I have never bitten into anything. I was waiting.

Les heures ne sont pas longues lorsqu'elles sont pleines. Le temps est quelque chose après lequel Andrea ne court pas -elle sait cela inutile. Elle se contente de l'honorer comme il se doit, en lui faisant hommage en ce qu'elle pensait être la meilleure des manières : en l'utilisant.
Elle était une femme occupée, aussi ne pouvait-elle pas venir cueillir sur le bord de son chemin tous les regards qu'on lui lançait -il y en avait beaucoup. Et, souvent, ils n'étaient pas garants de conversations bien intéressantes. Elle s'en tenait alors à son emploi du temps, et si quelque chose était d'importance, elle considérait que ce n'était pas très complexe de lui envoyer un mail ou de contacter saon chevalier-e.
C'est pour cela qu'elle ne t'a pas donné une seule seconde de son temps : parce que tu ne l'as pas demandé clairement. Elle a pu voir ton cirque, tes manières et tes gênes ; concluait que cela ne devait pas être assez important, continuait sa vie comme le dictait les créneaux sur son téléphone. Elle avait même mis des horaires à sa distraction, la seule, l'unique.
Alors -elle ne dit rien quand tu ouvres la porte, la referme ; quand tu t'installes devant elle ; quand tu ne dis rien de plus, elle te répond en silence. Elle ne te donne qu'un regard de quelques secondes.
Si tu ne parles pas, elle passera à autre chose.

I have never bitten into anything. I was waiting.

Elle ne s'offusque pas du manque de politesse, s'y plie volontiers si cela permet au sujet d'avancer -et si tu es effectivement très direct, tu sembles plutôt idiot. Andrea est un Arcane Majeur. Souverain, même ! Evidemment qu'elle s'y connaît plus que toi. La question est idiote, au premier abord, et Andrea se retient fortement de te dire de quitter cette salle directement.
Non, Andrea n'est malgré tout pas du genre à asphyxier les questions, pas quand elles peuvent amener des réponses de ta part.
Monsieur Li, veuillez m'exposer le déclencheur de vos questions. C'était la procédure (sa procédure) lorsque l'on venait la voir. Après tout, il y a bien des affaires qui ne concernent pas les Mineurs comme toi, et encore moins les Epées. Les Epées qui envahissaient son bureau pour poser des questions intempestives, Andrea connaissait -elle les collectionnait maintenant-, et elle ne leur donnait jamais rien qu'un os à ronger, pendant qu'elle se délectait de leurs savoirs. Ce n'était pas contre elles. Il y a juste certaines choses qu'il ne faut pas dire de suite -pas tant que tout est validé. Pas tant que les autres ne sont pas d'accord. Pas tant que la hiérarchie est verticale.

I have never bitten into anything. I was waiting.

Les rêves reviennent. A vrai dire, ils font partie intégrante de l'Ordre, et alors ce n'était pas bien surprenant en soi, n'est-ce pas ? On pourrait même dire : Andrea aurait dû étudier, mieux s'y connaître, savoir quoi répondre, toujours.
Les rêves qu'on lui ramenait ces derniers temps n'étaient cependant pas issus de l'habitude. Ils avaient le goût de l'urgence, du besoin, du drame. Ils étaient directives, pas bénédictions. Elle revoit Fu Shen et sa croyance dure comme le fer, ses mots flous pourtant, et finalement que sa lance comme seule chose tangible.
Ton rêve semblait différent. Il n'y avait pas le sentiment impérieux d'agir, de faire, à moins que tu ne l'ais pas souligné. Ne se trouvait dans ce que tu racontes qu'une invitation simple. Qu'un Appel, un Premier Rêve, cherchant ton âme dans les tréfonds de ta conscience, depuis le siège du divin des Arcanes. Tous détails sont utiles. Pour elle. Pas forcément pour toi en conséquences. Y a-t-il un symbole dans la main qu'il vous tend ? Si oui, doit-elle tricher ? Est-ce bien juste, que de te donner des indices ? Ne faut-il pas mieux apprendre par soi-même, dans un rite si personnel, dans un lien si unique, dans cette connexion que personne d'autre ne verra jamais ?
Mh. Elle verra lorsque tu répondra à sa question.

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Juste une main, nimbée de lumière ; pas de signes, pas de symbole, si ce n'est la séquence dans son entièreté.
La rivière était trop maigre pour remplir le lac de la certitude. Une main, alors, c'était suffisant pour venir la voir, pour la suivre, pour l'empêcher ? Ah, tu avais raison. Mieux vaut la prudence, sûrement, de ne rien tester tant que tu ne t'es pas confié. Cependant, cela la frustre. Elle avait bien besoin d'un mystère facile à élucider ; et si ton rêve porte toutes les marques de l'Appel, il lui manque pourtant la pièce centrale : l'échange de ce qui est important.
Alors, en attendant, Andrea continue de cocher les cases. Ce rêve se répète-t-il ? Possibilités : oui (argument supplémentaire sur l'Appel, modulo hypothèse de rêve d'un arcane mineur -jusqu'ici leur existence n'est pas démontrée), non (ne prouve rien mais en défaveur de l'Appel ; Ellair peut simplement se trouver au début de son Appel). Avez-vous tenté de faire quelque chose, dans ce rêve ? La voilà généreuse -elle te donne une piste, t'autorise presque l'agentivité dans ce monde où elle n'existe pourtant pas. La saisira-tu, Ellair ?

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Oui (argument en faveur de l'hypothèse Appel). Pas encore (n'alimente aucune hypothèse particulière).
Andrea a envie de demander -et pourquoi ne rien faire ? Les rêves sont les territoires des Arcanes ; le monde est sauf là-bas. Il ne peut rien arriver de mal, si ce n'est voir la vérité : les rêves ne sont pas cruels, seulement honnête. Ce n'est mauvais que pour soi, selon qui on est.
Est-ce que son commentaire t'as motivé ? Est-ce que ce soir, en te glissant dans ton lit, tu te jurera de tenter ta chance ? D'oser y aller ? De prendre cette opportunité ?
Elle te regarde droit dans les yeux. Tes airs ne lui font pas peur ; qu'y a-t-il à craindre ? On te sait fidèle, et si tu ne l'es pas, alors Andrea a déjà perdu. Pas seulement elle. Elle repense à l'Hérétique, met une probabilité négative sur ton nom. Après tout, cela n'aurait aucun sens, n'est-ce pas ?
Elle voit ta rage et ta colère froide dans tes yeux sans reflets. Tu le sais déjà, alors ? Est-ce une de tes hypothèses ? Elle le croit, au vu de tes questions précédentes. Alors, elle peut bien dire ce que l'on peut facilement savoir. Il manque un élément pour qu'il s'agisse de l'Appel. C'est inhabituel. La main doit tenir quelque chose. Elle taira ses hypothèses quand à l'identité de l'Arcane. Elle ne fera qu'envoyer un message à Cassandre.

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Andrea laisse l'espace -les réflexions prennent du temps et de la place pour celleux qui n'en ont pas l'habitude. Les secondes sont cependant longues, et Andrea ne peut s'empêcher de rapidement jeter un coup d'œil sur ce qu'elle était en train de faire avant que tu n'arrives et l'empêche de continuer paisiblement.
Elle note les signes externes de stress, ou au moins de renfermement interne. Visiblement, au vu de ton affirmation, cela était bénéfique ; Andrea, pensait-elle, ne pouvait pas vraiment demander mieux. Oui, autre chose que ta main dans sa main : un objet dans sa main. Un objet familier, même, quelque chose qui a grand sens.
Vous êtes mon patient. En cela elle voulait dire : nous ne parlons pas de moi. Andrea n'est pas un sujet dans cette pièce, elle n'est qu'un réceptacle de témoignages, une sorte de bases de données qui ne devait pas forcément l'honnêteté la plus simple à celleux qui venaient la voir. Je vais vous référer à Amadis Cervantes. Je lui communiquerais mes informations, si vous êtes consentant. Il saura mieux gérer votre situation. Cela n'était pas un compliment envers Cervantes, c'était un simple fait : c'était de son ressort, que de traiter des rêves Regeneratio ; en cela, il avait de meilleure arme déjà. Et, peut-être qu'avec sa vision du futur, il pourra même te dire quoi faire pour arriver à ce que tu souhaites accomplir.  
Un tiroir s'ouvre, Andrea sort une feuille qu'il accompagne d'un stylo. Signez ici si vous acceptez que je transfère les informations échangées ici à Monsieur Cervantes. Le secret médical avant toutes choses.

I have never bitten into anything. I was waiting.

Andrea ne dira rien à ce refus de l'évidence ; qu'étais-tu, Ellair, alors ? Qui rentre dans le bureau d'un médecin en chef lors de ses horaires de service ? Qui se fait opérer, il y a des années de cela, par ses mains expertes ? Qui réfère à d'autres spécialistes, qui demande un diagnostic comme tu le fais, qui veut des réponses, qui signe un accord de partage d'informations personnelles ? Un-e patient-e.
Même si tu ne veux pas l'être, tu le sera, parce que c'est Andreas qui décide de son statut de docteure ; et aujourd'hui, devant toi, elle l'est. C'est injuste mais c'est ainsi : l'absolu porte son nom en cet instant précis.
Elle ne dira rien, parce que ce n'est relativement pas assez important ; elle se contentera d'un regard effilé, coupant, tout en se demandant ce à quoi tu peux bien t'identifier sinon. Qu'importe.
Dès que le stylo se relève, Andrea récupère la feuille et le porte-plume. Rapidement, le document disparaît dans un scanner, immortalisant l'accord jusqu'à éventuelle annulation par le signataire. Le stylo retrouve sa place. Tout est bien. Oui, monsieur Li. Tout le monde était monsieur, madame, mondame avec Andrea, surtout lors de la consultation d'un patient.
Le scanneur recrache le document, qu'elle plie parfaitement avant de le placer devant toi. Merci bien. Je vais transférer vos informations et votre témoignage à monsieur Cervantes, qui s'occupera probablement de vous contacter pour un entretien complémentaire. Sa main retrouve la souris, sur laquelle elle clique rapidement et précisément. Déjà, elle avait créé un nouveau mail pour Amadis -celui-là aura le mérite de ne pas être un roman. Si vous n'avez plus rien à ajouter, nous en avons terminé. Elle te regarde.