
THAT BEFELL ME— Eirian & LorenI knew it from the first look of
The look of mischief in your eyes
Your friends are a fate that befell me
Head is the talking type
I'd suffer Hell if you'd tell me
What you'd do to me tonight
Tell me
Tell me
Tell me, Ah.
That's the kind of love
I've been dreaming of
That's the kind of love

Le regard lointain, posture droite, inaccessible reine perdue dans le tourbillon incessant de ses pensées, où peu pourraient décemment aller la déloger. Les yeux rivés autant vers le présent dont la ministre devait se soucier avec priorité pour son clan, que vers le futur se faisant de plus en plus incertain à cause de ses grands échecs qui entachaient occasionnellement les pavés de ses petites victoires qu'elle voudrait pour eux.

Eirian avait bien sûr entendus ces récentes rumeurs qui couraient autour d'elle, ces échos qui se murmuraient au sein de la cour, concernant l'affront qu'elle aurait causer -malgré elle- au prince, en partant précipitamment de la réunion après le Funerus et le Carnis.

Elle se rendait bien compte à postériori, combien elle avait été indélicate et avait manquée à toute bienséance.
Mais le mal était d'ores et déjà fait, elle avait été sotte, déboussolée sur l'instant de tout forme de repères, affaiblie par de curieuses voix et visions qui l'avaient marquée, elle avait préférée prendre la fuite sans demander son reste. Ce fut sa principale erreur.

Des excuses en bonne et due forme ne devrait pas tardées à avoir lieu auprès de la couronne, elle le savait, elle s'y plierai pour montrer patte blanche mais il fallait encore laisser le temps que les choses se tassent un peu, surtout au vue de la grande menace qui planait sur l'entièreté de la cour.

Bizarrement, sa plus grande source d'angoisse dans cette histoire était plus tournée vers ses maîtres chanteurs, ces maudits corbeaux dont elle n'avait aucune nouvelle depuis bien des lunes mais dont les rumeurs allaient tôt ou tard les amener à se remettre en activité, simple intuition féminine.

Mais pour l'heure, elle préférait enfouir toutes ces terribles pensées, il était bientôt l'heure de reprendre le travail en traitant un dossier des plus délicat, dont elle devait reprendre la charge.

Le rendez-vous avait été donnée dans un lieu un peu plus isolée de l'habituelle Cour, elle était arrivée la première. Fabuleuse bonne nouvelle pour cette éternelle traînarde.

L'Opéra De Manincor.

Revenir en ce lieu chargée de souvenirs, lui avait semblée être comme une évidence. Tout autant pour se ressourcer que pour prendre enfin le temps d'assouvir une vieille revanche personnelle de plusieurs décennies, qu'elle avait longtemps dû négliger à cause de ses responsabilités.

Prenant place dans une luxueuse loge qu'elle-même connaissait que trop bien, elle semblait comme extatique en franchissant le palier de la porte, elle ne pouvait pas s'empêcher de laisser sa main gauche parcourir les murs et rembardes dans son propre sillage, comme dans une longue caresse jusqu'à trouver son point d'accroche vers un fauteuil dignement présentée, fixé en direction de la scène.

Aussitôt arrivée, elle fut arrêtée dans sa future action, elle était pourtant prête à prendre place, son corps semblait hésité un court instant, comme si ça lui était encore trop dur intérieurement.

Des bribes d'un mauvais rêve s'entremêlant par dessus la réalité, comme si elle semblait percevoir encore l'ombre de l'ancien ministre Vanitas désormais disparu, s'adossant pleinement contre le dossier, bien trop occupée à la contemplation des arts humains pour lui adresser le moindre regard, il semblait toutefois contrarié, la rabaissant comme il avait tant l'habitude.

Elle sentit soudainement alors une main l'étouffait, la face bouffie de son agresseur à quelques centimètres de son propre visage, la rage, la colère, la culpabilité, la jalousie, la folie, le poids de cette main se resserrant de plus en plus, l'accusant de lui avoir voler son poste, d'être resté cette même incapable. A ses yeux, une simple G6 n'aurait jamais pu prétendre à la moindre responsabilité de cette taille, elle n'était qu'une imposture.

[Ce n'est pas réel, ressaisis-toi]

L'instant d'après, plus rien, elle portait naturellement sa main dominante vers sa tête, et l'autre sur son cou, essoufflée, elle prit un léger moment pour s'en remettre, elle n'arrivait pas à expliquer ce qu'il lui était à nouveau arriver, mais ça semblait bien différente de la dernière fois. Etais-ce simplement la fatigue, le stress... Ou bien sans doute cette même culpabilité intérieur qu'elle cherchait à refouler depuis sa prise de poste, qui avait bien choisi son moment pour s'illustrer.  

La belle reprit finalement le dessus, la faisant finalement s'exécuter sans le moindre remords dans sa tâche, après tout, cette place était désormais sienne. Il n'était plus là, disparu sans laisser de traces, fantôme d'un passé désormais révoqué qui avait pourtant laisser bien des traces dans la psyché de la vénus vesperienne.

C'était son moment, son bonheur, elle ne devait pas laisser tout ça l'anéantir.

Prenant place majestueusement sur un "trône" qui n'était jusqu'alors pas le sien - dont elle avait longtemps jalousée son prédécesseur en ce lieu, à cette place dont elle rêvait contempler la simple vue, lorsqu'elle était encore qu'une simple ombre à son service- elle savourait alors ce moment suspendue tout autant à d'autres plus joyeux souvenirs qu'à son balcon, dans l'attente de l'arrivée de son invité.

Eirian l'avait convié à la rejoindre dans ce lieu des plus unique, un choix audacieux à bien des titres, toutefois mûrement réfléchi. Dans son invitation, elle s'était bien gardée de dévoiler toutes explications officielles, sur le moment, simplement qu'ils devaient avoir une certaine discussion ensemble.

Un large sourire de satisfaction semblait s'ancrer doucement sur les douces lippes de la Vanitas alors que son dos épousait pleinement le dossier de son fauteuil, d'un bois bien plus ancien et vénérable qu'elle, teinté d'un noir de jais et d'un velours capitonné de couleur carmin.

L'ensemble des couleurs mettait grandement en valeur la tenue du jour de la ministre. Elle avait troqué sa fidèle robe rouge tant caractéristique pour une autre, de couleur nacre sur la partie supérieur, un jupon d'un noir profond pour la partie inférieur, laissant transparaître en son centre, le rouge couleur vin de son soutien-gorge qui partageait fidèlement la teinte avec celle de ses gants et de ses talons aiguilles. Tout autant choisie avec soin dans des tissus et matériaux nobles comme à son habitude.

Puis soudainement, scrutant par delà son épaule vers l'entrée de sa loge, la blonde entendait l'écho des bruits de pas qui se faisait multiples, au seuil de sa porte.
Cela faisait déjà de longues minutes qu'elle attendait que Loren ose franchir le pas, elle croisait alors les bras, légèrement agacée par sa manifeste indécision. Malgré que la ministre savait être patiente et compréhensive d'ordinaire, le stress communicatif de son invité eut raison d'elle pendant quelques instants.

Quand iel prit la peine de toquer et de la saluer, toute forme d'animosité chez la ministre semblait alors disparaitre au profit d'un tendre sourire maternelle, Eirian prit la peine de se lever de son fauteuil pour lui faire pleinement face, tirant sa robe dans une légère révérence pour se présenter à son tour, d'une voix douce, elle articulait :

– Bonsoir, je t'attendais mon enfant. Même si tu connais mon statut, c'est la première fois qu'on se rencontre alors autant faire les choses correctement. Permets-moi de me présenter à mon tour, je suis Eirian Valentýna Ashford. Le plaisir est tout autant partagée, sache-le.

Immédiatement après avoir fini, elle faisait se joindre ses deux mains entre elle, les tournant doucement en oblique, examinant attentivement de la tête aux pied son invité, d'un air amusée.

– J'imagine que tu te doutes pourquoi je t'ai convoqué ici, n'est-ce pas ? Toutefois, avant d'émettre le moindre jugement, je préférerais l'entendre de ta bouche, avec tes propres mots. Tu comprends, je suis une personne très curieuse, si tu vois ce que je veux dire.

Soutenant son regard, elle s'approchait lentement de Loren, avant de lui chuchoter dans l'oreille, tout en lui caressant la joue au même moment.

– Et ne t'en fais pas, déstresse, je suis avant tout une grande fan de ta musique. Ici personne pourra nous déranger ni nous entendre. J'ai tout mon temps pour qu'on puisse faire plus amples connaissance.

Eirian savait comment mener sa barque pour paraître douce et réconfortante, elle mit un peu plus de distance physiquement entre eux de quelques pas, l'écoutant avec une certaine attention alors qu'elle semblait retourner à son fauteuil.

La balle était désormais entre les mains de notre cher Loren.

CIARAN