Un sourire avait fendu ses lèvres alors que le regard carmin s’était déposé avec une certaine curiosité sur le papier pour s’enquérir de la plume caractéristique de son fils favori.
Asmodeus ne répondait bien entendu d’aucune convocation, mais il n’était pas étonnant de recevoir pareille demande de sa part.
Après tout, Dante était une créature curieuse et prudente, ce qui justifiait sans mal sa longévité.
Le Ministre lui avait bien enseigné.
Le regard qu’il eût adressé à la porteuse du message fut suffisant pour la faire disparaître, après un hochement de tête respectueux.
Asmodeus prit ainsi la route en direction du quartier de Piccola Italia, afin de se rendre au lieu de rendez-vous proposé par l’enfant.
Ce déplacement était après tout une occasion parfaite pour confier une certaine tâche à Dante, puisqu’il n’avait pas encore eu le temps de la contacter jusqu’ici.
La marche était élégante, tranquille.
Mélodie morbide qui s’échappe d’entre ses lèvres.
Asmodeus n’eût besoin que de quelques pas dans le bar de Dante pour se faire remarquer par ceux qu’il baptisait ses “rats”.
Si d’aucun aurait pu juger cette appellation comme une insulte un peu maniérée, le Ministre Nosferatu jugeait quant à lui qu’elle convenait tout à fait à des engeances de leur nature.
Un Nosferatu ne devrait pas avoir honte d’être appelé ainsi, car cela faisait sa force.
Il lui suffit de prononcer le nom du propriétaire pour être rapidement guidé à son bureau.
Frappe contre le bois de la porte, du dos de la main, puis rentre sans attendre de réponse.
Son visage, éternellement figé dans un sourire carnassier, précède le bruit de ses pas.
Les yeux roulent avec curiosité sur les murs.
Le Vesperis millénaire se terre d’abord dans le silence.
Et si Dante eût l’idée saugrenue d’interrompre le cours de ses pensées, aucune réponse ne lui fut offerte par la présence.
Lorsque ses lèvres se scindent pour libérer sa voix, cette dernière emprunte un timbre caverneux, sordide.
Tu as souhaité me voir, enfant. Je partage cette envie. Ainsi, me voici en ton domaine.
Quelques enjambées suffisent pour envelopper la pièce de son rayonnement obscur.
Un gloussement accompagne ses mouvements.
Son regard décortique les décorations de son bureau.
Tout cela semble si… Humain. Un reliquat de ta vie précédente. Est-ce que tu regrettes d’être devenu l’un des nôtres ?
Asmodeus n’attendait, évidemment, aucune réponse.
Pour cause, il avait enchaîné sans laisser à Dante le temps d’en formuler une.
Quelle est ton envie, en me faisant venir ici ?