elle balance une blague salace de cette voix cristalline. qui a chanté, plus tôt, un aria à faire pâlir les sirènes. aux coins des yeux, fu shen ; l’or en paillette s’allonge en un rire. le fard en un dégradé crépusculaire, rendre félin son visage où la bouche, ici, aime à se déployer comme un plaisir. les joues caressées par un scintillement vaporeux ; maquillage calculé pour la féérie des numéros. il était dragon de soleil. durant deux heures.

elle fait rire tout le monde dans la loge des artistes, la chanteuse. quand le maître s’impose. claque son nom et

viens, on te demande.

arquer un sourcil. ne relève pas les moues curieuses. saisir sur le dos du fauteuil sa chemise. enfiler pour couvrir les arabesques où saillent les muscles. suivre.

à la loge du producteur, tu es lové au creux du dossier capitonné. le maître a les yeux brillants qu’il ne dit rien. l’abandonne avec toi. ton existence à la manière d’un prince. dans ta bouche roule son nom – pourtant ce n’était pas lui, le chanteur principal ce soir – le froncement de sourcil, fu shen. infime. hocher la tête, saluer.

sur la table ronde entre toi et lui, une bouteille où la condensation perle contre les parois. yeux en trou noir qui ne te quittent pas. saisir la bouteille.

non. monsieur.

déboucher. sourire en coin s’étire. dans les yeux, malice. répondre comme à un roi. et la confession, alors

j’adore.

et tout le long de la gorgée, graver en tête ton visage. fu shen, planté dans l’espace. presque comme une offrande. boire. le temps d’une seconde.

à toutes les heures ce que je fais se réinvente. c’est parfait. pour me demander, vous voulez un numéro privé ?

raison pour laquelle il ne s’installe pas.   

c’est délicat. quand il dépose la bouteille. tenter de faire le moins de bruit possible. éviter d’électriser la statique impériale ; celle qui magnifie l’espace tandis que tu articules, une perfection presqu’inhumaine. couler le corps au creux du divan devant ton existence.

s’installer ; quelque chose d’un instinct séculaire à obéir.

yeux en trou noir qui ne te quittent pas. pourtant. la bouche recueillie dans un silence. c’est la chair ainsi assise. qui se dit. la tête franche les épaules tranquilles. un cœur battant avec l’assurance de vivre. ce n’est pas de la défiance. l’inconscience de se présenter comme une évidence. alors qu’il t’écoute, tellement fort l’attention pourrait dégorger par le regard.

sourire en coin, quand tu parles de dettes. mouvement du menton. infime. c’est un rire au-dedans. à ces absences les gens de la compagnie expliquaient que c’est un businessman ; le patron. ignorer où il va que ce soir-là c’est la grande première, qu’est-ce qui peut être plus important. mais les absences des grands ne concernent pas les quidams sur scène.

plisser les yeux. c’est léger. quand tu te déclares clément. ramènes à la mémoire les caractères imprimés fins, minuscules et trois closes dispersées à travers le dossier. sourire alors s’étire. relève le coin des yeux ; la vois-tu, l’ironie. fu shen, son contrat on l’a lu dix fois.

collaboration contractuelle. ça en fait donc partie.

hocher la tête, s’inventer distrait. qu’il t’écoute, t’écoute. comme tout ton être l’exige. couler le corps vers le tien ; poser ses coudes sur ses genoux. félin.

c’est de toi qu’il s’agissait. le o que j’ai vu dans son agenda. ou je l'invente peut-être.

cette fois où, agacé, le patron lui a ordonné de le lui apporter. ouvert sur son bureau ; mardi cerclé de rouge où trônait la lettre unique. tous les mardis. passer la langue sur sa lèvre inférieure, mordiller la pulpe. nonchalance.

il te l’a vendu en quel état, mon contrat ? une fois sa dette payée, j’reste un bibelot chez toi ? if that's so, je vais m’ennuyer. on a un show à monter pour le mois prochain. question de fêter la résurrection. ça va être short former quelqu’un d’autre à ma place.

pour s’imaginer ange. voltiger auprès de dieu.

elle commence où, ta clémence ?

la question innocente. pragmatique.   

semble-t-il le corps veut défier. quand tu l’étudies, le cœur pour pulser et compter ses battements. installé contre le dossier, fu shen ; le vois-tu ? ses yeux où viennent scintiller quelques éclats malices. connaître ces regards qu’au lieu de vouloir s’y montrer sous un beau jour, caler ses respires dans l’assurance de vivre et c’est tout. dans une tranquillité où les muscles, les pores le long des mèches pour chatouiller ses joues les cils pour chasser des particules de poussière une bouche où l’eau laisse un fantôme de fraîcheur ; la poitrine pour se soulever sous chacun des battements des veines le long des bras où les manches à peine relevées laissent passer quelques courants d’air. tu le détailles, fu shen cligner chaque seconde l’espace de son corps pour crier. oui, ophrys.

je suis bien assis devant toi. dans les yeux une malice presque complice. arquer un sourcil quand tu mentionnes son patron. sourire en coin s’étire.

d'accord.

oui. toi et lui. savoir que tous les domaines ont leur part de nuit.

je peux tout faire. tant que ça n’entre pas en conflit avec quoi que ce soit d’autre. puisque tu me laisses le droit à cette scène encore. dis-moi, ophrys

s’il faut discuter en terme de contrat. des heures assis avec l’homme d’affaire, à l’époque.

y a-t-il des limites que je dois connaître avant le premier soir ?