Don’t sleep on a boy who can’t fall asleep twice
In the same night

Andrea ne relève pas la tête. Iel a entendu, évidemment. Qu'importe la douceur et la minutie du mouvement, on ne peut fermer cette porte sans que ce ne soit identifiable. Andrea sait qu'iel n'a aucun rendez-vous à cette heure-là. Les gens normaux rentrent chez elleux en ce moment même. Avant même que tu n'ouvres la bouche, iel sait donc déjà que tu es là avec une idée précise. Une idée qui, visiblement, se doit d'être transmise en direct.
Ta présence se sent dans l'espace qu'elle prend. Iel ne lâche pas les écrans du regard, passe de l'un à l'autre puis de l'autre à l'un, tape sur son clavier, clique quelques fois. Iel ne veut pas gaspiller le temps que tu perds à formuler tes pensées.
Quand tu parles, iel lève le doigt. Cela veut dire : je termine ce que je fais.
Tu ne t'en rends sûrement pas compte, mais c'est une chose exceptionnelle. D'habitude, iel répond aux extérieur-es (les gens extérieur-es : les non Coupes, les non Arcanes Souverains) de prendre rendez-vous. Tous les créneaux sont pris sur un mois.
Dans le silence, les touches et les clics continuent leurs chants. Iel aimerait finir ce qu'iel fait mais la question résonne dans son esprit. Quelqu'un t'en a parlé ? Les Souverains n'avaient conclus qu'à un interrogatoire des Arcanes Majeurs. Tu n'en fais pas partie.
Iel se reprend, fini son mail, envoie les tâches à faire. Enfin, iel se tourne vers toi. Fu Shen. Mh.
Iel n'en a rien à faire de ton impolitesse, l'aime même tant elle permet au sujet d'être abordé de suite. Son temps, comme nous le savons, est précieux. Pourquoi demandes-tu ? Ici, c'est ellui qui pose les questions. Ici, ta lance ne vaut rien. Ici, il n'y a pas à combattre.

Don’t sleep on a boy who can’t fall asleep twice
In the same night

L'Ereintement ne peut être reporté. Il est un fait, une réalité, une conséquence du temps et de la foi -iel ne connaît pas encore tes rêves, Fu Shen, mais iel croit ta fidélité sincère, simple, authentique. Alors -alors, il ne te restera plus tellement de temps.
Ce qu'Andrea peut faire, c'est simplifier la peine. C'est mesurer des choses, écrire des rapports, faire des statistiques. Tu n'y comprendrais rien. C'est normal : quand viendra ton tour, ton cerveau n'aura plus sa superbe. Enfin, si elle était présente un jour. Iel ne te connaît pas assez. La lance est longue, elle nécessite de comprendre son environnement, mais y a-t-il plus derrière tes yeux ? Iel te fixe, n'en ressort aucune information.
Il s'agissait donc d'un rêve. Andrea note d'en prévenir les souverains directement à la fin de cette entrevue. Evidemment, il est hors de question de répondre. Ces informations sont confidentielles. Andrea n'en parle qu'à ses Coupes les plus proches -celleux en qui iel a intégralement confiance. Tu ne fais pas partie de cette liste. Comment pourrait-iel se confier, alors même que Soren cherche l'Hérétique ?
La précision lae ferait presque rire, puisque tu as déjà dit explicitement que tu rêves par ton Arcane. Ah, alors, finalement, il n'y a pas tant d'intelligence dans ton cerveau ? Dommage. De quoi rêvez-vous ? Ses mains vont chercher un bloc note et un stylo, puis se croisent. Veuillez donner le plus de détails possibles, même si vous n'en êtes pas certain. Précisez alors votre degré de certitude. La démarche est claire, la méthode aussi. Ainsi, pas besoin d'autres questions, n'est-ce pas ? Après tout, iel n'a pas l'air paniqué-e. C'est une réponse qu'iel te laisse, qu'iel lâche avec le corps, puisqu'iel se refuse d'en parler avec sa bouche.

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In the same night

Yeux dans les yeux. Les trous noirs contre la surface du lac au levé du soleil. Aspirer la lumière, la refléter. Epée et Coupe. Tuer et sauver. Outils reliés par les rêves (d'Arcanes et d'ambition).
Tu ne le sais pas mais Andrea ne base pas sa confiance sur les dires d'un corps ou d'une bouche. Il n'a pas étudié le sujet du mentalisme. Cela ne l'intéresse pas. Il ne croit que les données, et c'est elles qu'il jugera, qu'il nettoiera, qu'il abandonnera ou qu'il chérira.
Bien sûr, tout t'es lié, et nous savons que ce qui est humain n'est pas fiable. Le discours est clair. Il ne doute pas de ton envie de bien faire, il doute de si tu peux réellement être honnête. L'Ange l'a dit : le songe est trompeur. Depuis, Andrea croit encore moins qu'avant. Il doute de tout. Il doute de toi. Il doute du monde, et surtout il doute de lui.
Sa main a retranscrit parfaitement ton discours. Les signes sont illisibles, dans son habituelle sténographie. Revenons sur quelques points. L'entretien se déroule comme une visite chez le médecin. Il a l'habitude de celles-ci. Est-ce que l'Arcane vous parle ? Ou s'agit-il d'une image, d'un pressentiment, d'une idée ? Il note ses questions aussi. La conversation est trop importante pour rater quoi que ce soit. Avez-vous une notion des conséquences que vous citez ? (une image, un pressentiment, une idée ?) Pareillement concernant la vérité protégée, avez vous une idée de sa substance ? Par qui, par quoi elle est protégée ? Et de qui ? Il fait comme si cela n'était rien. Son regard montre évidemment son intérêt, mais cela s'arrête là, alors que pourtant -oh, pourtant ! Pourtant, il ne peut s'empêcher de faire le lien à la vérité qu'il lui manque également. Une seule, pour passer de deux à trois.

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In the same night

Andrea note : pas de doute présent dans l'esprit du sujet quand à la provenance des messages (ne signifie pas de certitude absolue).
Andrea note : Fu Shen porte parole de l'Arcane (fort sentiment d'unité).
Andrea note : pas d'information supplémentaire.
En conclusion, vous ne savez pas. Il suffisait de répondre non aux premières questions. Evidemment que les conséquences engendrent des conséquences. Confirmation de ton intellect non expansif.
Le discours de fin lui donne matière à réfléchir. A nouveau, le duel entre Vesperis et l'Ordre le fait tiquer. Deux forces. Devraient-elles être trois ? Il relie cela aux visions d'Amadis, au chaos dans l'église, à ce qui dort sous le sol saint. Il faut trouver qui protège cette vérité. Il faut trouver quelle est cette vérité. Il faut trouver comment arriver à cette vérité.
Andrea tire un grand trait sur sa feuille. Le bruit coupe l'air autant que le noir scinde le papier en deux.
Résumons. Vous devez protéger, en tant qu'épée. Quelque chose se passera, peut-être lié à cette éventuelle vérité protégée, nous ne savons pas de qui, ni par qui. Et les conséquences seront lourdes. Il écrit en même temps qu'il parle, met ses propres syllabes sur papier. Ai-je bien tout compris ? Avez-vous quelque chose à ajouter ? Son visage reste imperturbable.

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Ton commentaire est d'une inutilité plate. Il n'agace même pas Andrea, parce qu'il ne peut pas t'imaginer réussir à formuler quelque chose proche d'une tentative d'insulte -tu te répètes bien trop. Lui, il ne dit pas ce qu'il dit pour insulter ; ce n'est que ce que les gens veulent bien comprendre. Il dit plutôt : voici comment être plus précis et direct. Ce n'est ni un conseil ni une critique. C'est un fait. Mais voilà -les gens préfèrent se plaindre que d'apprendre.
Les gens préfèrent aussi se croire spéciaux quand iels sont les plus banals. Andrea te regarde, son air n'a pas changé. Ah. La dénomination de l'Arcane Mineur t'est-elle montée à la tête ? Dix d'Epée -connais ta place. Mh. Vous parlez comme si nous étions en confrontation. Nous ne le sommes pas. Nous sommes une équipe, toustes ensemble du même côté. N'est-ce pas pour cela que vous êtes venu ? Bien évidemment, Andrea ne savait pas comment Léandre gérait ses troupes. Ca ne l'intéressait pas, et ce n'était pas son rôle de s'en occuper ; seules comptaient ses Coupes, qu'il essayait de garder égales du mieux qu'il le pouvait.
Andrea, bien sûr, aurait pu simplement dire qu'il avait le même rêve. La conclusion était évidente, en réalité, mais il ne souhaitait pas mettre cette information entre tes mains qui semblaient grappilleuses. Ce que tu dis le confortes dans sa décision : tu es un idiot, et tu fais bien mieux de ne pas savoir.
Andrea reprend son écriture quand tu continues. Affirmez-vous cela, ou est-ce une hypothèse ? Tu dis peut-être comme tu respires. Andrea ne s'intéresse pas à tes idées, mais à tes rêves. De plus, comment quelque chose pourrait être en partie vespérien ? Expliquez votre pensée, s'il vous plaît. Impériale Papesse, depuis son siège de connaissances.

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In the same night

Il y a bien des pensées qui meurent, là-bas, où naissent les idées ; il s'en rappelle, aidé comme il l'est de Mens et ses cadeaux bien trouvés, mais rarement elles sortent de cet endroit, de ce traquenard, de cette prison : il faut qu'elles en vaillent le coup. Andrea est avant tout difficile avec lui-même. C'est là qu'il y a le plus de jugement, et c'est pourtant celui-là que les autres, toi compris, ne voient pas.
Imagines-tu, ou crois-tu peut-être, que tout lui vient facilement ? Non. Ce ne sont les conséquences de choix. Ce sont une discipline, et un combat comme de ceux que tu mènes : nécessaires. Comment pourrait-il faire honneur à Mens en étant proche de Materias ? Il ne se doute pas que tu ne peux pas comprendre ces pensées-là, que ton coeur est pur mais vide ; qu'en un sens, tu le trouverais stupide tout en l'enviant.
Pourrez-vous vous entendre un jour ? Ah !
Mon savoir ne se base pas sur la divination. Ce n'était pas une insulte, c'était un fait ; un trait d'esprit, et il disait alors : mon pouvoir n'est pas de lire dans l'univers, mais dans les choses tangibles, dans ce qui est réel et qui contient la réalité de cellui qui lui a donné un sens à cet objet, à ce passif, à ces témoignages. Quand tu t'en va, il rit en une expiration étrange, presqu'étranglée -la raison restera confinée dans ses pensées.
Il prend son téléphone et envoie un message aux Souverains. Enfin, il peut reprendre son travail.