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il pourrait s’endormir enroulé ainsi dans du coton. son cou est un chat qui ronronne, réchauffé par un foulard trop large trop grand où le nez se perd et rigoler à travers les carreaux. et le froid pour sublimer le souffle regarde aemon comme les cristaux se forment le long du coton.

on se croit vivant aemon. on l’est, regarde.
je respire.

le visage levé pour lire le titre. yeux d’or pour sourire. pailleté de mémoires en vestiges. où s’imbriquent une scène vaste de costumes chatoyants et d’orchestre mirifique.

faut-il attendre encore longtemps ‘mon ? pardonne la hâte, j’ignorais qu’ils passeraient une adaptation de shakespeare. c’est fantastique.

et ses mèches de neige pour se coller contre sa joue. à l’entrée du théâtre, la file est petite. suffisamment grande pour attendre dehors. tout près de la porte.

oh ! j’aimais bien ariel. j’aurais cru que tu joues dans la pièce. tu aurais fait un magnifique ariel.

pétille, zwei. dans son grand manteau d'élégance feutrée.

les lèvres en croissant de lune. viennent rehausser les pommettes quand tu réajustes l’étiquette. d’une tenue parfaitement agencée. souffler ce petit merci comme le chant d’un oiseau. rigoler un peu c’est pour mieux sentir une dernière volute de froid avant de te suivre à l’intérieur. serrer ton bras avec tant d’amour oh aemon on pourrait en trébucher quand on pousse la porte.

laisser la chaleur s’engouffrer sous le manteau. l’écho velours pour guider vers la salle.

je pense que je ruinerais la pièce rien qu’en respirant sur scène. je sais danser et chanter, ‘mon, mais déclamer ? je ferais honte à tous les sophocle et les eschyle. les shakespeare et les molière. je peux peut-être jouer ton caliban

inventer une mine affreuse, zwei.

avec la façon dont je massacrerais les répliques.

éclater de rire. profiter que personne, pour l’heure, n’exige silence. monter les escaliers pour mener au balcon. la structure minimaliste l’étonne encore. ces murs contemporains de noir simple où le velours n’alourdit plus l’espace. te laisser passer, s’écarter pour une dame, une autre, un homme, une enfant qui lui sourit grand, enfin ; te rejoindre à son tour. sièges du milieu.

rappelle-moi, quand on dit interprétation contemporaine, ça veut dire ?

question en suspension. qu'il glisse ses doigts à travers les tiens. aimer le contact.

il se coince sur son siège, se colle un peu plus près de toi. c’est pour offrir un semblant d’espace à la vieille dame à sa gauche elle lui sourit si tendre elle lui donne un souvenir de biscuits et de musée avant le cinéma et le souper où grand-père – peut-être grand-mère – lui racontera la fois où les abeilles l’ont pourchassé. mais c’est inutile, zwei ; l’accoudoir entre lui et la petite vieille, on ne peut inventer davantage d’espace.

qu’il t’écoute avec son bras enroulé au tien. tu sens l’hiver habité par les vivants et tes lèvres dansent dansent on les imagine si bien sur scène. plisser les yeux, zwei.

je comprends. je crois. je vais t’avouer j’ignore quels sont les goûts du jour. j’ai perdu l’aisance de m’y adapter si facilement. ils ont une frénésie, depuis quelques temps, je cligne et demain on préférera les oranges plutôt que les clémentines !

sourire malice. pétille. pianoter ses doigts sur le revers de ta main. les lumières pour se tamiser. la pièce s’installe en chuchotement. imiter, zwei, se pencher vers ton oreille.

même si ça me gêne, il faudra rester. tu sais ‘mon les expériences difficiles sont nécessaires pour se rappeler comment on désire apprécier le monde.

tous ces gens qu’on entend, car leurs manteaux frottent contre les chaises. certaines rigolent d’autres éternuent il y a une voix d’enfant pour demander quel est le titre de la pièce, déjà. ses yeux d’or pour t’aimer quand il te regarde. pourtant aux tréfonds des iris ; lueur mélancolique.

alors un jour tiens promesse, quand j’aurai besoin – en effet – que tu m’écoutes pendant des heures.

viens me voir et prends ma main comme je prends la tienne ce soir. regarde-moi et dis-moi plus tard

que l’on vit toujours.

et l'attente ici maintenant magnifique. ça va commencer.

l’éclat. et des visages pour se retourner. mettre la main devant ses lèvres. mais rigoler quand même.

et chut, la pièce va commencer. oui. oui, dans le noir se tenir.

admirer le dépouillement. une scène vide où s’élève seule une esplanade en son centre. que les personnages se jouent autour ils ressemblent à des vagues et miranda douce miranda c’est donc cela

l’interprétation contemporaine amener sa voix sur l’avant-scène. et ariel pour l’accompagner que non cette fois on ne partira pas. prendre le choix de rester redéfinir le masque et sa nature.

la tempête souffle ; arriver à saisir des liens avec l’époque. des événements pour acter des larmes sur la statue nationale. c’est vrai à toute époque, s’approprier les points de vue. rendre la pièce actuelle. qu’elle raconte nos tempêtes en symboles.

alors quand la pièce s’achève,
il est planté dans son siège semble-t-il qu’il n’a pas osé cligner même. zwei. bras croisés et l’index sur ses lèvres. songeur.

qu’il faut toute cette foule américaine qui se lève pour l’ovation. et bouger enfin, se lever à son tour. le théâtre ne présentera plus rien pour ce soir, qu’il reste ouvert toute la nuit. et se rasseoir, alors

(peut-être qu’il ne faut pas, à cette époque)

zwei. sourire grand en accrochant son regard au tien.

je pars si tu pars. qu’en as-tu pensé ? je préfère les classiques, mais j’ai bien aimé. un temps. à y penser davantage, maintenant que je suis de ce siècle ; je préfère cette version de miranda. elle m'a touché.

elle avait sa voix. elle avait ariel. plutôt que son père.
elle a fait comme lui ; choisir de rester.

chatouilles doucereuses. son âme pour ronronner. à la commissure des lèvres un sourire des confidents. tourner sa paume vers le ciel, aller chercher tes doigts.

oh tu veux m’entendre te parer d’éloges ‘mon, avoue ! quelle muse !

rigole. c’est doux.

c’est tout ce que tu mérites, des éloges. alors laisse-moi te dire, tu aurais maquiller ta performance d’une ariel un peu capricieuse. elle aurait été scintillante et même nue sur scène, entourée de noire et de vide on aurait senti l’enchaînement. la promesse. la liberté.

soufflé façon poète exalté. avoir d’une main des gestes en fioritures, quelques arabesques pour s’inventer acteur. s’emparer de quelques mèches près de ton oreille, elles flottent entre ses doigts imiter les vents quand il les laisse glisser tout doucement.

tu es légère. délicate. impérieuse aussi, un peu de fougue pour paillonner. tu aurais interpréter tout cela sur une note un peu désaccordée, c’est qu’on manque de cohérence en dehors de la liberté, parfois. c’est parfait pour un esprit en dette.

se lever, zwei. sourire.

tout cela est sincère. j’aurais adoré te voir. maintenant, viens. j’aimerais admirer les lumières du quartier. mais il faut que tu veuilles partir, alors je vais attendre. j’ai promis.

avoir éclaté de rire. si grand. si fort. un carillon comme une confession d’amour.

oh si tu me voyais sur scène, ‘mon je crois que tu ne voudrais plus t’affilier avec moi !

rire encore encore. se souvient si bien des échecs catastrophiques danseur émérite une voix de sirène c’est qu’auparavant former l’élite dans un écrin maniéré sous l’hégémonie des muses et d’apollon. pourtant ; zwei sur scène l’hécatombe. des grandes dames pour s’indigner d’un si joli minois. incapable de ne pas improviser. oublier ses répliques. déclamer comme si la scène était champ de bataille où les ordres sont fatals. être stratège militaire, zwei ; savoir user des mots qu’il ne peut les agencer.

le soupir quand tu t’assures de sa qualité esthétique. c’est doux à travers un sourire semble-t-il qu’il n’y a désormais plus de place pour la guerre. carillon résonne une dernière fois. merci pour le rire aemon.

quand iels sortent ; les néons du quartier éclatent des feux d’artifices statiques parfois ils s’animent sur un circuit établi c’est pour hypnotiser les regards et s’y laisser prendre sur le panneau d’un bar. des pas aux alentours pour claquer les trottoirs. une musique tout près, c’est la tabagie qui attire avec sa mascotte rétro. glisser une main autour de ton bras. t’attirer vers soi à la façon d’un foulard ; c’est délicat.

tu sais ce que j’aime avec la surprésence des lumières ici ? c’est qu’elles révèlent des endroits à travers une constance de réverbères on les remarquerait moins. regarde.

pointer l’immeuble au-devant. à la croisée des rues. l’intersection habillée d’une affiche drag. un show queer de karaoké. c’est plus loin des affiches, ce bâtiment un peu sombre. délavé par les pluies. y deviner la gouttière et la rouille ajoutées, des escaliers qui ne respectent plus les normes depuis tant d’années. au troisième, une fenêtre où la lumière se fait chaude. l’écran d’une télévision diffuse quelque chose. c’est blanc. parfois vert, jaune bleu ça s’anime.

il y a encore des traces d’un brutalisme futuriste. à une époque, c’était l’apogée. demain peut-être les vignes le recouvriront.

sourire, zwei.