et porte-lui les fleurs. la bague. les perles. ce parfum marketé pour notre prochain spectacle ; un printemps sur scène. elle aime le vetiver, c’est pour elle.

n’a pas regardé le show, son patron en sera dévasté. sans doute. il lui a demandé un compte-rendu. à défaut de ne pouvoir y assister. et il faudra qu’on lui explique la raison pour laquelle c’est à lui de s’y rendre. tu passeras inaperçu avec ton attitude de snob, qu’il a dit, le patron.

et le snob, donc ; passer outre les performances. il adorerait les regarder. pas ce soir. son cou porte encore un bandage, l’entaille du carnis peu à peu guérit. son épaule lancine, avoir prévu un film dépourvu d’existences parasites. le voilà pourtant assis dans les loges. attendre, fu shen. qu’on ignore qui. s’être présenté ici tel qu’indiqué – les loges fu shen tu vas dans les loges et tu dis que tu viens en mon nom n’oublie pas les loges – oui oui – et le coude appuyé sur la table. dos au miroir où les lumières agressent les yeux. pincer l’arête du nez de sa main où le pansement ceinture sa paume. soupirer.

entendre la porte s’ouvrir. ta voix.

ah.

hausser un sourcil, fu shen. ses yeux coulés vers toi. ton sourire.

peut pas. réunion de dernière minute.

souffler le rire. narquois.

si tu me dis que t’as joué du eschyle sur cette scène ce soir ; j’veux bien croire en tes charmes. c’est pour toi.

pivoter sur le tabouret. se saisir du bouquet qu’on te tend. tous les présents devant le miroir, trop opulents. le patron a exagéré, oui.

j’suis dévasté pour lui.

écarquiller les yeux. imiter la tragédie. c’est infime. déposer les fleurs. elle a ses boucles qui balancent, détourent ses joues. son peignoir pour laisser paraître corset et dentelle. c’est peut-être toi, et tant d’autres, qui ont inspiré un jour ces numéros de cabaret. un burlesque façon cirque où on se souvient des paillettes qui ont orné les yeux le torse. faire scintiller les voltiges.

couler ses iris vers les présents. nonchalance. poser à nouveau son coude en dessous du miroir.

tu peux t’imaginer que ça vient de moi. je t’ai tendu les fleurs. j’verrai pour ton père plus tard quand j’aurai passé l’étape de l’amant.

incliner la tête, sourire en coin. ça fait plaisir meryem, c’est rien. dit l’attitude. le temps d'une seconde. retrouver ses yeux trou noir ; l'ennui. la laisser lire le mot, savoir son patron plutôt lyrique. ignorer la question qu’il s’apprête à se lever. sa tâche ici est accomplie, fu shen ; l’idée de son film toujours. que cette jambe pour s’étendre le fait arquer un sourcil. te détailler, platitude fourrée au-dedans.

ah. vraiment.

c’est vrai que les parures burlesques comme des offrandes. magnifier tes courbes et cette bouche moqueuse. calligraphiée pour plaire, dis.

ses lèvres s’étirent. sourire en coin. des doigts pour se poser sur le cuir, viennent glisser avec l’aisance des amants, précisément. semblent connaître le territoire, fu shen avoir les yeux rivés au fond des tiens. défiants. l’arrogance désinvolte. et les doigts courent s’alanguissent vers ta cuisse. remonter, entre le pouce et l’index trouver la fermeture éclair. si fine. élégante.

lili st. cyr ou dita von teese

en terme de performance. c’est qu’il l’a manquée. tu ressembles beaucoup à la seconde. ramener les doigts vers soi. sentir contre ta jambe la fermeture soupirer. libérer la peau.

à travers sa paume l’entaille pour pincer. tandis que la main s’affaire.

ou peut-être tu te tentes à révolutionner le genre.

j’ignorais qu’on avait une affaire.

écouter, pourtant. attentif. que ces mots l’ennuient moins. le rejoignent dans le plaisir des variations. il y a un art en franchise. dans la performance du corps. en retirer le superficiel des clichés. connaître les muscles, la sensibilité des fléchissements sous une brise imaginaire ou la courbe d’une main raffinée. la surprésence du cœur quand il faut le faire danser entre le ciel et la terre, dans le vide des cordes trapézistes. danser sous les yeux et offrir l’aisance d’une langueur amoureuse que les muscles s’électrisent

quand les jambes détourent l’espace pour faire rêver. peut-être alors faudrait-il mieux regarder. la prochaine fois.

le collier clinque un peu. le son cristallin indique la pureté du joyau. retirer la botte. c’est délicat quand il la dépose au sol. comme une évidence. on le dirait presque fait pour toi. sourire en coin.

si tu te pares de ces perles au cou, ajoute quelques diamants à la cheville. de l’or aux poignets. les clichés d’opulence fonctionnent toujours à ces endroits.

incliner la tête. malice. l’autre jambe et les doigts pour parcourir le territoire. effleurer vers la cuisse pour libérer la fermeture éclair.

et ça équilibrerait l’œil.

rendrait le corps de chair scintillant. le patron en serait ravi. te détailler dans ses yeux de nuit l’intérêt artistique.

tu l’as dit plutôt. je suis le livreur. une amie présente son numéro

sentir contre son menton ton geste.
yeux de nuit cligner ; tête franche, des mèches pour glisser près de la ligne rouge sous les cils.

dans une heure. le patron a insisté, donc.

sentir tes doigts tandis que la bouche articule. provocante. et les iris ne te quittent pas. fichés au fond de ton regard. et tu dis et ça brûle tes lèvres les siennes où la pulpe s’étire, amusée. arrogante. est-ce que ta vie entière est une performance ? alors,

fu shen ; sa voix grave pour se faire railleuse. coulante.

madame est capricieuse. faut-il tout faire pour sa majesté ?

félin, quand le corps se penche. s’alanguit plus près et les iris de nuit, traqueur ; étudier. ce visage défiant les lumières le font scintiller d’une clarté presque divine. on peut comprendre l’engouement – le ressent-on, ressent-on quoi que ce soit, fu shen

avec ce sourire plaqué comme une violente désinvolture. quand les doigts remontent ancrer à travers la paume les courbes de ton corps. que l’autre main repose dans le vide, coude appuyé sur la vanité. des mèches pour glisser davantage le long de l’oreille quand il tend le cou, dévorer la distance

te regarder toujours. avaler la défiance.
trouver sur tes hanches le parchemin d’une peau parfumée. remonter provoquer le corsage. le long de tes côtes, effleurer sous le galbe c’est le dos qu’il vient trouver.

je ne suis pas doué pour conseiller, sadly.

le lacet, entre les doigts. si simple. à travers le peignoir. glisser. tirer. contre ta peau sentir le délaçage amener la délivrance.

arquer un sourcil.
caustique.  

écarquiller les yeux. des mèches pour tomber devant le regard sidéré. vetiver et cachemire l’enroulent. elle a des lèvres pleines qui parlent l’aisance du désir. la vérité, fu shen ; ne l’a pas vu venir. t’entraînes-tu pour un numéro, c’est langoureux ; une bouche satinée et la sienne

pour répondre. soit.

et ancrer pour un temps son nom dans la courbe de ton plaisir. l’arrogance charnelle semble-t-il qu’il t’a toujours embrassé. caresser cette joue au rythme alangui du baiser. des vagues onctueuses pour épouser la pulpe de ta bouche, déposer dans la lenteur son parfum comme une évidence. et effleurer les contours de ta mâchoire des doigts pour descendre le long de ta nuque s’amuser à deviner la retenue l’attente cette langueur quand parfois c’est infime s’imposer le temps d’une seconde céder se réapproprier l’ardeur latente

elle ouvre la porte et le claquement pour rompre la cadence. couler le regard vers la nouvelle arrivante, ne recule pas, fu shen ; l’ennui nonchalant devant l’attitude de la danseuse. tranquille, traqueur

la voix grave pour te répondre. à la manière d’une banalité.

alright. il pleut.

se lever, du pouce essuyer le rouge. quitter. n’est pas trop sûr de ce qui vient d’arriver, fu shen ; pourtant la tête toujours franche, quand il attend à l’entrée. assis sur la barre de métal qui sépare la rue et le trottoir. la pluie est désormais bruine. ses yeux pour détailler la nuit. un taxi l’aveugle quand la porte claque et tourner la tête. trouver tes iris.

par là. faut je rachète du gin.

vers la gauche, geste du menton. bref. se redresser, mains dans les poches de son pantalon. la bruine pour perler le long du visage. de la chemise. c’est qu’il n’a rien endossé d’autre. et les bandages à son cou devront être changés, en rentrant.

les conseils t’ont-ils aidé quant à l'habillage ?

malice.

attraper le parapluie une fraction de seconde où l’envie de le laisser tomber, fu shen ; mais le faire tourner entre les doigts. une fois. dans la courbe du geste saisir le bouton d’action, peser ; l’objet pour se déployer. la bruine ruisselle encore et les voitures font un bruit assourdi dans les rigoles de pluie.

te laisser envahir son espace, les muscles tranquilles. le rire sardonique. cette bouche à son oreille contient encore la chaleur résiduelle sur ses lèvres. qui s’étirent, malice. ne dit rien, fu shen ; ce sont les yeux pour te détailler. le corps humide par la nuit,

la voix nonchalante quand il regarde à nouveau la route. deviner le magasin, sa destination une rue plus loin.

non. tu aurais vu une moto dans le cas contraire.

que les clés pourtant résident toujours dans la poche de son pantalon. celle où sa main libre repose. ton corps à l’opposé contraste avec la fraîcheur. les vêtements pour réchauffer. qu’il la retire, sa main, vient chercher ta bouche poser l’index. c’est délicat. railleur.

accorde-moi ce silence.

arquer un sourcil. clin d'œil. la route est courte. l’appartement à deux minutes du magasin. n’attend pas ta réponse. se mure dans son absence de mot. yeux de nuit satisfaits. rentrer dans le commerce, troisième rangée. traqueur sur son territoire. payer, rentrer.

et le temps de cette nuit, l’arrogance de te considérer comme une évidence. à ne pas te présenter la place. l’ascenseur, le troisième étage. l’infrastructure léchée de modernité, où le silence veille. le son de la porte, quand il débarre. la demeure

quand il revient chez lui. tu entres chez lui.
des murs sobres.

je me change. fais à ta guise.

à travers le salon. la cuisine. ces rares livres vieillis où tout semble avoir une place définie. indiquée. avoir pour seules présences un peu humaines une radio on se demande comment elle tient toujours. une table tournante pour sous-entendre toutes les chansons qui ont joué, à travers les égratignures qui ont épargné les mécanismes.

du reste. l’espace intemporel. impersonnel. si on ne fait que le regarder. bouteille de gin désormais sur le comptoir de la cuisine.

sa chambre ; décoller de sa peau l’humidité de sa chemise. déboutonner, une trousse de soin sur les draps. salle de bain attenante. détacher les cheveux, et sur l’épaule les griffures encore rouges. détonent parmi les cicatrices.

cogner. hmm. il s’est assis sur les draps, boucler la ceinture. garde les yeux dans le vide, concentré sur ses gestes. ah oui. tu es trempée tu dégoûtes sur le plancher. lève un sourcil comédien, fu shen ; c’est terrible meryem. la fraîcheur de l’appartement pour courir sur ses muscles,

porte une main à son cou, le long de sa nuque pour vouloir retirer les bandages
une seconde.

ton désir. traqueur dans l’espace se fige. cligner. couler enfin le regard vers toi. ses doigts sur les bandes humides, toujours. dans les iris, l’éclat. le rire sordide. acéré. tu plaisantes ? un temps. non tu ne plaisantes pas. oublie les pansements.

ah. tu le veux.

que, dis meryem
ses yeux pour
s’éteindre un peu. redéfinir les trous noirs. fourrée au-dedans, une latence ; peu à peu quelque chose pour vouloir avaler ton existence. hausser un sourcil, le geste infime. alangui. une bouche pour s’étirer la pulpe des lèvres se fait

délice.
ah. tu le veux.

sur son territoire, meryem. des draps, se lever. cœur tranquille, est-ce cela que tu veux. ce torse pour se soulever au rythme de respires impérieux. ces muscles coulant dans l’espace, dévorer la distance si courte entre toi et lui. ces cicatrices pour sculpter ses chairs. ces yeux où grondent une malice il suffirait de tendre les doigts s’approprier le contour de ta mâchoire, de tes joues et c’est ce qu’il fait venir caresser cette peau est-ce qu’elle frissonnera sous le contact montre ce que tu désires meryem, c’est que

c’est vague.

sourire en coin. rapprocher son visage. il sent le musc et les conifères. le nord et la dévoration. s’arrêter, à cette distance où l’espace semble infini entre ta bouche et la sienne, mais que tu ne puisses voir que sa défiance engloutir ta vision. laisser courir les doigts le long de tes mèches, clarifier tes traits en les reposant derrière ton oreille, descendre le long de ta nuque c’est dansant ; l’aisance nonchalante.

tu me veux pour ? prendre un verre ? non. suis-je bête.

narquoise, sa voix. arrogant, quand il lève un sourcil. rapprocher son corps ; le feu des vivants près de ta taille, tes bras, ta poitrine, ton visage. et l’autre main pour définir le territoire de ta hanche.

pratiquer ton numéro ? peut-être.

incliner la tête. l’angle parfait pour
qu’elle s’obstine à sourire dans la distance, sa bouche. et quand il articule, pouvoir sentir le contour de tes lèvres.

murmurer ; comme une confession.

voyons voir.

t’embrasser. l’ardeur velours. l’arrogance langoureuse. ses yeux pour te défier, presser ton corps et tes courbes semblent avoir toujours eu une place le long de ses muscles. tu y coules si bien ton existence avec ses doigts pour courir le long de ta nuque ; des caresses provocantes, remonter à travers tes mèches. et posée sur ta hanche, l’autre main pour assurer sa présence.

c’est ce que tu veux, meryem ? la langueur qui t’embrasse et dépose en feux frais le long de ta peau des caresses éphémères.