Elle a souffert Nora, de ne se sentir à sa place nul part, de n’être qu’une étrangère de plus qui s’inscrit sur un tableau de chasse. Nora, c’était la folie couvée par le poids de ses insécurités,la peur de n’être qu’une existence vaine, de n’être qu’un cycle ininterrompue d’une farce un peu trop cruelle. Peur d’être consumé par la rancoeur. D’oublier la douceur d’un rire sincère, d’une joie si pure, si belle si légère, que son coeur s’en trouver gonflée jusqu’à s’étourdir d’ivresse. — Rosenhart c’est le nom qui lui a été donné lorsqu’elle a été transformé. Elle s’y est attaché, médaillons gravé à son collier comme une laisse invisible qu’on lui aurait rattaché. — Nora, elle prend soin de son apparence, petite poupée superficielle, avec ses lèvres au goût de champagnes et aux pensées inavouables. Elle est le fruit pourrie d’une lignée gangrénée,  un mensonge forgée à même la chaire faisandée qu’elle avait appris à façonée. — Elle n’est le coeur que d’une seule cause, a selfless bitch vouée aux ambition d’un seul maitre, le prince est sa croix et sa bannière, l’objet de sa dévotion et de tous ses travers — La tête vaste et poreuse, le verbe tendre et rêveur, elle sait se faire charmante, d’un accent un peu dur, un peu grave lorsque la pointe de sa langue vient tailler les syllabes, en affuter les contours jusqu’à en arrondir les angles.

Nora, elle est hideuse.
Quand elle était petite, elle rêvait d’être comédienne. Elle voulait porter de beau costume bardés d’ors et de diamants. Elle les avait même imaginé, bleus comme les cieux, bleus comme les yeux de son amoureux. Mais voilà, Nora, elle était laide. Elle ne pouvait être une étoile traversant le ciel avec des traits pareils. Elle qui était plus bête qu’humaine, dont la disgrâce s’articulait dans la crasse de la bassesse humaine. Alors Nora avait troquer sa jolie robe pour l’absurdité des vêtements informes, le plancher des théâtres pour la cour des chapiteaux. Et elle riait, riait d’eux, qui étaient petits, si petits et insignifiants, terriblement ignorants, affreusement stupides.
               
Alors Nora, elle portait mal son prénom. Il n’y avait ni gloire ni pardon dans le corps de l’enfant monstre que l’on roulait dans la fange. Elle n’est pas bonne, il suffit juste de la fixer un peu trop fort pour s’en rendre compte.