la lune qui nous suit | amadis

Sam 9 Mar 2024 - 15:28, la lune qui nous suit | amadis

la lune qui nous suit_{qui doit rire de voir deux amoureux se détruire dans la nuit}Le ronron de la ville est tendre, mais je m’attache à compter les quelques étoiles visibles dans le ciel ; soufflées par le soleil qui paresseusement se couche, elles luisent aux prémices timides de la nuit et moi je m’extirpe d’un dernier cours un soupir au bord des lèvres, les yeux virés sur le ciel.
L’attente est chaque fois si délicieuse que tortueuse.

Trouver Amadis, cependant, est une épreuve. J’erre entre les arbres et les bancs d’étudiants, à peine alourdie par un carnet de croquis ; le pas est fluet et les lèvres étirées en un sourire presque mielleux — ses cheveux détonnent toujours dans la verdure du campus. Aussitôt, une chanson : « Amadis, doux Amadis, dieu que tu m’as manqué ! » Et le corps élancé s’effondre sur lui dans une étreinte chargée d’affection plus que sincère.

Mon nez plongé dans ses mèches blondes, aveugle à ce qui pourrait nous entourer — quelques élèves, peut-être, trop loins pour percevoir mes aveux —, je l’enserre entre mes bras et glousse. « Tu as dis-pa-ru, et moi j’étais si tristement perdue sans toi. » C’est un mensonge éhonté : mon téléphone a cent fois vibré de ses appels et j’ai prétendu ne rien voir, j’ai cultivé l’expectative jusqu’à ce qu’il se lasse, qu’il tente sans doute d’oublier ma présence entre ses côtes.
Il est temps, aujourd’hui, d’en raviver la flamme ténue.

Museau appuyé à son épaule, les doigts curieux qui dévalent jusqu’à ses poignets et trouvent leurs jumeaux ; j’admets sans mal apprécier la chaleur de sa peau, en savourer les possibles tressaillements. « Dis-moi, dis-moi — est-ce que je t’ai manqué ? » J’espère trouver dans le sursaut de sa voix la blessure de mes fautes, la brûlure de l’insupportable supplice auquel je le soumets, non pas par plaisir personnel mais pour la pulsion, fébrile, d’un tableau qui persiste à se refuser à moi.

Dim 10 Mar 2024 - 20:22, Re: la lune qui nous suit | amadis

La lune qui nous suit Where did you learn what it means to reciprocate ?

Un sms ; une relance.

Tant pis, elle devait être occupée.

Un nouveau SMS : un petit truc que tu as trouvé marrant, espérant que c’était juste deux oublis de suite.

Ça arrive !

Mais ça arrive ici une troisième fois : et tu commences à douter.

Est-ce que tu étais trop envahissant ?

Un appel.

Est-ce qu’elle s’était lassée de toi ?

Un deuxième.

Non, non : il faut tenter d’avoir confiance en toi. Mais personne ne laisse son téléphone déchargé pendant plusieurs jours, si ? Et tu ne l’as pas croisé après les cours …

Est-ce qu’un Vesperis l’a croqué ?

Est-elle morte ?

Un troisième appel.

Pire : est-elle désormais une Vesperis ?
Est-ce que tu vas devoir la tuer ? Une balle dans le cœur : et adieu Selene ?

Un quatrième.

Des questions, des questions, des questions qui te hantent : mais tu préfères penser qu’elle s’est lassée de toi, tentant de chasser ces pensées avec le rythme des jours.

Regen prend du temps ; Faye prend des pensées.

Et tes sœurs restent là pour toi – Oh non, comment est-ce que Miku réagirait à la mort de Selene ?

Tant de questions.

La journée touche à sa fin ; mais tu traines, téléphone à la main et dos à un arbre. Et la réponse vient à toi, littéralement.

De longs cheveux sombres, une pointe d’accent : Sélène vient à toi, chantant ton nom avant de t’éteindre affectueusement.

- Sélène … ? Est-ce que tu vas bien ?!

Tes bras se serrent autour d’elles ; il te faut un instant pour la reconnaitre, puis un autre avant que l’embarras ne te rattrape, la timidité de l’adolescent qui rattrape l’inquiétude – elle était si loin, et elle est désormais si proche !

Alors, ton regard se détourne ; mais tes mains restent sagement derrière son dos, serrant dans tes doigts le téléphone désormais oublié – car elle était, sur l’instant, la seule chose qui comptait à tes yeux.

Ombre venue le hanter ; fantôme réveillé par la nuit.

Mais sa chaleur te réchauffe le cœur ; son affection te touche de cette impulsion de vie.

- Mais je t’ai appelé ! Plusieurs fois ! Et tu n’as pas répondu ! Est-ce que tu avais un problème de téléphone ? J’ai vérifié pourtant, et le mien fonctionne !

Elle s’inquiète de ton inquiétude ; et tu crains d’avoir mal agit, d’avoir manqué des appels que tu n’as pourtant jamais reçu. Est-ce que tu as abandonné une si douce amie ? Est-ce qu’elle est triste pour toi, alors que tu sembles être celui qui l’a laissée perdue ?

Une nouvelle vague d’anxiété.

Tu ne veux abandonner personne ; comme tu aurais voulu qu’on ne t’abandonne pas, tant de foi.

Ton père, Faye ; pourquoi pas Sélène ?

- Je … Euh …. Je m’inquiétais quoi. J’avais peur qu’il te soit arrivé un truc grave. Ou juste que tu te sois … Lassée de moi.

Elle t’a manqué ; oui.

Beaucoup ; beaucoup trop, même.

Mais la timidité adolescente t’empêche de l’avouer ; d’admettre tes doutes et ton affection.

Dans les tremblements de sa voix, la timidité de ses yeux ; ces appels qu’elle n’a pas entendus, ces SMS qu’il a effacé avant d’avoir envoyé.

Tu lui avais manqué, oui.

Tant qu’il s’était presque dit qu’il valait mieux t’oublier, désormais.

Mais tu étais là ; de nouveau, et le doute, la foi vacillante, te semble désormais exposée au grand jour.

Tu as honte, voilà tout.

Mais tu es soulagé.

- Donc … Qu’est-ce qu’il t’est arrivé … ? Enfin, si tu veux bien me le dire. Je … Je comprendrais si c’est … Pas un sujet que tu veux évoquer.

Milles théories ; mille craintes.

Et ton cœur battant contre elle désormais ; tu te laisses faire, te laisse attraper les poignets timidement, regrettant les rougeurs qui viennent à tes joues.

- Mais si tu veux changer de sujet, il m’est arrivé quelques trucs, pendant que t’étais … Pas là. Mais si tu as besoin de parler, je suis là ! Promis ! Qu’importe l’heure ou le temps que ça prendra !

Par amitié ; par affection.

Pour t’excuser du doute et de l’absence ;

Ven 22 Mar 2024 - 1:01, Re: la lune qui nous suit | amadis

la lune qui nous suit_{qui doit rire de voir deux amoureux se détruire dans la nuit}Dieux, qu’il est naïf.
« Oh, Amadis, vita mia, je vais mieux que jamais ! Enfin je te trouve… Si ses mains sont tendres et pudiques, les miennes sont des vipères : l’une se glisse à sa nuque, caresse distraitement la naissance de ses cheveux et l’autre, plus vénéneuse encore, trace des sottises dans son dos, le réconfort postiche. Mmh, ah bon ? Ah, j’ai égaré mon téléphone un moment ! Tu sais ce que c’est, quand je plonge dans une production. Tu n’es pas venu me voir… » Les mensonges viennent aisément, lorsqu’ils sont tapissés de vérités ; je les chante au creux de son oreille et me réjouis, un peu, de son inquiétude — de sa détresse. Moue boudeuse, pour illustrer la déception.

« Je ne me lasserai jamais de toi, tu devrais le savoir maintenant. Tendre murmure, les mains ramenées pour presser son visage et le dévorer des yeux. Il est si beau, et ses joues sont si chaudes. Mais tu évites ma question — je t’ai manqué ? Si proches que le rideau de mes cheveux nous couvrirait presque d’intimité ; et lorsqu’il mentionne d’autres aventures, sans moi, peut-être la prise de mes doigts se raffermit-elle. Peut-être le courroux est-il plus qu’une simple comédie.
Peu importe. J’ignore ses questions non pas par vilénie mais parce qu’elles n’apportent rien à mon projet — et qu’elles m’ennuient terriblement.

Sourire-chimère, la douceur aux antipodes de ce qui fulmine sous mes côtes : « Ah oui ? Les ongles ne griffent pas, les crocs restent délicatement rangés derrière les lèvres. Oh — dis-moi tout, raconte-moi chaque détail, je veux tout entendre comme si j’avais été présente. J’aurais aimé l’être ? Non, plutôt, toi, t’aurais aimé que je sois là ? » Le carillon dissonant d’un rire, et mon nez se frotte à la pointe du sien, l’affection débordante et la prise encore punitive à ses joues rouges.
L’estomac gronde, d’une faim que la nourriture ne saurait rassasier.

Ven 29 Mar 2024 - 16:57, Re: la lune qui nous suit | amadis

La lune qui nous suit Where did you learn what it means to reciprocate ?

La gêne ; les frissons.

Tu ne sais pas si tu souhaites t’éloigner de ses mains ou te blottir contre elles, sentir sa chaleur contre toi ou fuir ce contact trop humain, trop proche, trop intime.

Sans bouger, ta respiration caresse sa peau ; tes yeux fuient, tes pensées s’emmêlent.

- Je suis vriament désolé ! Je ne voulais pas te déranger pendant ta production. Eeeet … j’avais peur de passer pour un gars chelou.

Honnêteté quasi-enfantine : tu as peur de déranger, peur qu’on se soit lassé de toi, peur qu’on t’abandonne de nouveau.

Et ses mots viennent te flatter.
Et ses mains viennent tenir tes joues rouges, tes mèches blondes.
Et ses yeux te fixent ; tu tu la contemples, un sourire timide aux lèvres.

Elle est magnifique.
Tu te dis que tu as de la chance qu’elle t’accepte ; que tu es indigne de cette affection si pure. D’un ton presque surpris, tu réponds ; comme si c’était une évidence.

- Bien sûr. Chaque instant. Je craignais de t’avoir perdu.

Comme s’il ne pouvait en être autrement.
Les mains toujours maladroitement sur son dos, derrière ses épaules ; moins joueuses que les siennes, plus timides.
Son étreinte se resserre ; tu ne dis rien.
Tes yeux se détournent de nouveau.

Ce sentiment étrange de devoir cacher quelque chose ; pour la préserver, peut-être. Te préserver, beaucoup ; mais préserver votre relation, surtout.
Quelle relation, d’ailleurs ?
Tu n’as normalement rien à cacher ; aucun lien ne vous relie, aucune exclusivité n’est déclarée. Ta vie amoureuse ne la concerne pas ; la sienne ne te concerne pas.

Et pourtant, tu te dis que ça la concerne ; et tu te sens concerner par la sienne.

Manège des sentiments.

- Et bien … J’ai eu des problèmes avec un prof. J’ai été … Un peu malade. Et j’ai recroisé mon ex.

Une pause.
La dernière phrase était un peu trop rapide.
Le bout de ton nez touche le sien, mais ton regard se fixe sur ses cheveux sombres.

- Elle m’a expliqué pourquoi est-ce qu’elle avait … Soudainement arrêté de me parler. C’était sa famille, à priori. M-Mais on a juste eu une petite discussion ! De quelques minutes ! Elle était occupée avec ses révisions !

Les mots doux ; vos caresses, le contact de vos lèvres.
Mensonge par omission ; qui te dévore de l’intérieur.
Mais c’est ton ex ; enfin, vous n’avez jamais officiellement rompus.
Pourquoi ce besoin de te justifier ?

Tes mains restent sages, ton regard fuyant retrouve les yeux.
Tu te sens mal.
Mal d’avoir trahi la confiance de Sélène ; d’avoir fait des choses derrière son dos.

- Bien sûr que j’aurais aimé que tu sois là ! Quand j’étais un peu mal, je suis sûr que tu m’aurais aidé à penser à autre chose ! Et pour le café… C’était juste un café entre potes, après tout. E-Et elle est super sympa !

Tu n’oses pas imaginer sa réaction si elle était là.
Aurait-elle été jalouse ?
Triste ?
En colère ?
Peut-être qu’elle aurait essayé de se joindre à l’affection mutuelle et –

Tu calmes le grondement naissant dans ton ventre, ce désir de posséder.

Tu ne désires qu’aimer.
Mais c’est parfois si compliqué.

Mer 3 Avr 2024 - 2:36, Re: la lune qui nous suit | amadis

la lune qui nous suit_{qui doit rire de voir deux amoureux se détruire dans la nuit}A l’orée de ses yeux tendres, dans le rose embarrassé de ses joues, je suis sûre d’une chose — j’effleure la finalité de mon motif. Amadis tire du fond de ma poitrine un fil inaccessible, ses couleurs glissent entre mes doigts comme du sable et j’ai beau lutter je reste penaude, incapable de coucher sur la toile ce qu’il extirpe d’entre mes os.
Alors la mascarade inlassablement se poursuit. « Tu ne me déranges jamais, Amadis. Tu devrais le savoir, maintenant… Le mensonge est impudent, la moue boudeuse pour illustrer l’outrecuidance des propos. Gonflée de bonheur lorsqu’il admet — si facilement — s’être langui de moi, j’en déchire mes lèvres d’un sourire presque trop large pour être joli. Mmh, alors ça va, tu es tout pardonné. »

La gaieté est mort-née.
J’ai recroisé mon ex. Quelque chose se casse ; j’ignore quoi, ne m’en formalise pas. Lui poursuit innocemment ses histoires, confesse ses crimes sans même en comprendre la nature — sa timidité soudain m’écoeure, son oeil fuyant paraît coupable et la bile cherche sans succès à remonter dans ma gorge.

« Oh. C’est plat, suraigu, une simple syllabe pourtant si dissonante qu’elle m’écorche les oreilles. Il s’est écarté de mon script et le tressaut de ses derniers dires est un coup de grâce. Je tisse une nouvelle toile lorsque mes doigts froids lâchent son visage et que le mien s’assombrit d’une tristesse que plus tard je prétendrai postiche. Tu es terriblement cruel, Amadis. Mes mots sont mesurés — ils se doivent dagues. Je ne te manquais sans doute pas tant que ça, si tu as profité de mon absence involontaire pour te jeter dans les bras d’une autre. C’est trop acéré ; j’entends moi-même le venin dans mes protestations, et le couvre d’un sourire mielleux. Un café entre potes ? Une main de nouveau se hisse à sa joue, l’effleure à peine ; mes yeux piquent, et brillent de quelques cristaux orphelins. Foutaises. J’aurais détesté être là. Le carillon discordant d’un rire aboyé ponctue ma tirade. Les griffes glissent à son menton, le tirent à moi jusqu’à ce qu’un simple souffle nous sépare. Tu comptes me remplacer, dis ? »
Impossible — il est à moi.

Sam 13 Avr 2024 - 19:20, Re: la lune qui nous suit | amadis

La lune qui nous suit Where did you learn what it means to reciprocate ?

Elle te dit qu’elle te pardonne ; que tu ne la déranges jamais.

Et ça te fait sourire ; une petite boule dans ton estomac, aussi temporaire soit-elle.

Ton cœur se serre.

Tu sais ce qui arrive ; ton arcane ne te laisse pas de surprise.

Elle dit qu’elle te pardonne ; puis elle te dit que tu es cruel, cruel d’avoir dit la vérité – et encore, pas toute la vérité.

Et tu vois la tristesse sur ton visage ; et ton cœur se serre et se serre, prêt à éclater.

Tu n’as pas envie de la voir triste ; et tu n’as pas envie de lui mentir. Tu n’as pas envie d’arrêter de lui parler, et tu n’as pas envie d’arrêter de parler à Faye. Tu n’as pas envie de te discuter, de te lancer dans tes débats stériles sur si son inquiétude est justifiée ou non ; et pourtant, tu aurais envie de partager ce que tu as sur le cœur, les mots qui remontent dans ta gorge et dans tes pensées.

Tant pis ; tu les ravale.

Tu te laisses guidées par sa main ; le toucher fantomatique de sa peau, la légère piqure de ses ongles. Ses mots sont autant de poignards ; et c’est ton cœur qui saigne.

Tu ne veux pas croiser ses yeux ; mais tu sais.

Tu l’entends dans sa voix ; ses mots, ses regards.

Tu sais ce qu’elle te reproche ; et tu sais qu’elle a raison, que ses craintes sont fondées ; que tu es la personne qu’elle craint que tu sois. Et tu te sens mal, mal, mal ; tu imagines sa réaction, la réaction de tes sœurs …

Alors, lorsque tes yeux reviennent sur elle, ils sont humides ; les joues teintées par la honte.

- Je … Je te promets que je ne te remplacerais jamais.

Mais qu’est-ce que remplacer quelqu’un ?

N’arrêteras-tu jamais de lui parler ? Ne te mettras-tu jamais en couple ?

- J’veux dire, techniquement…. C’est toi qui la remplaces plutôt que le contraire, non ?

Un nouveau serrement de cœur ; tu imagines la réaction de Faye si elle entendait ça, et le mal qui te ronge redouble. Des doutes, des doutes ; tu aimerais que ça soit simple, tu aimerais pouvoir profiter d’un instant de légèreté ; surtout après ces dernières semaines. Mais le cœur n’obéit qu’au cœur ; et non à la raison.

Délicatement, ta main vient rejoindre la sienne, prenant son poignet entre tes doigts. Un simple souffle vous sépare ; tu essayes de maintenir son regard, mais tes prunelles glissent sur les étoiles humides qui viennent scintiller dans ses yeux.

- Je ne voulais pas te faire de mal, Sélène. Jamais. C’était juste … Juste une discussion par hasard. Pour prendre des nouvelles. Sélène … Tu es irremplaçable.

Ta voix tremble, la tendresse de tes traits devient fragilité ; la culpabilité te ronge, et tu ne sais même pas pourquoi.

- C’est … C’est juste une discussion entre amis. Pourquoi est-ce que ça te fait autant de mal ? Tu ne me fais pas confiance … ?

Amadis, tu joues à un jeu dangereux.

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