On s’en veut de n’apporter que de l’indigne chair - le corps que l’on traîne derrière nous gémit piètrement, ronfle comme un malotru. Mais il fallait se hâter - les spectres ont invoqué votre nom, Mère, et on ne peut s’y dérober plus longtemps. On se hâte à vous, et on jette le corps à vos pieds, avant de poser un genou à terre.

On se veut chevalier - noble pour une fois dans cette vie ;
La tête se penche en avant, puis se lève dans un sourire qui se moque.
On se moque de soi - car ces manières ne nous ressemblent pas, on s’imagine plus rustre habituellement, mais vous savez déjà, tout ça.

Mère

Dans une douceur mièvre, les lèvres ne pourraient se permettre de vous prononcer sans amour. Si l’on a un coeur, ce coeur est pour vous.

Des excuses sont de mises - on aurait du amener un festin, mais on ne voulait vous faire attendre.

On papillonne de nos paupières - les cils battent au-dessus des joues, on aimerait déceler dans votre visage toutes les injonctions toutes les attentes, que vous n’ayez pas à les prononcer pour qu’on y réponde.

Mais on se voit démuni de tout indice - on ne décèle rien - notre intelligence se limite à la vôtre, souvent. Alors un sentiment d’insécurité se loge, là entre les côtes, comme de la poussière qui reste collée à la surface et que mêmes les ongles peinent à effacer.

Comment allez-vous ?

Dans le silencieux espoir que toutes les autres réponses aux questions implicites dans le regard suivront.