Elle est charmante, Yin, avec ses sourires radieux et son rire facile. Comme un rayon de soleil délicat qui remplace une mèche de cheveux d'une main gracieuse. Elle se sait belle et se fait plus belle encore, perfectionne son apparence en métissage d'occident et d'orient. Elle se gorge de ces regards qui la convoitent, les attise d'un geste en apparence anodin pour mieux se faire inaccessible. Indomptable curieuse à l'incroyable patience si son intérêt est piqué, il vient toujours un moment où elle s'ennuie et se lasse de tout et tout le monde, en dehors de ses pinceaux. Elle est terrible, Yin, dans ses colères, ses exigences et son orgueil. Éternelle perfectionniste, elle s'incline gracieusement face aux compliments et crache dans le dos de ceux qui les ont fait pour l'hypocrisie qu'elle leur invente. Parce qu'il manque toujours quelque chose à ses encres pour atteindre une beauté qui touche au-delà des cœurs d'une façon qu'elle ne saurait définir. Elle se doit d'être la plus talentueuse, la plus accomplie, la plus demandée. Elle est déjà tout ça et elle s'en targue, fière de son nom et de la place qu'elle a gagné. Elle s'enorgueillit de les avoir tous surpassés quand ils croyaient que leur sang les prédestinait à plus. Elle les méprise tous, que ce soit ces bien-nés qui la jalousent ou les moins que rien qui grouillent dans cette ville qu'elle aime tant. Mais tout son talent ne sera jamais suffisant. Elle est seule, Yin, dans le bel écrin de perfection qu'elle s'est forgé. Elle a froid quand la fatigue la pousse dans un lit vide au centre de son nid silencieux et frissonne au crépuscule d'un autre jour passé qui ne sera jamais rattrapé.