L'orphelinat est toujours debout, malgré les temps qui changent, c'est l'une des seules choses encore immuable dans l'horizon d'une ville qui a trop changé au goût d'Haoran. Ses pensionnaires vont et viennent, grandissent et mûrissent pour la plupart et s'en vont accomplir la destinée qui s'étend devant eux. Si la fin est écrite ou non, on espère qu'elle sera à la hauteur de leurs espérances. On salue quelques personnes au passage et échange quelques courtoisies avec d'autres, mais on ne reste pas en place bien longtemps, car on ne voudrait pas la faire attendre trop longtemps. Chaque moment était précieux, car on ne sait jamais quand est-ce que le temps va finir par l'emporter sur la stabilité désirée par l'Humanité. Chaque seconde comptait, car il était impossible de savoir quand on avait encore besoin de réponses peut-être trop lourdes à porter.

Comme d'habitude, cinq coups sont frappés à la porte, trois étant trop peu et quatre malchanceux, avant de s'annoncer. "Maria, c'est moi." et on attend le signal pour entrer dans le sanctuaire de l'Impératrice. "Merci de pouvoir me recevoir si tôt après la réunion." On lui avait simplement demander si c'était possible de parler et on avais pas pire mine que d'habitude, mais la nervosité lui faisait triturer la bague en jade à son index. Avant qu'elles ne devienne trop moites, Haoran se rappelle de la demande de sa petite-fille. "Tu vas bien?" On connaît la réponse, mais comme toujours on espère une réponse différente. "Ramona m'a donné un thé qu'elle a trouvé sur son téléphone, elle a dit que c'était populaire en ce moment." On tourne la tête en sortant une petite boîte métallique aux couleurs imitant un vase Ming, cherchant les traces d'une bouilloire qui pourrait nous être utile. "Elle m'a demandé qu'on l'essaye pour lui dire si ça valait le coup. Maintenant ou plus tard, tant qu'on se fasse un peu de temps." On parle un peu trop vite, sourit un peut trop fort pour que ce soit naturel, mais on fait comme si tout étais normal. On sait que Maria nous connaît trop pour être dupe, mais on essaie de lui épargner tout ça, de faire comme si c'était un après-midi qu'on oublierais bientôt pour se revoir la semaine prochaine comme si rien n'était.

Tu sais comment me parler Maria, l'invitation est trop tentante pour qu'on puisse la laisse passer. "Je vais faire passer le message, mais ce sera sûrement positif, Michelle a été appelée à être son devoir de jury mercredi prochain, mais ça ne devrait pas poser de problèmes." Enfin, ça pouvait toujours être annulé, reporté ou elle pourrait simplement être écartée du jury, mais on ne pouvait pas désobéir à la loi. J'ai parfois du mal à réaliser à quel point la famille s'est agrandie avec le temps et je me revois encore dans le minuscule appartement où je peinais à la faire survivre avec son frère Curtis, ce petit monde s'est bien élargi et s'est rempli non seulement des liens du sang, mais aussi de ceux qu'on a tissé avec les membres de Regeneratio. "Je te ramènerais un peu de poivre de sichuan s'il t'en manque un peu, il était en solde chez Albert et je crois que j'en ai un peu trop pris." Je ne crois pas que je pourrais dire quand est-ce que j'ai vu monsieur Albert pour la première fois, c'est comme s'il avait toujours fait partie du paysage d'Arkham avec son petit magasin où l'on trouvait plein de produit inusités venus d'ailleurs et des épices qui donnaient le goût familier des plats de la maison. "Autant se verser une tasse maintenant, c'est mon tour de le préparer de tout façon." On s'affaire en t'écoutant, peut-être que finalement la douceur du thé ramènera un peu de légèreté dans la prochaine discussion.

Si seulement on pouvait garder les tons ensoleillés sans se soucier des nuages, mais on ne peut éviter les sujets sérieux trop longtemps sinon on aurait pu simplement faire ça au téléphone. Deux tasses servies et deux amis pouvant les partager et finalement peut-être que les jeunes pouvaient trouver des trucs intéressant dans leurs machines, vu comment le thé était meilleur que je l'avais anticipé. "Surtout que nos nouveaux souverains sont totalement différents de leurs prédécesseurs" Si les Arcanes avaient un certain profil de sélection, les différentes personnalités de leurs détenteurs précédents. "Amadis s'est bien comporté? J'espère qu'il était pas trop nerveux." J'aurais presque souris si mes oreilles n'avaient pas capté les mentions d'agitation et de l'Ange et de Sa parole. Mes lèvres sont scellés avec ton ordre, ce n'est pas comme si j'avais beaucoup de gens à qui les confier de toute façon. "Pour que l'Ange en personne descende c'est du sérieux, si je peux aider à quoi que ce soit, je suis à ton service Maria tu le sais." Sans vouloir voler le travail de Shae ou Agape, bien sûr.

"Il y a quelque chose que j'aimerais partager avec toi, Maria." Trouver les mots pour aborder le sujet devient compliqué et comme j'aimerais me taire à jamais, mais ce n'est plus possible. "Des questions à poser plutôt, je crois." Andrea m'a assez repris sur mes choix de mots au fil des années pour me faire penser à l'exactitude de mes paroles. "Je ne sais pas si ça pourrait aider avec peu importe ce dont que vous avez parlé, mais c'est définitivement quelque chose que j'aurais dû te dire il y a trop longtemps." La tasse est déjà presque vide, j'ai encore besoin d'un peu de thé pour revigorer ma gorge qui ne cesse de se nouer. "À propos du Diable perdu." Un sujet dont on ne parle jamais rarement et qui avait provoqué plus d'une frictions entre moi et les autre à l'époque. Son statut a été déchu, son nom s'est tu et depuis presque vingt ans je ronge mon frein. Ce n'est pas contre toi Maria, jamais je ne t'en tiendrais trop rigueur, mais il est temps de revenir en arrière le temps d'un instant. Que Mens me pardonne mon péché, mais j'ai commencé à douté de ses serviteurs en voulant les protéger du mal.