charles mingus achève à travers les haut-parleurs. il achève son wulong mal infusé, mais tant pis. la tranquillité du café pardonne. tourner la page, les danaïdes écoutent leur père au pied des autels.

fu shen ; les néons et les réverbères. trace l’ombrage des lettrines en arabesques.

contre sa joue, la nuit défile. grésille la poussière, grésille les voix. tintement d’assiettes et l’odeur d’un croissant près de sa table. ne lève pas la tête, lit eschyle comme s’il se passionnait. fu shen ; complètement indifférent. pourtant,

c’est vrai. la question des émotions est intéressante. la destinée d’avant. et le coryphée se lamente. tourner la page. qu’il ne te voit pas arriver. ignore si tu te trouvais au café avant lui. ta silhouette au coin de l’œil ; faire abstraction complète.

cinq. sept secondes. le temps de terminer la réplique. l’inachevée trilogie d’eschyle. la tête franche, couler ses yeux vers toi. lever une main, c’est lent. l’assurance nonchalante quand il glisse l’index derrière une mèche. retire,

l’écouteur. déposer sur la table.

avez-vous songé que le contraire puisse se dire. vous m’importunez peut-être.

l’éclat fourré au creux des yeux. sourire en coin s’étire. malice.

elle fait tourner les regards. c’est évident, fu shen ; ces hommes et ces femmes pour la détailler, coulante dans l’espace comme s’il lui était depuis toujours destiné. rendre le noir visible, scintillant comme un soleil. que pourtant

le menton levé, sous les yeux le trait rouge affirmé.

et donc je vous intéresse ? quel honneur.

incliner la tête. arquer un sourcil. qu’il tient toujours son livre ouvert, une compilation de pièces. ce soir, les cheveux détachés pour glisser le long de son épaule. la boucle d’oreille à gauche pour scintiller.

et quand le serveur rejoint la table, t’indiquer. c’est presque naturel.

après vous

voix grave pour couler elle aussi. et des notes de blues pour s'élever.

music - www

généreuse.

hocher la tête. une forme de remerciement. demander un flat white, refermer son livre à la manière d’un écrin en soie. c’est délicat. le frottement de sa couverture contre la table quand il le dépose. des yeux de nuit qui t’avalent, fichés francs dans tes iris. burlesque étrangère. extirper d’une pochette intérieure le boîtier de ses airpods. les replacer.

ce serait du gâchis que de vous faire profiter du silence. c’est une présence que j’affectionne pourtant.

le geste. désinvolte. quand il fait glisser le recueil de pièces vers sa gauche. se pencher au-dessus de la table, engloutir la distance. que la bouche se fait muette. précisément. presque impérial, à te regarder et imposer silence. cligner. alors,

voix tranquille, on la croirait arrogante

permettez que je vous tutoie.

l’éclat, traqueur ; au-dedans des yeux. plus près de toi, c’est l’instinct l’habitude des parfums des effluves reconnaître les existences qui se marquent c’est pour mieux s’inventer singulières qu’elles restent toujours les mêmes et c’est fascinant

les notes boisées d’élégance qui le font arquer un sourcil. malice.

vetiver et cachemire. tu joues la tendresse d’une épouse. dois-je performer le mari ? homme d’affaire ou homme de lettres ?

fermeté nonchalante. l’ennui coulant. avoir lu les odeurs, leurs symboles ; pour tuer le temps. que dans la voix, l’évidence de l’ironie. comme une confession.

music - www

amant. écarquiller les yeux ; c’est infime. inventer la surprise. la flatterie. aux lèvres le silence du rire. ta gorge pour roucouler quand tu parles, entre toi et lui il suffirait d’une brise

et reste planté ainsi, fu shen ; terriblement paisible. ne remarque pas les hommes un peu jaloux. il y en a pour rêver de ton talon contre sa jambe sentir la légèreté finement calculée, la fabrique du pantalon façon baiser sur sa peau. si près on pourrait confondre ton souffle et le sien. il y en a pour rêver que fu shen ; ses iris détaillent le grain de beauté. à une époque les courtisanes se savaient selon leur emplacement un tableau à florence aux offices qu’il faudrait un jour aller voir, car sa résolution sur écran est frustrante tenter de saisir le plaisir des cœurs à s’offrir des siècles d’art à portée peut-être là sur ce tableau il trouverait sens, que

lever le bras. désinvolture alanguie. que ses yeux ne te quittent pas. la bretelle fine comme une calligraphie

ses doigts sur ta peau pour la remonter. elle a glissé en silence quand tu t’es approchée. replacer comme s’il l’avait toujours fait. la chaleur des vivants le long de ton épaule.

lèvres malices pour s’étirer encore. murmurer, car tu es tout près.

si. un vieux barbu.

sourire pour relever le trait rouge sous ses yeux. qu’il se recule. saisir eschyle et rouvrir à la prochaine pièce.

je ne vais pas te priver de ton plaisir, then.

jouissif. tu as dit. tapoter son oreille.

fais-moi signe si besoin.

music - www

au-dedans des yeux ; elle gronde. une faim prédatrice. au bout de sa cravate entre tes doigts d’impératrice. t’écouter si fort, cette bouche pour vouloir rouler une raillerie que le serveur

cligner, l’observer, c’est brusque. l’assurance froide, du sourire poli pour le remercier. avoir refermé son livre encore et lisser la cravate. réajuster. c’est alangui, quand il se recule contre le dossier. coulant. ses yeux pour t’observer à nouveau.

félins. passer sa langue sur sa lèvre inférieure.

fu shen.

ferme. offrir son nom comme une défiance. saisir sa tasse pour humer le flat white. infuser à la perfection. le sucre subtil pour épouser l’amer. lait parfaitement dosé. une gorgée. pincer les lèvres. poser la tasse. et son coude sur la table.

c’est un jeu de mots. qui tire sa signification des bénédictions. shintoïsme. si j’me souviens.

incliner la tête. sous les réverbères les néons la boucle d’oreille scintille.

quelle bénédiction, ce soir. ta politesse est singulière. ai-je heurté sa grâce ?

lève les sourcils, l’inquiétude fausse.

que puis-je faire pour me faire pardonner, meryem.

jouer. gravité malice dans sa voix. et ton nom où il ancre les lettres sur sa langue. te l’offrir presque comme une lettre d’amour. ironise, fu shen. reprendre une gorgée. des yeux où scintille une provocation

amusée.

tu le distrais presque.

music - www

entendre son nom. et l’étrangeté, fu shen ; dans ta bouche comme dans celle d’ellair. moitié de nom quand haoran le toise. nom de famille en clarté sous le scalpel des mots d’andrea. la rondeur des désirs d’une offrande clandestine. quand on lui offre des mooncakes ou ordonne de sauver.

protéger.

entendre. et l’étrangeté. de ne parvenir à rien qu’une eau lisse où les syllabes font absence de ronds. quel est ton sens, dis ? que ses yeux, soudain, pour y accrocher une brillance latente. impérieuse.

que ce nom est une farce.

il n’y a plus de chemin ni de bénédictions depuis longtemps. la liberté vaste d’un rien où la tête franche oublie, oubliera demain ce que le cœur pulse maintenant. oubliera le rouge charnel des lèvres pour s’étirer, l’arrogance alanguie. ton menton si délicat, l’élégance par-dessus tes doigts. ce grain de beauté des courtisanes

ils savaient inventer les couleurs. avant. le trait écarlate sous ses yeux de nuit. narquois. rouler une gravité tranquille dans sa voix.

peut-être.

qu’il saisit ta main gantée. geste franc. comme s’il avait toujours su le poids de ton existence au bout de tes doigts. serrer, c’est léger. et tu sais choisir tes tempos, meryem.

au fond du café, la musique monte langoureuse. la piste élégante de cet endroit de minuit. où les couples viennent échanger une performance amoureuse. mur miroir au-dessus des banquettes et si on se souvient bien, il suffit d’un mot au comptoir ; pour révéler un speak-easy.

l’assurance du corps, quand il se lève. t’inviter à sa suite. yeux de nuit malice. rejoindre la piste. des clients et clientes pour te regarder ; tu le désires, n’est-ce pas. ces yeux qui t’épient les courbes décadentes sous la brillance de ton noir. de ton rouge. que fu shen ; tu as demandé un danseur. et c’est ce qu’on fera. le reste importe peu.

performeur, à la note exacte ; t’entraîne. ton corps au creux de ses mains, parfois la distance semble s’éclater et la longueur des notes pour t’éloigner. tu as un visage de peinture. ça étire un sourire narquois. ses doigts parfois pour effleurer tes épaules qu’à la fin, fourrer ses yeux de nuit au-dedans de tes iris. chatouiller, le long de ta mâchoire, une mèche. la replacer. approcher le visage, ton cachemire subtil pour s’accrocher à cette bouche qui murmure

tu fais une excellente partenaire, meryem.

s’écarte. clin d’œil. et repartir. si aisément. une main dans la poche de son pantalon. couler dans l’espace c’est presque arrogant, quand il retourne s’asseoir. prendre une gorgée ; le flat white est tiède.

meh.
font les lèvres.

cligner. froncer les sourcils. perplexe, fu shen ; quand il l’observe partir. ignore de quelle attention tu parles. ne voulais-tu pas danser tout simplement ? que les couples se forment pour cela, sous la musique. les rondes se font à plusieurs. aussi. s’apprête à reprendre sa lecture, abandonner l’idée de comprendre et quand on tend la main pour saisir sa tasse ; il repose au sol. si délicat. le mouchoir brodé.

sans doute tombé du manteau si vite enfilé. un temps, fu shen ; l’observe. étudier l’envie de le laisser là. peut-être le ramasser pour le déposer dans son assiette, tu dois avoir une gamme de fabrique suffisante pour oublier celui-ci. un temps.

lever les yeux au plafond. le regard pour soupirer. empiler les soucoupes. se lever. ramasser mouchoir et quitter. le rouge sur l’oreille il le remarquera en rentrant chez lui. quatre minutes et quarante secondes, s’il avait calculé au moment où tu es partie

te rejoindre et la nuit et fraîche. te dépasser, tendre le mouchoir comme une évidence. hausser un sourcil.

je ne te demanderai jamais de ramper.

l’aisance pour trahir l’ignorance. des sous-entendus que non. fu shen, tes intentions n’étaient pas limpides. si tu voulais autre chose qu’une danse il fallait le dire. incliner la tête.

bonne nuit, meryem.

pour toi seul, ton nom. qu’il s’éloigne. dans la même direction. son appartement est à pied, heureuse coïncidence.