il est chaud dans la paume. on pourrait presque l’entendre battre. imaginer un peu encore. il est caoutchouteux, quelque chose d’élastique. et la vie s’étire c’est vrai. la presser un peu entre les doigts. ce cœur de jiangshi a des allures de balle anti-stress.

sur l’herbe son sang dégouline. forme des perles rouges comme tes mots font des perles nocives à travers l’air. si on les respire ; est-ce que les papillons tenteront de l’épouser. lui aussi. l’odeur humide de terre friable. ces automnes où les feuilles mortes empestent. les vers et les chenilles.

sa lance salue la terre. pointée vers l’enfer. ses yeux en trou noir pour te fixer. reconnaître les chairs lovecraftiennes. celles qui viennent d’ailleurs que dans le miroir à se voir elles ont hurlé. c’est vrai que la mort peut hurler de se voir vivante.

cligner. le sang d’un des tiens accentue le trait rouge des yeux. dégouline sur sa joue comme le cœur. quelque part loin, un feu s’est fait et les entrailles ont été reprises à materia. sa lance salue la terre. chatouilleuse. un pas. le geste infime, la pointe pour se relever un peu.

avancer. si tu es mort tu n’es rien. dis.
je n’ai rien à perdre justement.

alors les iris en prédation. dans la voix, comme une confession.

je sais. je n’ai pas frappé.

un pas.
avancer. faire craquer l’herbe sous les pieds. la pointe pour scintiller. elle te cherche, tout près de son maître. chienne d’âme. il a laissé son rifle avec l’équipe. là-bas. loin. alors

le geste vif. lancer vers toi
un cœur de vesperis.

focus

yeux en trou noir ; des étoiles soudain scintillent. violentes. corps en prédation s’élance. que dans les pupilles il n’existe plus que

toi.

la juge a le sourire froid. son acier rougit du plaisir charnel. sur l’herbe le sang sacrificiel. la lame comme une succion quand la créature se meut. ta voix façon glas et il est presque sur ses lèvres ; encore invisible. mais sa bouche a un semblant de sourire quand la voix se fait tranquille

les saints n’existent pas.

la fulgurance de la douleur fait frémir le corps. contre la lance, sa main enserre. instinct de résister et les dents se serrent alors que tu t’éloignes. battements de cœur à travers la chair le pincement comme la chaleur des amants. le sang brûle quand il suinte parfois. le temps de quelques secondes. ces secondes empruntées à l’éternité où tu ris

presque un chant dans l’espace. tu sais vivre alors. fascinant. mortellement fascinant. une main à sa blessure, fu shen ; t’écouter, sur le visage une curiosité vide. distante. quand il observe ses doigts où son sang se fait peinture chinoise.

il est sur ses lèvres. alors. le rire. dans ses yeux en trou noir. quand il te regarde c’est presque de l’amour.

a waste of time. m’inventer une raison. te tuer ça va.

frotter ses doigts entre eux. son sang.

ça s’fait sens tout

le geste.

seul.

se marier à ta vitesse. une danse divine entre le corps et l’esprit. la lance a sifflé à ton oreille. te manquer volontairement, que les vents ont murmuré soudain son nom. l’emporter à travers l’espace disparaître parmi les arbres. béni par l’épée, faucheur de temps, c’est qu’il s’ennuie. alors

dans la forêt autant marquer les secondes. réapparaître à quelques centimètres de ton visage. c’est brutal. les yeux en néant. entre toi et lui l’air se soulève. chatouille les mèches. chatouille l’odeur de mort. une fraction de seconde, couler les hanches, premier pas de danse ; le coup de pied au visage.

pour rivaliser avec la puissance de l’éternité putréfiée. te propulser plus loin. chasseur n'empale pas l'oiseau s'il n'est pas en vol.

les pupilles se dilatent. sous la puissance divine le corps ne veut rien dire. porteur de forces qui ne lui appartiennent pas. les jiangshi les démons peuvent écraser le monde d’un ongle. disent les légendes. entendre l’os craquer. à travers les chairs la douleur sourde électriser les nerfs. l’engourdissement semble-t-il et résonne le cœur.

pulse la chaleur démente. soudaine. une adrénaline à l’échelle des dieux. elle coule à travers les veines y dilue la douleur sous une frénésie séculaire. corps prédateur les muscles se tendent ; l’arabesque du bassin et la jambe qui se lève æon aurait adoré sur la scène on le louangerait. le coup qui part, contrôle sourd et la violence y gronde décuplée par le pouvoir de

mens
absolument pas

vient s’abattre contre tes chairs. contre tes os. te force au déséquilibre. le coude pulse, c’est le cœur qui a glissé vers l’os. qu’il se relève son bras intact pour se saisir de tes cheveux. poupée de chiffon qu’il t’invente prendre appui sur ton cadavre, la poigne est divinement démente. se relever et le bras se fait levier. jeter ton corps contre un arbre avec la bénédiction de

personne

une force solaire et c’est elle encore qui lui permet d’avancer. sourd à la douleur pourtant le cœur bat si fort, le sentir à travers les muscles du coude.
l’os qui c h a t o u i l l e – est-ce qu’il grince à travers les ligaments ?

s’avancer pour récupérer sa lance plantée en terre. d’un geste – nonchalance arrogante – la juge scintillante quitte les feuilles mortes.

naïveté que de penser qu'elle protège anywhere. anyway.

des yeux en big bang. où la douleur éveille la déflagration du monde. rivés sur toi comme la plus pure des vérités. qu'est-ce que ta bouche aura à dire, dis

si à ton tour,

cligner. avant que tu ne puisses quitter la solidité de l'écorce vivante ; chasseur fondre. à travers les cheveux les vents dégagent son front. des yeux déments sur un visage trop clair. la juge scintille avant de venir percer tes chairs, mordre le tronc. un bras ballant, il faudra trouver une attelle parmi les racines et les branches.

papillon piqué. c'est lent. félin. quand il approche son visage. vouloir observer cette humanité décomposée. toujours. y aspirer le restant de chair. on a fait la même au vesperis quelques heures plus tôt. il n'avait rien d'intéressant. ennuyant à mourir.

qu'est-ce que ta bouche a à dire. encore. avant que mens ne l'abandonne une nouvelle fois. pouvoir éphémère sans ailes parce qu'elle ne sait pas protéger. l'absente mère-dieu.  

tu trouves que c'est de la haine ?

question franche.

on pourrait le devenir. à force. à t’inhaler ainsi. on pourrait l’être à son tour. mort. avec tes relents en baisers invisibles. peut-être alors – lui aussi – aura un sang plus vivant. qui s’écoulera de sa bouche avec des mots vrais. que des mèches de cheveux pour venir chatouiller le front, ses joues. quand il s’approche davantage. des lèvres fermées qu’elles ne se déforment ni par haine ni par pitié. cligner. les doigts sur son arme façon balise. si près désormais parvenir à saisir dans ta chair

les battements de cœur qui se sont accrochés. à quoi. il l’ignore. que des mèches de cheveux pour venir chatouiller ses cils. un parfum de lessive, mais à côté de toi cette fraîcheur paraît aseptisée.

par l’ennui. et tu le rends brillant. scintillant dans le vide. l’ennui. dans ses yeux. fichés au fond des tiens comme sa lance. le froncement des sourcils. infime.

peut-être. je pense qu’elle s’en fout.

mouvement du poignet. l’articuler comme il respire. la juge dans tes chairs se tortille. maligne. l'écorce résiste davantage.

sinon on ne perdrait pas notre temps à ramener en tombe les trucs déjà mort. je peux prétendre que ça m’amuse. paraît que ça donne une saveur à l’action. dans les livres et dans les séries.

incliner la tête. c’est doux. hausser un sourcil.

mais c’est de la bullshit. vous êtes pas des monstres. vous êtes juste morts. ça ne m’amuse pas la mort.

c’est délicat dans la voix. claqué comme une évidence. pourtant ; de ta plaie le sang suinte. celui des autres à ton nom.

brûler. battements de cœur s’affolent. brûler. les bulles en cloques le long de la chair. lancinent. au-dedans la douleur fond. battements de cœur s’affolent. aux tympans la fièvre entendre à travers sa joue sa nuque – tu effleures la marque du dix et elle semble hurler – entendre le sang

pulser la panique. dans l’étreinte funèbre les yeux saisissent. que la juge divine résiste contre la résurrection de tes plaies. résiste résiste ; brûler. les cloques contre la joue la mâchoire le visage

pour se décomposer. s’appuyer sur sa lance, t’utiliser ton corps cadavre en train de revivre comme levier. se détacher de ton étreinte. c’est brusque. sauvage, quelques pas pour reculer. forcer la distance et encore une fois

résister. l’envie instinctive de toucher les chairs ; esprit, fu shen. oublie le corps.
o u b l i e

la douleur qui lancine. battements de cœur pour étouffer peu à peu le respire. il faut partir. ou te tuer. fu shen l’envie de te tuer et tant pis s’il se gangrène. mais

t’as tort. ça fait chier, mais t’as tort.

les entends-tu ; les cris. les croyants de mens hurlent son nom. le bûcher est terminé. ne restait que le cœur désormais lui aussi consumé. consommé.

il n’est pas indifférent, au contraire.

il. le dix.
méfiance.
à travers les épées.
l’avoir choisi pour sa méfiance.
l'avoir forcé à rêver.

dans la voix, comme une confession.

on se reverra.

qu’ils crient toujours son nom. sa chair supplie de survivre. on se reverra. qu'il faut partir.