Dagon avait profité d’un moment de répit dans son agenda pour rendre visite à son vieil ami. D’autant que la visite de Carmina l’avait encouragé à quérir des nouvelles auprès de lui. Il savait que trop bien à quel point ce dernier appréciait s’isoler loin du monde, pour pratiquer ses expériences aussi farfelues que folles. Mais toutes plus intéressantes les unes que les autres. Récemment, il comprenait de plus en plus ce besoin de solitude qui le caractérisait aussi bien. A force de courir derrière les ragots et les nouvelles. A force de suivre l’histoire se dérouler au jour le jour.

Il venait à regretter les maigres instants de clarté de sa vie, de calme et de tranquillité. Qui pourrait lui offrir un maigre répit. C’était peut-être pour cette raison au fond, qu’il vient le voir. Une sorte d’échappatoire à son quotidien mouvementé et chaotique. Non pas qu’il s’était lassé de ce dernier. Mais le calme avait parfois du bon. Surtout lorsqu’il lui offre une échappatoire à toutes ces routines toutes aussi agitées les unes des autres.

Il frappe à la porte de sa petite masure. Qu’il se fit construire à l’écart de la ville, en parfait ascète qu’il était. S’annonce par la même occasion. Aucune réponse. Si ce n’est le silence de la campagne. Le bruit sourd des criquets. Soupir qui traverse ses lèvres. Faites qu’il n’était pas encore gisant inconscient dans son propre atelier.

Pousse la porte doucement.

Lazare ? Je me permets d’entrer.

La politesse encore et toujours. Une habitude qui n’avait de cesse de le pourchasser à travers les âges et les époques. Regarde autour de lui, remarquant sans grande peine que rien n’avait changé depuis sa dernière visite, qui n’était pourtant pas tout aussi récente qu’il l’aurait voulu.

Ses pas le conduisent tout naturellement au sous-sol de sa demeure. Là où il passait le plus clair de son temps. Si ce n’est l’intégralité de son temps. Il y vivait enfermé, à tel point qu’il le voyait parfois comme prisonnier de sa propre demeure. Mais c’était dans cette prison qu’il y était le plus libre. Plus que n’importe quel autre homme qu’il avait rencontré au cours de sa longue non vie. Plus que toute autre rencontre qui lui ait été donné de faire.

L’odeur forte des herbes et des plantes de son laboratoire agressèrent ses sens à peine eusse-t ’il posé un pied sur les marches qui y descendent. Il sort de la manche de son veston un mouchoir de soie, brodé avec ses propres initiaux. A.P R.M. Qu’il dégaine avec une certaine grâce et élégance. Avant de l’apposer sur son appendice olfactif. Evitant ainsi de tomber lui-même inconscient dans sa mission de sauvetage. Quoique, il pouvait tout aussi bien être complètement absorbé par son travail et sa musique. A tel point qu’il en a oublié d’ouvrir à son vieil ami de toujours.

Vous êtes là ? Dois-je faire quérir Violette ?

Son regard traverse la pièce, le cherchant à travers la végétation luxuriante, à travers les étranges bocaux exposés ici et là. A travers la foule de spécimens qui semblent tous l’observer dans un silence éternel. Comme figé dans le temps. A leur image de vesperis. A jamais contraint de ne plus vieillir. Rêve de ceux qui n’ont jamais touché ce fardeau du doigt.

J’espère pour vous que ma seule présence suffira. J’ai bien peur de ne pas avoir les compétences requises pour vous remettre sur pied.

Esquive tant bien que mal les plantes grimpantes qui lui bloquent le passage. Faisant de son mieux pour ne pas tâcher son nouveau costume. Quelle idée avait-il eu de le porter pour rendre visite à ce vieux hibou.

Diantre mais comment faites-vous pour vivre ici-bas.