juin 2023

elle gronde une dernière fois. éteindre les moteurs. treillis militaire où une ceinture pare sa cuisse. les bottes faites pour la traque. camisole turtle neck et jacket aux manches relevées. une main gantée pour s’emparer des clés. l’autre pour retirer son casque. débarque de sa moto, fu shen. cheveux en bataille pour encadrer les joues. regard interrogateur.

devant le groupe qui l’observe. désapprobateur.

tu vas pas rentrer habillé comme pour le travail.
asbolument.

arquer un sourcil. son rifle cadenassé à sa monture. passer une main à travers ses mèches. secouer. puis suivre le groupe à l’intérieur du bar. sous les reproches les protestations. n’écoute pas fu shen et bientôt la musique les effluves alcoolisées et les existences frénétiques étouffent le débat vestimentaire. suivre les quelques regen et homines. un temps.

regard coulant à travers les clients. bar alangui pour aveugler l’ennui. une amie le tire par la manche. n’écoute pas, fu shen ; qu’on se rend directement au comptoir. regarder l’heure sur son cellulaire, une main dans la poche de son jacket.

relever la tête, iris francs dans les tiens. à travers la musique sa voix pour trancher.

old fashioned.

oublier un truc, fu shen. arquer un sourcil.

please.

défile sur son téléphone, fu shen. ne regarde pas le monde, nonchalance. le verre résonne contre le bois, c’est presque une évidence ; sa main pour le saisir à la seconde près. devant lui.

une gorgée. ta voix résonne encore et couler les yeux vers toi. un peu surpris. déposer le verre, c’est doux. planté dans l’espace c’est presque arrogant. cligner et

lèvres rouges s’étirent. malice en coin. placer son cellulaire sur le comptoir. retirer son jacket. l’installer sur le dossier de la chaise haute qu’il s’en fout si on le lui vole ; il n’y a rien dans ses poches. aimer la fraîcheur du bar sur ses épaules découvertes.

des iris en trou noir pour te fixer. quand le corps coule dans l’espace, s’asseoir. félin, fu shen ; se pencher. geste alangui quand il pose ses coudes sur le bois. relève le menton, c’est infime. pour mieux te regarder.

ici ou ailleurs. whatever. j’aime bien oui.

l’action. le pétillement dans les yeux. furtif. se souvient du jiangshi plus tôt cette nuit ; son cœur pour ressembler à celui des vivants. entre ses doigts. avoir lavé ses mains pour mieux voir le sang putréfié sa couleur terne et mort ça saigne encore. fascinant.

sourire s’étire. relève la ligne rouge en dessous de son regard.

l’action distrait. je préfère quand elle surprend. c’est ta came, c’pour ça tu m’tapes la discute ? tu sais faire quoi d’autre qu’un bon old fashioned ?

reprendre son verre. siroter une gorgée. toujours ; ses iris pour te détailler.

des iris pour grésiller. sourire au-dedans, quand tu te penches. le menton se relève, c’est délicat. provocant. dans la fossette qui se creuse le temps d’une seconde. des lèvres pour tracer à nouveau une franchise ennuyée.

s’apprêter à te répondre, sentir contre l’épaule le tapotement. tourner la tête. une amie pour lui parler. demander quelque chose qui t’échappe ; à travers la musique. non, pas maintenant. on dansera plus tard. oui, on viendra dormir chez toi si tu veux. ok à plus. elle a ce sourire puis repart.

revient vers toi. saisir son verre, couler le corps contre son dossier. l’avant-bras pour s’y appuyer. sa camisole pour mouler les gestes. une gorgée.

well

incliner la tête. c’est infime. une mèche pour glisser sur son front. les mots comme une évidence, roulent en bouche.

surprends-moi.

caler son verre. déposer. le long du bras ainsi tendu, les veines parcheminent sa peau. quelques cicatrices comme des lettres, des confessions.

fais-moi ton plus épicé. si ça me plaît, faudra me donner le nom.

dans les yeux l’éclat scintille. malice. sourire franc s’étire, relève le trait rouge sous son œil gauche. ne parle pas d’alcool, fu shen ; l’assume parfaitement dans sa voix coulante.

donne-moi un exemple de rebondissement. ça peut peut-être m’accrocher.

arquer un sourcil. nonchalant.

les bouteilles pour tinter. fu shen, tourner la tête vers celle qui l’a appelé. une amie pourtant demain il aura sans doute oublié. couler les yeux vers d’autres visages, sous la musique les lumières tamisent le bar. un couple au comptoir, plus loin ; un barman aussi pour les servir. que le monde est terriblement

ennuyant. si semblable. pourtant, fu shen ; cœur battant. tranquille. désinvolte, c’est le son du verre qui le ramène vers toi. yeux en trou noir, elle est presque réelle, la surprise innocente. ton odeur de musc ; épicée et le souffle contre sa peau. chasseur soudain

sous les muscles frémit. cette puissance coulante des traques la nuit. elle gronde, c’est doux. fourrée à travers ses côtes. sourire s’étire. cou cassé à te défier, ta présence façon géant de bronze d’un dieu fureur. elle est arrogante ; dans ses yeux, la lueur.

thanks. balth.

saisir le verre. en faire tourner le liquide. aimer le voir onduler le long de la paroi. la gorgée ; elle brûle la gorge. fu shen, adorer. pincer les lèvres, la satisfaction pour en imbiber la pulpe charnelle.

hausser un sourcil inventer l’incrédulité. la fossette au coin de la bouche. plisser le regard où scintille un instant de prédation.

je serai dehors. la ducati. mais si j’te vois toucher au sac, j’te défonce.

clin d’œil. enfiler le verre. se lever. saisir son jacket, sa main pour la fourrer dans sa poche, le vêtement pour pendre contre sa cuisse. deux doigts sur sa tempe, nonchalance dans son à plus et couler le corps dans l’espace, se retourner pour rejoindre son groupe. les écoute, fu shen. inventer les rires mêmes et dis, t’as pas un élastique ? merci. finalement je rentre avec un mec. on se reprend plus tard. tu fais la moue, je sais que ça te va.

laisser couler le temps que dix minutes plus tard ; chasseur rarement en retard. à la sortie, attacher ses mèches et la nuit d’été réchauffe autant sa peau que les lumières. dans la poche de son pantalon, extirper ses clés.

lead the way, mate

le geste ample. simple. envelopper ses épaules de son jacket.

princesse.
le rire franc. une seconde. enfiler son casque.

clés dans le contact. elle gronde et ronronne à ta suite, faire glisser la roue arrière l’arabesque pour tracer sa courbe dans la neige. à travers les secondes, sa moto pour te traquer. filer à travers les voitures et les klaxons indignés façon mélodie. réverbères et néons comme des grésillements. clignotent clignotent par à-coup font scintiller le casque, l’écarlate de sa moto. drifter dans les détours aimer effleurer l’asphalte où les lignes de circulation s’effacent avec le temps. le moteur pétarade près d’un couple passant. avoir volontairement frôler le trottoir.

et les secondes s’étirent. ralentissent. s’arrêtent devant un immeuble, derrière ta machine. faire ronronner la sienne encore quelques secondes. éteindre le moteur. silence dans l’hiver pour faire ciller le bruit mécanique aux oreilles. résidus de la route.

retirer son casque une fois près de toi. ses mèches pour virevolter.

sure. j’ai besoin d’une compétition. arkham à boston.

sourire en coin s’étire. les autoroutes sont larges dans le pays. le vent les portera.

y’a pas eu un meurtre dans l’coin by the way ?

observe les fenêtres des appartements.

ils ont jamais trouvé la personne responsable. c’tait la semaine passée j’crois. c'est l'quel, le tiens ?

mouvement du menton envers l'immeuble.

whatever. j’vais sans doute l’oublier demain encore.

le meurtre. comme tous les autres. que si l’empereur et les souverains ne disent rien, fu shen ; on n’est pas sauveur. l’anecdote déjà s’étiole dans une mémoire ennuyée. te suivre, passer une main dans ses mèches. elles font des vagues quand il les ramène par-dessus son front. l’immaculé résonne un écho industriel. entendre parfois une vaisselle clinquer. une musique fredonner.

le grincement de ta porte d’entrée. un deux. la nuit pour s’éclater par tes fenêtres. réverbères en dessous des éclats lucioles qui s’écrasent sur tes meubles tes murs ce sont les voitures qui passent en silence.

pénétrer l’antre. comme s’il y avait toujours été. aisance arrogante, fu shen ; ne le remarque pas. quand il fait couler son regard sur les lampes. l’écran du salon. la caisse de son. nonchalance altière pour poser son casque sur les coussins d’un divan.

des millions de milliards les êtres humains après tout. se ressemblent. demain, on oubliera sans doute comment étaient les sentiments ici. on se souviendra pourtant de l’espace. décortiqué en carcasse de gibier. chasseur,

l’environnement pour alerter les sens. et le cœur lui s’ennuie.

c’quoi ta musique ?

yeux de nuit coulants. te détailler. qu’il semble oublier, fu shen, qu’on est beaucoup plus petit. planté dans l’espace comme une évidence.

j’te prends un café.

parce qu’il faudra tenir la nuit.

arquer un sourcil. indie pop. rock. la fossette se creuse. dubitative. charmée peut-être. qu’il y pense et sans doute que ça lui plaît, la vérité. comme tout et rien lui plaît. déplaît. fu shen ; la fascination ennuyée de ces goûts et dégoûts et parfois le sentiment d’étrangeté. est-ce que dans tes yeux, ce soir, on arriverait à mieux saisir un sens. n’importe lequel. celui pourquoi, malgré tous les visages qui se ressemblent – terriblement humains – on arrive à différer question musique.

et alors peut-être que s’il arrive à saisir, on la verra aussi
mens.

yeux de nuit pour scintiller.

synthwave. post-rock. t’étais pas loin. power metal aussi.

s’asseoir dans l’un des divans. couler le corps c’est lent, avec des yeux pour se perdre sur les lumières éclectiques. des voitures toujours. cette nuit comme une rare certitude ; dans une vie frénétique en silence au dehors où des existences s’écrasent peut-être contre l’asphalte et y pleurent et y supplient et y attendent en taxi un bout de paradis ou bien alors quelque part elles s’écoulent à travers cocktails et soda sur une piste de karaoké ou bien alors les voitures rentrent à la maison pour y pleurer la solitude ou la fêter peut-être. aussi. être ici, demain on vivra encore. fascinant, fu shen.

et ta question étire son sourire. des lèvres rouges provocantes quand elles rigoles une seconde. c’est léger. passer la langue sur sa lèvre inférieure. se laisser tomber contre le dossier, une main dans ses mèches.

comme tout le monde oui.

yeux de nuit pour répondre au bleu de glace des tiens.

passe-moi ton wifi, j’te fais découvrir 65 days of static.

sortir son cellulaire, débloquer. que si tu t’approches ; les notifications pleuvent de ses potes.

fu shen t’es un con. t’es encore parti sans prévenir.
fu bordel j’pars pour houston demain comment t’as osé nous planter là ??
next time, on part ensemble. connard.

n’y prête pas attention. attend le code pour pouvoir se connecter à ton système de son. son nom comme une évidence sur leur groupe discord et whatsapp.

c’est hardcore. autrement. tu verras.

couler les yeux vers toi.

j’crois comprendre que t’aimes quand c’est hard et spicy.

tes gestes pour paraître sauvage. arquer un sourcil. l’amusement.

laisser sur vu tous les messages. retirer les notifications d’une translation sur l’écran. dans l’espace, le merci pour tomber, nonchalant.

application : musique
artiste : 65 days of static
album : wild light

bluetooth : les notes sont liminales. quand elles s’élèvent. violentes. puis douces.

mouvement du canapé se froisse façon brise près de l’épaule. quelque chose de simple semble-t-il que dans le monde ainsi toi et lui vous êtes toujours trouvés. une amitié étrangère. familiarité intime d’hier et demain. de jamais et maintenant.

fermer le téléphone, sourire en coin s’étire. tourner la tête, yeux de nuit coulant vers toi. la pulpe des lèvres malice. quand tu le rejoins, odeur de café après minuit c’est le matin en quelque sorte. alors boire faire rouler la chaleur le long de la gorge.

your frank attitude et ton choix d’moto.

la marque. l’attirail. cette façon arrogante que tu as eu de lécher l’asphalte. on te croirait presque immortel. mais il faudrait tenter de te tuer,

alors.

gorgée, fu shen. son nom a résonné comme une évidence. arquer un sourcil, la vapeur amère pour réchauffer la pulpe de sa lèvre inférieure. en rougir la chair sous la chaleur. c’est lent, alangui, quand il se penche. poser les coudes sur ses genoux. des yeux de nuit qui se perdent dans l’espace de ton appartement.

les lumières toujours se réverbèrent, tentent d’allumer le trou noir de ses iris ; elles se font avaler. quelque part où le regard écoute la musique.

elle s’étire comme le silence, à ta question. confortable, fu shen.

quand. hm ?

gorgée.

quand je m’assieds sur une chaise trop haute à un certain moment un certain endroit.

gorgée.

quand je crèverai.

whenever. whatever. faut un temps pour ça ?