zwei ; les mots comme des grelots. quand ils tintent aux oreilles à force d’entendre et de lire les sens on y croit à ce goût qui vient rouler en bouche. humecté par quatre lettres qui s’étirent et s’étiolent c’est pour mieux imaginer dans leur espace la saveur du café. on y croit la mémoire la chair son cœur se souviennent et ramènent parfums et goûts en bouquets.

lui aussi, son nom pour compter quatre lettres. et comment roule-t-il dans la bouche des autres. avec quelle effluve parcoure-t-il les discours. sent-il bergamote et verveine comme l’indique l’eau de cologne. est-ce que le soleil aujourd’hui encore à la manière des foulards de saison. contre la nuque, il fait ses ronds de chaleur qu’il ne brûle pas l’envie de vivre. et ce soir en rentrant ; peler une clémentine pour sentir le long des doigts la fraîcheur du sucre. écraser la pulpe pour faire s’écouler le jus ; qui colle le pouce et l’index ensemble.

qui colle hier et aujourd’hui ensemble. il y aura ce chat pour s’asseoir devant sa fenêtre. il faudra tourner la manivelle, le laisser entrer. sentir ses ronrons contre son bras et un sourire en quatre lettres ; zwei. cette chaleur animale, cette chaleur-là nous aime encore. qu’à force de s’accrocher aux vivants vrais peut-être arrivera-t-on, la vérité, à faire de ce nom sa nouvelle éternité. zwei.

et laisser accrochés à l’entrée ses armes. l’envie d’avoir voulu arracher le soleil. rappeler les frontières aux existences humaines. goûter le sang comme les guerres et l’orgueil aiment tant le verser. imposer l’humilité à l’humanité. qu’un jour tu as dit mais parfois eux aussi souhaiteraient que les choses changent et c’est vrai maintenant que tu es mort

zwei ; les choses changent. c’est pour te garder éternel ; le sucre des fruits collé aux doigts. la musique du petit café où, le soir, on aime aller voir s’animer la place publique. savais-tu maintenant ils s’y déplacent en skate et la caisse nous massacre les oreilles d’un rythme ma foi fascinant.

c’est pour te garder éternel ; vouloir faire le pont avec l’humanité. qui pourtant, zwei ; ce serait hypocrite que de se mentir. parfois revient la fatigue. l’insulte. quand on se demande qui de la nuit où des ravages industriels achèvera vraiment le monde. alors étirer le sourire en un bouquet floral. et aimer. c’est tout.

parce que c’est ce que tu voulais. malgré les siècles. et parce que mort comme tu lui manques. j'arriverais presque à me croire humain. enfin.

et non ; reviennent comme les vagues les blessures. ils sont véridiques vrais les amours dans le cœur qui bourgeonnent façon printemps de grande victoire où les fêtes ont l'illusion de l'éternité. justement. et pourtant si vous le voyiez vraiment vous le tueriez. alors zwei parfois ; oui. oui. si on la dérobait à elle-même, l'humanité peut-être alors devrait-elle reconnaître qu'ils ont un cœur.

eux aussi. déréglé. concassé. étiré sur un temps trop peu défini. mais existant. toujours.
c'est injuste.

c'est vrai hier je ne sais plus qui avait un visage déformé par la peste. cela fait cent ans. la peste. je me trompe peut-être. je ne sais plus. et c'est injuste.

d'aimer les pêches d'aujourd'hui qu'elles ne se ressemblaient en rien dans les cales du navire. il y a quatre-cent ans.