Paisible est la nuit,
Le bruissement de la forêt,
Le souffle de Zéphir sur la surface noire du lac.

Pasiphae, usée par les rumeurs de la ville et les flatteries de la cour, retrouve avec félicité la fraîcheur du sable sous ses pieds nus. Elle avait délaissé ses atours, défait ses bijoux et les parures de sa coiffure à l’intérieur. Là, sous le halo pâle d’un croissant de lune rieur, elle est l’essence d’elle-même. Ses yeux clos un instant – la voilà sous la brise écossaise de sa petite île. Le phare penche son ombre derrière elle, et le lac est une mer féroce où les marins inquiets guettaient l’apparition des moruadh au creux des vagues.

Il n’en est rien.
Le lac est immobile, et rien ne saurait troubler la nuit. Rien – si, un froissement. Ses cils battent vers l’entrée de la crique, l’œil furieux d’abord puis aussitôt apaisé. Tendre est son geste, lorsqu’elle lève le bras en sa direction : une invitation à la rejoindre. Là, près d’elle.
— Viens.
Ses lèvres s’étendent, son rire carillonne dans la nuit. Au creux de ses pupilles, les étoiles dansent en rythme.
— Je me languissais de toi.