Quelque chose de curieux flotte dans l’air. La visite de la Justice lui est étonnante, peu commune. Et quelque chose semble le tracasser. Leon glisse ses coudes sur le bureau, observe celui qui lui fait face et l’écoute sans piper mot. L’étonnement fend sa figure, lorsqu’il forme ses questions. L’idée qu’une marque disparaisse, ne lui semble guère de bon augure.

Raclement de gorge, il couvre Aster d’un sourire dénué de jugement.
— Les premiers signes de l’éreintement sont d’ordre physique, à priori. Difficulté à récupérer après un exercice prolongé, perte de souffle d’une manière générale. Et chez les coupes – parfois chez les deniers, c’est plus rare – des pertes de mémoire. Il penche la tête, jauge Aster sans parvenir à discerner clairement le fond de sa pensée.

— Du reste, pas de symptômes qui sortent de l’ordinaire. A terme, le corps s’épuise, c’est tout. Le ton est léger, le fond cruel. A terme, on meurt. Certains plus jeunes que d’autres, injustice totale. Leon s’acharne jour en jour pour lutter dans la course contre le temps, dans l’espoir d’apporter le salut à ceux qui se battent en première ligne et s’abîment entre les griffes de leurs ennemis. Une marque qui disparaît – ça ne me semble pas être en lien direct avec l’éreintement. Ses lèvres plient, il marque une moue tandis qu’il réfléchit.

— Café, thé ? il suggère, et ses cils papillonnent. Mettre suffisamment à l’aise celui-là qui est venu se confier à lui, chercher des réponses à des questions qui les dépassent encore, tristement, tous, lui est primordial. Il se lève, enclenche la bouilloire sans attendre de réponse, marque un demi-tour pour retrouver la mine d’Aster à son bureau. Cette marque qui disparaît – tu peux m’en dire plus ? Hausse un sourcil. Secret professionnel entre ces murs, pas d’inquiétude, il rit doucement.