Ma vie, cette sale race, grand A petit c alinéa 44. C'est devoir prendre la BMdouble-pieds pour aller faire des courses que le livreur a oublié de me livrer. La sangle de sac en plastique me rentre dans la peau, me forçant à changer celui-ci de main toutes les minutes avec l'espoir que ça changera quelque chose. Le pire dans tout ça.. C'est qu'à la base, j'avais envie de venir ici. Pire encore.. J'avais envie de venir faire mes courses sur place parce que je me suis dis que j'allais rencontrer quelqu'un. ... C'est la dernière fois que je regarde une comédie romantique. Ça me donne des idées pas franchement nettes. Résultat, j'ai acheté trop de pâtes, des trucs que je sais même pas cuisiner et une spécialité japonaise dont je ne me souviens même pas du nom.

Lorsque l'option entre galérer dans les escaliers ou prendre le prochain ascenseur se porte à moi.. Je ne me pose pas vraiment de question et commence à faire comme tout humain éduqué et civilisé.. Et appuie plusieurs fois sur le bouton en me disant que je n'ai peut-être pas assez appuyé la fois d'avant.
Les portes s'ouvrent alors et je m'y engouffre tête baissée et m'installe dans le coin non occupé, laissant le sac tomber par terre avec un petit "pouf" sourd. Mes yeux ne regardent pas spécialement l'individu dans l'habitacle. Question de survie. J'ai pas ma batte avec moi et je suis trop beau pour me faire péter la gueule. Au lieu de se poser sur lui, mon regard se tourne vers les boutons où celui du parking clignote difficilement. Je n'ai pas de voiture mais j'ai actuellement trop la flemme pour me redresser et aller appuyer sur les rez de chaussé alors ça fera l'affaire.

Dans mes pensées, je ne repère pas spécialement l'anomalie tout de suite. A vrai dire, habitué aux trucs qui marchent de manière hasardeuse, j'ai d'abord crû qu'il s'agissait juste d'un arrêt normal. Mais c'est la voix de l'homme qui me fait me poser une question. Les portes ne s'ouvrent pas. L'ascenseur ne bouge plus. Et il appuie sur le bouton de service. Okay, ça pue.

On est bloqués. Suspendus dans les airs dans une machine de mort qui ne marche plus. Les portes sont fermées. Les murs se resserrent. J'ai du mal à respirer. Je ne me sens pas b-.. Attends.. Je suis pas claustrophobe moi. .. ...

Roulant des yeux, je penche la tête sur le côté et essaie de voir si le miracle de l'opérateur se produit. Mais.. Rien.

- Hm.. Alors, je vais pas mentir.. J'aurais été plus surpris que quelqu'un réponde plutôt que de devenir millionnaire avec un jeu à gratter.

Mes yeux clignent doucement, un long soupir venant interrompre ma prise de parole.

- Je sais. J'aide beaucoup. Je n'ai pas pris mon téléphone comme je ne voulais pas me le faire voler. Donc.. Euh.. Voilà.

Détaillant enfin Monsieur DeDos, je me dévisse légèrement le cou pour pouvoir le regarder correctement de haut en bas. Bien que difficile de voir à quoi ressemble quelqu'un quand il ne nous fait pas face, j'arrive au moins à déterminer une chose. Il a un gros dos. Celui de ceux qui n'ont pas un corps qui se fait casser par le vent comme moi. Mes lèvres font une moue légère tandis que je profite des quelques secondes avant qu'il ne se retourne pour l'imaginer tel un bachelor. L'espace de ces quelques secondes, je l'imagine se retourner, être complètement canon et me retenir dans ses grands bras pendant que je m'évanouie parce que j'ai peur du vide. Trop hâte de me rendre compte qu'il ressemble à un poux malade.

- La dernière fois que c'est arrivé, ça a pris plusieurs heures pour redémarrer.. Moi c'est Charlie, et toi ? Plutôt team "On parle pas" ou team "Passons le temps" ?

En vrai, je n'ai aucune idée du temps que ça prendra. C'est la première fois que je suis enfermé dans un ascenseur. Mais dans les films et les comédies romantiques, ça prend du temps.

Il a une belle voix. La voix de quelqu'un sait s'exprimer clairement et distinctement. Une voix assez masculine sans pour autant faire de trop. Il a une voix qu'on a envie d'écouter. Par contre, si on me demande ce qu'il vient de dire, j'en sais rien. Je l'ai écouter, ça veut pas dire que je l'ai entendu.

Il soupire et ma moue s'allonge alors que je vois mes rêves illusoires s'envoler comme les sous sur mon compte en banque. Il lâche ses sacs et je me vois partir. Il va me péter la gueule puis les genoux. Ou l'inverse. En plus, il doit avoir de la force comme ses sacs ont fait du bruit. Ou alors c'est un fragile comme moi et il ... Se retourne.

Damn boi mama the house down boots comme ils disent à Rainbow hill. Mon visage est stoïque, impassible et je ne réagis pas plus, haussant les épaules avec lui pour l'imiter, comprenant qu'il essaie d'appeler quelqu'un. Et puis quand il tourne la tête, le masque tombe temporairement. Mes yeux s'écarquillent, ma moue tombe et je regarde le mur en me disant que j'ai du rêver. Son visage.. Ses traits.. Je le reconnais. Evidemment que je le connais. Tout le monde doit le connaître. C'est.... L'homme de ma vie. Ahah. Okay j'arrête. Je sais pas qui c'est mais il est plutôt canon.

Hadrian. C'est joli comme nom. Ça reste prononçable.. Pas comme Mimosa, Arnaud ou Bonnifaccio. Je cligne doucement des yeux et m'apprête à lui donner mon prénom avant de me souvenir que c'est moi qui ai engagé la conversation dessus.

Attrapant mes lunettes, je place les lunes jaunes sur le sommet de mon crâne, la teinte des verres étant presque dérangeante dans un espace clos et peu éclairé. Je l'observe fouiller dans son sac et, l'espace d'un instant, j'hésite à lui demander s'il cherche ma dignité. Mais je me dis  qu'on est pas encore assez proches pour ça. Enfin, proches. Si. Parce que bon, c'est pas un immense ascenseur non plus. Est-ce qu'il porte un parfum ? Renifles pas Charlie. Tu vas passer pour un creep.

Sa question me surprend mais me fait rire, secouant légèrement mon corps avant que mon haussement d'épaules ne prenne le relais.

- Je ne suis pas spécialement connu pour être chanceux. Mais je m'en sors toujours en vie. Donc.. Si ça peut vous rassurer.. On y est peut-être pour des heures mais, normalement, les câbles ne vont pas lâcher.

Je souris un peu bêtement en me rendant compte que ce que je viens de dire est plus flippant que rassurant et me râcle la gorge.

- Ahem.. Vous avez besoin d'aide pour cherchez quelque chose ? Je vous vois galérer dans votre sac là..

Mon dos quitte le mur métallique tandis que je me redresse sans pour autant faire de pas vers lui. Le faire reviendrait à presque me coller au dessus de son épaules. Et bon, vu qu'il est grand, à part manger son omoplate, je vois pas ce que je vais pouvoir faire.

- J'ai de quoi boire et grignoter dans mon sac si jamais ça prends trop de temps et que vous avez faim. ... Juste par contre, ça vous va si on part sur du tutoiement ou c'est trop tôt. Ça me fatigue de vouvoyer, j'ai pas assez dormi pour ça.

Marquant une pause, je reprends, cherchant à me vendre un peu. Je cherche, cherche et cherche encore un moyen de relancer la conversation de manière intéressante sans pour autant montrer que j'ai vraiment envie de lui parler. Pour une fois que je suis dans la même pièce qu'un beau mec et qu'il veut pas me manger.. Allez. Charlie. C'est ton moment. Brille !

- Je parle beaucoup quand même.

Nailed it.

Ce date marche mieux que mes derniers rendez vous Tinder depuis au moins deux mois. Je veux dire, il m'offre même du café sans que je paie et sans s'attendre à ce que je rentre avec lui ce soir. Je pense déjà pas qu'il s'attends à sortir d'ici de base.. Peut-être que c'est pour ça qu'il me parle et me drague. Non, je sais, il me drague pas mais c'est ma tête, j'ai le droit d'y croire ce que je veux. Et si j'ai envie de me bercer d'illusions, je le fais. JE DISAIS DONC.. Il me drague lourdement parce qu'il doit y voir comme son dernier jour sur terre. Il n'a plus peur que son père rejette notre amour parce que c'est un Capulet et pas moi. Peut-être qu'il voudra m'embrasser ce soir pour lever la malédiction. Et.. ... .... Je manque de sommeil tiens.

- J'en veux bien oui. Mais, tu n'as qu'une tasse ? Ça me dérange pas de partager la tienne. Je ne suis pas malade, je me brosse les dents régulièrement et je me rends compte que je partage trop d'informations personnelles et je ne sais pas comment terminer ma phrase.

Mon visage est tourné vers lui et mes yeux sont bloqués sur les siens tandis que mon expression faciale est figée dans une espèce de rictus de mal-être intense. Me surprenant même de prier pour qu'un câble lâche ou que Monsieur JeSuisBeauSansEssayer lâche un gaz juste pour équilibrer la honte dans les deux camps.

Sa remarque me rassure cela dit. Soit il s'en fiche effectivement, soit il est assez diplomate pour prétendre que je ne suis pas une tâche de plus dans sa journée. Cela dit, ce serait vraiment drôle à raconter comme histoire lors de notre mariage. Ce serait quoi mes vœux ? Dans la pauvreté comme dans la pauvreté.

Lorsqu'il demande pour fumer, je ne peux m'empêcher d'éclater d'un rire franc mais momentané, ne durant pas plus de deux secondes, rapidement coupé par un raclement de gorge.

- Ah oui.. Fumer risque d'abimer la machinerie de l'ascenseur. Ce serait dommage qu'il s'arrête subitement.

Clignant doucement des yeux, je l'observe avec une pokerface digne d'un champion de poker amateur puis précise.

- Tu peux fumer, ça ne me dérange pas. Je crapote de temps en temps quand on m'en propose. Et puis, objectivement, avec la qualité de l'air d'ici, c'est limite si c'est pas une amélioration.

Avec un sourire complice, je finis par regarder par terre. Pas spécialement sale mais pas très propre non plus. Mon sourire se transforme en moue puis une étincelle d'ingéniosité s'allume en moi. Dégainant mon écharpe de secours de ma bandoulière, je la montre à Hadrian sans qu'il ne doive piger une seconde.

- J'ai trouvé notre banc.

L'installant au sol de manière à couvrir assez de terrain pour deux personnes, je viens m'asseoir dessus, évitant de salir mon pantalon. Confort, propreté et ingéniosité. Continue Charlie, bientôt ton C.V va être assez bon pour qu'il oublie que tu lui as parlé de ton brossage de dents.

- Tu fais quoi dans la vie ? Pour boire du café tout fait, tu dois avoir un boulot qui te fatigue, non ?

Quel beau coup de poker du joueur américain. Si il réussit, il passe pour quelqu'un d'empathique. S'il se loupe, il passe pour une judgmental bitch. Stay tuned for the next episode.

Je n'aime pas vraiment le café pur, ça a tendance à me donner envie de vomir. J'aime quand il est sucré, infusé avec de la vanille et ou ou de la noisette. J'aime avoir de la crème dessus, qu'on épelle mal mon prénom sur la tasse et qu'on m'engueule quand je dis qu'on m'a donné du thé. Faire mon café moi même me donne l'impression d'être un mec dépressif qui va au taf à reculons.

- Okay !

Ma voix est souriante, presque mielleuse. Je transpire momentanément la joie de vivre alors que je suis coincé dans un ascenseur et fait une mixture de café dans une tasse plus ou moins passable. Ma vie, c'est de la merde. Mais au moins le mec est beau.
Ses remarques me font légèrement pouffer de rire et, en toute sincérité, c'est assez salvateur. Interrompant mes moments de haut le cœur et les camouflant avec des petits rires amusés. Un uno dans un ascenseur bloqué, pas mal. Je donnerai cette idée à Mim's la prochaine fois que je la croise.

- J'en ai pas acheté non plus déso-..lé.

Je déglutis difficilement, prenant une grande inspiration du nez pour faire passer rapidement la gorgée de café infâme dans ma gorge. Je souris malgré tout, d'un rictus tordu cela dit. Profitant du fait qu'il s'installe à côté de moi pour lui faire de la place et justifier la coupure de mes mots.

Je l'observe du coin de l'œil. Une jolie manière de dire que je le mate sévère.. Son parfum vient dans mes narines et si je n'étais pas en train de mourir avec le café, je l'aurais sûrement complimenté. Voyant qu'il s'apprête à me poser une question, je finis par m'étirer vers son sac pour attraper le sucre que je viens "déboucher" et commence à verser dans ma tasse.

- La sociologie ..? J'ai une vague idée de ce que ça représente mais je me suis toujours demandé ce que... Vous faites dans les faits... C'est pas un jugement hein, je suis juste un moldu de la socio.

Hochant la tête, je souris doucement, le son du sucre dans la tasse venant occuper le silence.

- Moi ? J'ai fais de la musicologie. J'ai raté mes examens cela dit. J'étais pas mauvais, j'étais juste trop occupé avec mes petits boulots donc j'avais pas le niveau.

Mes épaules se haussent légèrement, quelques grains de sucre projetés sur ma jambes ne parviennent pas à me débloquer du geste.

- Pourquoi une année compliquée cela dit ? J'ai pas l'impression qu'il y ai un climat super différent de l'année dernière.. Si ? C'est toujours la merde.

Je ricane légèrement puis baisse les yeux et perds mon sourire. Je regarde la tasse de café et le sucre qui coule toujours. J'arrête mon geste, sans un mot, et referme le paquet en le déposant dans son sac. Mes yeux sont rivés vers le contenu de la tasse et je frémis d'effroi. Là où la noirceur était pleine, je peux désormais voir une pellicule blanche dans le fond trouble de ma boisson. Je déglutis lentement et réalise aussi que je n'ai rien pour touiller. Alors je continue de fixer ma boisson avant d'y mettre mon index d'un air résigné. Mélangeant pendant quelques longues secondes silencieuses, je fini par sucer mon doigt par réflexe et oublier qu'au final, ça reste du café noir. Mon rictus dégouté revient de et je tourne la tête pour ne pas voir le regard d'Hadrian.

Mes lèvres se portent à la tasse et j'y goutte pour tester. Une horreur. C'est immonde. Pourtant, j'essaie de garder bon figure, de garder la face devant un homme digne des couvertures de magazine. C'est ma seule chance dans la vie de pouvoir me dire que j'ai put parler avec un mannequin d'Abercrombie. Mon visage exprime un sourire forcé derrière la tasse, l'une de mes paupières venant légèrement tiquer sous le dégoût refoulé.

Me râclant la gorge après cette délicieuse interlude, je reprends.

- J'ai de la tequila dans mon sac si jamais ça prends trop de temps d'ailleurs. Et des .. Nino.. Nonirgi. Un truc japonais en triangle.

Un court soupir s'échappe de mes narines avant que ma voix ne revienne, quelque peu plus timide.

- On est d'accord que je brille quand même pas beaucoup par mon intelligence depuis le début de cette conversation hein.. ?

Un rire nerveux s'échappe régulièrement de mes lèvres tandis que l'homme de ma vie s'exprime sur différentes choses. Il est beau quand il parle et même quand il parle pas. Et une part de moi a envie de lui dire qu'il fait chier à être parfait. Mais je me dis que ça risque de jeter un froid alors je ne le fais pas. C'est ça être adulte. Savoir être creepy en secret.

Lorsqu'il remarque mon dégoût pour le café, je me sens particulièrement con mais l'entendre rire aussi franchement me soulage et me donne l'occasion de laisser la tasse dans un coin de l'ascenseur comme un enfant essaierai de cacher un dessin sur un mur.

Hochant doucement la tête, je me détache du mur pour attraper mon sac de course que je viens faire traîner sur le sol parce que bon.. Faut pas abuser hein.

- Les élèves, c'est presque tous des cons de toute manière. Je le sais, j'en étais un.

Un petit ricanement pour ponctuer cette révélation pas du tout surprenante, je viens sortir le saint graal sous la forme d'une bouteille de tequila à bas prix. La posant entre nous, j'attrape aussi les moshi moshi et les dépose à côté de la bouteille.

- Bon par contre, comme je suis pauvre, la tequila a un goût de jet fuel et je suis certain que cette douceur japonaise doit être aussi japonaise que moi.. Mais...

Les épaules prisent d'un sursaut, je fais semblant de vouloir ouvrir la bouteille de tequila et ne pas réussir, frottant mes mains en grimaçant comme si le bouchon métallique me résistait. Croisant mes bras après avoir reposé la bouteille, je m'orne d'une petite moue.

- J'avais pas envie de la boire de toute manière...

Mes yeux le dévisage du coin des paupières, attendant de voir s'il sera mon prince charmant ouvrant le bocaux de cornichon avec ses gros muscles. Peut-être qu'il a les mêmes biceps que Arnold et qu'il va déchirer sa chemise en les flexant. Ou alors il va ricaner, et me dire de réessayer et j'aurais l'air d'un con. Non, va-t-en réalisme, laisse moi vivre dans ma fantaisie okay ?

- Je ne maîtrise pas le sujet, mais je pense que ça peut être vraiment intéressant.. Sincèrement hein. Si jamais tu as une explication de pouvoir Arkham pue, dans tous les sens du terme, je suis ouvert aux réponses.

Déchirant l'emballage des itadakimasu, j'en attrape un avant de lui tendre le second.

- Bon et sinon.. Famille, amis, romance.. Raconte.

Franchement, quelqu'un me demanderait ça, je fuirai.. Maiiis... Vu qu'on peut pas fuir et que j'ai déjà exposé le fait que j'ai les capacités sociales d'un goéland.. Autant vérifier discrètement si ma future belle famille m'accepterait. Probablement pas, mais on sait jamais. Si ça se trouve, ils sont fans de... .... Meurtre et vampires ? Ouai, on peut espérer hein..

La force de mon futur mari me fait sourire et m'aurait preeesque fait rougir si j'étais un peu plus jeune. Mais j'en ai vu des mecs musclés depuis. Dans des magasines. Vie de merde à l'aide.

Sa chemise résiste, à mon plus grand dam, et il dépose la bouteille non loin de moi. Il me laisse l'honneur ou veut me voir bourré avant lui ? Dans les deux cas, je vais boire. J'ose juste espérer qu'il ne va pas attendre d'être pompette pour me demander en mariage parce que c'est moins romantique à raconter au diner avec les parents. Faudrait d'ailleurs que je retrouve ma mère pour lui annoncer les fiançailles maintenant que j'y pense.

Il parle de sa famille. Enfin, de sa nièce. Puis directement de ses amis. Sans vraiment donner plus de précision. Je l'observe, la bouteille de tequila aux lèvres, oubliant que je ne prends pas une gorgée d'eau mais d'essence pour avion. La déglutition m'arrache une grimace ridicule, mon œil droite se fermant presque tandis que ma gorge se fait désinfecter façon lance-flamme.

- P-.. Poison..

Je tousse doucement avant de ricaner, hochant doucement la tête. Je viens lui tendre la bouteille tout sourire en entendant qu'il semble être célibataire.

- La famille.. J'en ai pas. Plus. Pas.. Je sais pas en fait. Je n'ai jamais connu mon père, ma mère est.. Quelque part ? Et je suis fils unique donc.. Je fais vite le tour.

Croquant dans un mawashigeri, je boulotte la chose avec une moue satisfaite, essayant de vider ma bouche rapidement pour continuer.

- J'ai quelques amis mais pas beaucoup. Je pense que les gens me trouvent trop bizarre de manière générale.

Marquant une pause, je l'observe sans vraiment le regarder, prétexter avoir les yeux posés sur la bouteille d'alcool.

- Romance.. Je suis maudit. Tous mes ex.. Ça a jamais duré longtemps. Je ne sais pas si je suis si repoussant que ça ou si je tombe juste sur des gars qui ont peur de s'engager. C'est si dur que ça de trouver quelqu'un de stable, gentil, beau, protecteur, grand, riche et intelligent ?

Courte pause.

- Non, je vise trop haut. Un peu stable, gentil, beau, protecteur, grand, salaire normal et intelligence moyenne ?

Raclement de gorge.

- Trop haut. Stabilité optionnelle, sympa, regardable, qui connait mon prénom, qui touche le sol, qui sait compter et respirer en même temps. Et qui respire.

Pensant aux Vesperis, je fini par ajouter quelque chose sous couvert d'un blague.

- Et encore, je met la respiration en option. Je parie qu'on va me dire que je suis trop picky sinon. Et toi, ton type ? Qui aime le café ?