trimmed to the bone ft. Fu Shen

Dim 25 Fév 2024 - 20:28, trimmed to the bone ft. Fu Shen

jusqu'aux os

tw : cannibalisme

Avec le temps, Stolas pensait avoir perdu la capacité d’éprouver. Que c’était des départs ou des déceptions, il avait mis une distance décisive entre les autres et ses attentes : il n’attendait plus rien de personne en réalité.

La dernière personne qui comptait; peut-être que c’était Chen Dao, peut-être que c’était lui la dernière brûlure qui avait cautérisé son affection hémorragique. La douleur du deuil, la souffrance de la séparation : il aurait cru pouvoir se laisser dépérir s’il n’avait pas été un si bon toutou pour son maître.

En réalité c’était plus facile ainsi désormais. D’obéir sans réfléchir ou sans écouter son palpitant malmené. Il suffisait d’écouter, d’être docile pour se sentir utile et désiré. Il n’avait plus besoin d’autre chose.

Pourtant, le goût de son sang était salé. Une goutte hideuse et laide qui roulait dans le long sillage de ses traits avait atteint la commissure de ses lèvres tremblantes. Voir sa tombe était douloureux.

Stolas pensait avoir le contrôle, mais la peine bien que vétuste semblait se loger dans sa gorge sous formes d’un millier d’éclats de verre. Respirer était un calvaire; se confronter à sa mort qu’il avait longtemps nié en était encore plus une épreuve cruelle. Il avait déposé une chrysanthème comme à chaque année, espérant que celle-ci lui soit de bonne augure lorsqu’il sera réincarné. Jusqu’ici il attendra, docile et patient car il préservera ses vestiges. Stolas l’avait mangé jusqu’aux os, jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien qu’un autre pourrait lui dérober afin qu’il puisse continuer de vivre à ses côtés en attendant sa prochaine vie, quelque part, entre deux néants distordus parmi les voix qui le hantaient.

luminescence;

Dim 25 Fév 2024 - 21:05, Re: trimmed to the bone ft. Fu Shen

music - www

et si ce n’est pas pour eux, dis ce sera pour toi. père. avec l’odeur humide c’est la neige. ou la pluie. des fenêtres aux étages où ruisselle le gris. des volutes mouillées de smog et de nuages dégorgés. aujourd’hui l’encens aura la même teinte. fu shen, les yeux fermés. peut-être. c’est que la route lui est désormais familière

des pas à travers la ville qui ne veulent plus rien dire. la procession des morts depuis vingt ans. il n’y a pas de musique dans ses airpods. les yeux fermés. peut-être. ou alors ; contempler les nuages. rire au-dedans ; tous les jours toutes les nuits où son père le hante

semble-t-il que le monde pleure. c’est pour compenser l’absence de douleur fu shen. tristesse douloureusement absente

depuis vingt ans.

et quand les trottoirs font place aux dalles du cimetière ; retirer airpods revenir au présent. cligner. et conserver dans le trou noir des yeux cette étoile qu’il cache. habituellement. l’éclat seul qui le dit vivant. je reviendrai toujours, père. et doit-il se sentir coupable

aimer davantage un homme. plutôt que l’ordre. dis, mens. est-ce que ça te fait rire.

sous les pieds le son des dalles. la neige mouilleuse. elle s’écrase sur son nez aussi. le chemin vers la tombe en simulacre ; gravé dans la chair. et ta silhouette

gravée dans la chair. quand les yeux, les sens s’affolent. s’affament. s'arrête, fu shen. planté dans l’espace. à quelques mètres. quelque chose gronde. trou noir des yeux logé sur ton existence. et on sait

tu l’as senti. toi aussi. alors attendre. un. deux secondes. que la voix lorsqu’elle résonne ; roule en bouche comme des tambours de guerre. c’est lent. c’est grave.

t’as trente secondes pour te retourner et foutre le camp.

un pas. reconnaître près de toi les caractères de son père. on t’aimait. tellement tu sais. c’est par amour encore – sans doute – qu’il s’avance.

stay the fuck away.

de sa tombe.

Dim 25 Fév 2024 - 22:29, Re: trimmed to the bone ft. Fu Shen

jusqu'aux os

Il valse continuellement, comme un mouvement de pendule détraquée entre exister et errer. Une part de lui vit quelque part, une autre, est absente et en torpeur un peu plus profondément dans la mort de tous ces êtres qu’il avait un jour aimés. Chen dao en faisait partie, c’était peut-être là son seul et dernier ami. Les larmes sont rouges mais n’en perdent pas leur nature douloureuse. Stolas tanguait sur la même mélodie chaque nouvelle année : il refusait de croire qu’on lui avait arraché son ami (peut-être même pire, il refusait de croire que ce n’était pas lui qui l’avait tué en plantant ses crocs dans sa chair encore chaude et rougie). Il rêvait, encore, par le biais des psychotropes et les illusions de ses fantômes qui le hantaient, qu’un jour il serait là, à nouveau, à écouter son ennuyeuse vie, mais surtout à être le dernier à encore l'appeler par son patronyme qu’il avait depuis rejeté.

La voix ne l’effraie pas, elle l’incombe simplement, provoque un son guttural de mécontentement dans les entrailles de la bête. Ce soir elle est vorace, elle lui implore de punir celui qui l’avait perturbé dans la quiétude de son chagrin. Et Stolas semblait docile à l’idée de lui obéir.

Il se tourne, mais ne voit ni ennemi, ni proie; mais seulement un oiseau de mauvaise augure qui le tétanise quelques instants. S’il rêvait, c’était forcément un cauchemar. La vision d’une forme brillante ayant les traits du pauvre enfant de son ami le rendait inapte à réfléchir. Il n’a pas le réflexe d’essuyer le sang sur son visage, il est immobile et demeure silencieux. Il l’avait peut-être reconnu lui aussi. Alors il prononce la sentence. Tu as bien grandi. Il n’y a aucune affection, c’est mécanique comme son cœur rouillé par les années de solitude.

Il se relève, ne prend la peine d’offrir une dernière prière. Allons ailleurs. Pas devant ton père.

luminescence;

Dim 25 Fév 2024 - 23:13, Re: trimmed to the bone ft. Fu Shen

on ne l’a pas oublié. un jour on l’a vu. à travers les chaises le chat de fortune les lanternes en papier. le décor d’une chine clichée dont rêve l’amérique. l’odeur d’arachide et par la porte ouverte – c’était l’été – avoir entendu un klaxon. un rire. la chaleur d’une cuisine minuscule. l’entrée au pays a été minuscule. et tu avais l’allure du soleil et de la lune. ce qui apaise et rappelle la maison. à l’est où le monde se réveille.

on ne l’a pas oublié. au-dessus d’une table en dessous de la radio. tu sais sourire. yu. c’est gravé dans la plus secrète des mémoires. cligner. c’est peut-être dans cet hier

que ses sourires, à lui, se sont glissés.
sentir contre ses joues la neige mouiller ses mèches. contre tes joues le sang en gouttes de pluie. et tu dis

l’écarquillement des yeux. infime. résonne le cœur tranquille. des battements lents, ceux qui précèdent l’instant des vivants. des mots qu’un père murmure. chante. clame. des mots qu’un père anime avec amour. parfois tristesse. et s’il t’empalait ici devant la tombe, faire de ton corps

une vérité. que sous la pierre enfin le vide se comble. dis, le trouverais-tu aussi grand. maintenant ?

des yeux pour gronder. la ville pour vrombir. quelqu’un fait la course et sa voiture est probablement modifiée. deviner avec le son. et tu te relèves et tu ordonnes, fu shen ; s’avancer. comme si tu n’avais rien dit. la tombe pour s’engouffrer dans les iris.

t’es hasty. tu te crois prioritaire

la voix tranquille. plus loin, à la sortie du cimetière ; une agence immobilière a racheté le terrain vague. elle construira dans deux ans, elle a promis.

vas-y. je te rattrape.

à genoux. c’est lent. le sac papier qu’il tient d’une main est humide. craquelle contre le sol. sortir l’encens. l’assiette. allumer. il n’y croyait pas, aux jiangshi. chen dao. il fallait que tu existes.

comme il lui faut te rejoindre. et on priera plus tard. s’éloigner de son père, car il doit pleurer. est-ce que tu l’entends dans tes entrailles, dis. as-tu seulement laisser un peu de son nom pour les autres. à travers un œil un cœur un doigt. il n’aurait suffit que de cela.

on n’invoque pas son arme. l’âme encore statique. à te regarder sur ce terrain vague. presque détaché.

je les jetterai au compost maintenant. tes chrysanthèmes.

elles ne lui paraissent plus aussi délicates. pourtant ; savoir que c’est toi dans le cœur quelque chose sourit. il t’aimait tellement. son père. il n’était pas seul dans cette ville. il y avait toi.

Lun 26 Fév 2024 - 1:46, Re: trimmed to the bone ft. Fu Shen

jusqu'aux os

Il ne mentirait pas s’il affirmait que le savoir devenu outil des regen l’indiffère. Ni sa mort prématurée ne l’afflige, ni l’idée qu’il puisse mourir de sa lame ne semble le satisfaire. Il y avait dans un temps qu’on appellerait autrefois chen dao, dao, dao, le chemin puis plus rien — rideaux puis le néant. Fu Shen était sa continuation, son futur et son présent, mais Yu était mort dans le passé, aux côtés de son quasi-ami, confident ou quelque chose de plus grand; mais qu’importe et qu’importeront les choses. Il était mort et rien d’autre ne comptait.

Le chagrin était un fardeau lourd à porter. Si lourd et grave qu’il avait oublié la colère d’être abandonné par sa fragilité humaine. Le vide était si grand, si déchirant qu’il ne pensait qu’à son départ et à l’espoir de son retour. Mais seule sa voix demeurait dans un coin de sa conscience, un fantôme qui usurpait son apparence pour mieux dompter ses démons.

Il l’attend sur l’aire abandonnée, il a eu le temps de contempler le ciel étoilé et de demande s’il existait un dieu comme autrefois il aurait pu y croire. S’il y avait un au-delà est-ce qu’il les verraient se battre ? Serait-il triste ou espèrerait-il que son fils l’achève d’un pieu dans son cœur pourtant déjà vidé de toute contenance ?

Il ne battait plus depuis longtemps, mort et abandonné pour celui d’une bête, d’une chose qui ne méritait rien d’autre que le mépris de ses pulsions. ce n’est pas grave, ce n’est pas comme s’il pouvait les voir. Il n’y a même plus une seule émotion sur ses traits, la peine s’est asséchée, le deuil ne reviendra que l’année suivante lorsqu’il lui manquera à nouveau.

veux-tu me tuer Fu Shen ? Il ne dégage pas son arme ou n’affute ses os, l’océan de ses émois est bien calme en dépit des retrouvailles. Stolas est vide. Stolas ne luttera pas pour se défendre de son innocence, ce que pensait le chinois de lui, ça l’importait.

Ce qui compte, c’est que Chen Dao ne reviendra jamais.

luminescence;

Lun 26 Fév 2024 - 2:39, Re: trimmed to the bone ft. Fu Shen

si tu demandes ;

dans les yeux un semblant de surprise. on y a pensé. quand ils l’ont emmené dans l’ordre. quand on y a découvert des légendes bien vivantes. et la nuit encore c’est son père qu’il appelait. les repas n’avaient rien d’amour. préférer encore aujourd’hui le souvenir de riz brûlé parce que chen dao écoutait les matchs de basketball. il faudrait, n’est-ce pas.

avoir l’envie et mens les forge comme des épées pour appliquer sa sentence. protéger. tuer. répéter le cycle que plus personne n’y résiste. tu t’en fous. il s’en fout. détester et avoir pitié.

pourtant, pourtant fu zhen ; hausser les sourcils. infime.

do you expect it

sans doute. puisque tu demandes. cette haine qu’on a tenté d’instaurer depuis vingt ans. la vérité, il t’oublie quand tu ne reviens pas à la mémoire avec ce sourire en dessous de la radio. pencher la tête vers la gauche.

je veux surtout savoir si ça t’arrive de penser aux autres. les trucs qui vous servent de mangeoires.

les êtres humains. mais on se doute de la réponse. des milliards de semblable que ce ne doit pas être si différent. par chez vous. elle est criarde dans son âme ; sa lance. implore presque de lui répondre par la lame.

et si j’arrive à t’bouffer un bout. tu crois je le retrouverais. mon père. hein, yu ?

claquer ton nom. il ne reviendra jamais. grand chen. parce que son frère était petit chen. il ne reviendra jamais et on le sait. ce n'est pas lui qu'on veut reprendre. c'est cette forme d'amour que tu as volée. tu te l'es arrogée.

Lun 26 Fév 2024 - 3:38, Re: trimmed to the bone ft. Fu Shen

jusqu'aux os

Il ne reviendra jamais. Il fallait se le répéter; il n’était pas comme lui. Il fallait s’en convaincre. Dans son visage, sa hargne, sa voix; il y avait son fantôme qui le hantait. Un semblant d'existence qui l'affecte et le rattache au présent mais le vesperis lutte pour s’en séparer. Il rétorque, sur un ton similaire à celui du chinois. je pense aux autres. Il ajoute rapidement mais j’en suis arrivé à la conclusion que vous êtes pareils. humains comme vesperis si vous finissez logés dans mon estomac. Stolas est vorace et ne différencie aucune espèce. à ses yeux, le monde serait un garde-manger si sa bête le décidait. Mais il préfère ne pas y penser, il préfère s’en dissocier autant qu’il le pouvait.

Stolas a fait une erreur en refusant de fuir face à Fu Shen. Le patronyme le touche, le rend vulnérable et il ne peut s’empêcher de répondre par la défensive. Il est touché, l’irritation se lit dans ses traits. Il ne fallait pas réveiller les morts. Yu je l’ai tué. Je l’ai mangé en même temps que ton père. Un orage gronde, mais Stolas cherche à le faire taire. Il ne devait pas perdre le contrôle devant cet enfant de lumière. Demain c’est l’anniversaire de Tito alors il doit rentrer en vie et entier.

Sa bête hurle d’être délivrée et de croquer sa chair qui palpitait à vue d'œil. Elle lui murmure : peut-être qu’il aurait le même goût que son père. Mais Stolas refuse de céder à sa pulsion. mais tu n’as qu’à essayer, peut-être que l’un ou l’autre reviendra avec un peu de chance. Il ne dégage toujours pas ses canines, au contraire, il prend le soin de les camoufler et de contrôler ses os qui se démangent de se recouvrir d’acier.

luminescence;

Lun 26 Fév 2024 - 4:20, Re: trimmed to the bone ft. Fu Shen

ils disent leur chair leur sang est goût de styx une condamnation et personne ne paiera la passage de charon. et peut-être errer près des rives de léthé en vaudra la peine. s’il te mange à son tour. arquer un sourcil, inventer l’insolence.

à la fin tu as raison. demain sans doute on oubliera ton faux nom. l’éternité simulacre où il fait bon se plaire dans la distance. solitude. que s’il ne peut s’y rendre

autant crever maintenant.

à la fin tu as raison. hocher la tête. c’est doux. se plaît à être doux.

bright bright, yu.

faire le choix de parler avec un mort. sans tombe où se recueillir. un jour grand chen se plaisait à taquiner avec ses yu-yu. que les secondes soudain s’écoulent en fractions. se déconstruisent dans la vitesse qui ravage son corps. l'élan félin pour étouffer l'écart de taille. son poing

j’en appelle à l’ange

frapper la bête. ce n’est pas seulement les capacités bénies. dans la violence fulgurante ; des années silencieuses dépourvues de pleurs. la colère grise et la haine sans parfum sans saveur. l’apathie sourde où les eaux de sa mémoire grondaient invisibles. où les fantômes lui collent à la peau. de cette chine quand tu parlais avec père elle semblait n’être jamais partie. ils ne semblaient n’être jamais partis.

avoir sentir la dureté de ta mâchoire. t’envoyer valser à travers l’espace. faire un pas. la voix qui porte.

laisse-moi juste défouler le trop-plein.

et laisse-le repartir avec un bout. tu n'as pas besoin de tes deux oreilles. si ?

Ven 1 Mar 2024 - 1:30, Re: trimmed to the bone ft. Fu Shen

jusqu'aux os

La frappe est lourde, il n'a eu le temps de renforcer ses os; un craquement se fait ressentir — la douleur est catatonique et fait tressaillir ses viscères : Ô voici la rage tant fabulée dont la bête endormie rêvait. Elle grogne, s'enrage aussitôt d'une flamme incandescente. Ses canines déchirent sa lippe, ses os se revêtissent d'une couche aussi froide que l'acier

le sang qui coule de sa fracture est i n d o l o r e.

La bête s'en souvient de la chaleur de sa chair, de son gout extatique dont il n'avait plus était en mesure de se repaitre : depuis ce jour, Stolas l'avait enfermée à huis clos entre les psychotropes et les drogues assourdissantes et elle brûlait de cette injustice — de payer le prix alors qu'elle ne l'avait pas tué; elle n'avait qu'exécuté la volonté de son ôte : l'immortaliser en eux.

toi. Le pas est lent tandis que Stolas émerge après le premier coup. L'éveil est difficile, mais retrouver la violence de ses sens après deux décennies d'apnée était excessif. Il grogne. Il ne pense qu'à se délivrer de ce qui l'assourdissait; des voix qui appelaient à le dévorer. La bête avait faim de lui. Ose seulement. Ses doigts se resserrent en un poing mais la tentation est vile, ses crocs avides décident de rompre sa tendre chair là où il était en mesure d'y trouver une possibilité.

luminescence;

Ven 1 Mar 2024 - 9:07, Re: trimmed to the bone ft. Fu Shen

assume la perte

l’assumes-tu seulement, yu. peut-être non. peut-être c’est pourquoi tu les bouffes ; les vivants et les morts. pourquoi en retour saisir sa chair. fu shen sentir l’épaule se tordre. les muscles comprimés sous tes crocs. la chaleur du sang où coule la faveur du dix. sur sa nuque son signe pour gronder face à l’intrusion sauvage.

l’arme pour siffler au creux de son esprit. la juge ne tolère pas l’affront. et tu te montres comme tu es. pas la bête. ni le monstre. juste mort. la vérité, yu ce pourrait être toi comme un autre

il n’y verrait aucune différence.

dans le coup de poing qui rencontre ton ventre. puissance du coup pour te forcer à lâcher. dureté de ton corps d'acier, mais sa violence est bénie par l'ange. le bond en arrière fait soulever l’air. chatouiller ses joues de quelques mèches sombres. la queue de cheval en ruban noir à travers l’espace. non, toi comme un autre

les morts le laissent indifférent. pas la famille. c’est elle qui anime le cœur, ici. maintenant. invoquer la lance qu’elle fait grincer la terre hivernale. mordre l’herbe avant de te pointer. l’épaule pour pulser où à travers les veines la douleur réchauffe le sang.

quand je t’aurai cloué, tu me diras enfin

les muscles bénis s’électrisent. mouvement vif.

pourquoi tu as tué

fondre sur toi. grand gibier de chair morte.

mon père

gronde la voix comme le tonnerre. vitesse arcanique et tant pis si tes os parent la lame. elle finira par te mordre. trouver ton cœur, là maintenant ou un geste plus tard. comme tes crocs ont trouvé le sien. à son père. et il ne pouvait n’être qu’un repas. pas après tout ce temps ; fu shen, on n’en croit rien.

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i am not made for despair

Ven 1 Mar 2024 - 19:13, Re: trimmed to the bone ft. Fu Shen

jusqu'aux os

La douleur est assourdissante : mais là où se ploie la chair il n'en ressent qu'un plaisir familier de se débattre comme les proies qu'autre fois il chassait. L'instinct de survie prend le dessus sur les vestiges de son humanité, il crache au sol le sang rance et acide qu'il venait de gouter; la bête le rejette c'est une évidence à laquelle il aurait du se douter, c'est un enfant divin désormais. Ce n'était plus le petit Fu. Sans doute qu'il se rappelait de lui quelque part au fond des débris qui restaient de lui; peut-être mais il ne s'en souciait pas, le gout apatride entre ses crocs était la seule chose qui importait.

Il n'est pas satisfait de ne pas y retrouver la mélancolie qui l'avait tant attristé. Il n'y avait qu'une rage brûlante, et la noirceur de la crainte d'être tué aujourd'hui. Il récidive. Je ne l'ai pas tué. Ses côtes craquent mais ne sont pas rompues. Il crache sur le sol le sang de son œuvre. Je l'ai dévoré.

La bête grogne et prévient son corps de l'attaque; mais la carne est trop frêle il ne peut éviter le coup : il perce son épaule et le mouvement se suspend contre l'os vêtu d'acier.

Plaqué contre le sol il contemple l'idée de s'arracher le bras pour s'enfuir, mais le géant cherche d'abord à le déstabiliser pour trouver une ouverture. Il réplique dans un chinois autrefois familier, l'accent de Yu a toujours été habillé par ses longues années passée à canton. Petit Fu. J'ose espérer que tu n'es pas aussi naïf pour avoir choisi de mourir si tôt pour espérer venger ton père. Il reprend son souffle à travers la douleur irradiante. car c'est impossible et tu mourras en vain. Il demeure cryptique et attend le moment opportun : il lui crache son sang au visage et il arrache l'épée de son épaule, le sang jaillit encore, il profite de l'effet de surprise pour lui asséner un coup de pied.

La fuite est envisagée par Stolas, mais la bête, elle-même est habitée par des regrets étrangers. Ne choisis pas de mourir pour une cause vaine. Il est étrangement sincère, d'une bavardise qui ne lui seyait pas. Ton père serait triste. Et Yu peut-être aussi.

luminescence;

Ven 1 Mar 2024 - 20:18, Re: trimmed to the bone ft. Fu Shen

qui. alors. jiangshi ou être humain. qui.

la pointe pour s’insurger contre l’os. les muscles, c’est instinctif ; pousser davantage à travers ta peau. ses yeux comme un impératif. qu’il s’en fiche si c’est un homme. une femme. n’importe qui le monstre assassin. savoir et

l’écarquillement des iris. froncement des sourcils. infimes. les notes cantonaises pour rappeler une rivière de perle qu’il n’a jamais connue. souvenir de son père pour l’endormir les soirs trop agités. quelque chose de frénétique fourré au-dedans des yeux tes mots cillent aux oreilles la juge dans ta chair s’obstine guidée par ses bras ~~vengeurs~~ chasseurs.

sang de mort contre sa peau. cligner. l’arme déstabilisée. et le coup de pied le propulse plus loin. roule à travers le terrain vague, félin fu shen ; qu’on reprend l’équilibre, sous les pieds la poussière se soulève, sous la paume le froid du monde. tes mots pour ciller encore aux oreilles.

un temps. silence.

c’est lent, quand il coule ses yeux en trou noir vers toi. et dans les iris, yu ; entre lui et toi, tu parais davantage vivant. sourire s’étire qu’il ne vient ni du cœur

ni de l’âme.

ha… ha ha.

platitude de l’intonation. chasseur étudie le gibier, fu shen ; déconnecté. pourquoi je rigole. cligner. se relève, la langueur d’une faim.

t’as raison tu sais. comme il serait triste. s’il existait encore. je devrais faire comme tu dis. me venger. penser qu’au coupable. seulement, yu

il est plus petit, planté dans l’espace. que ses yeux t’avalent semble-t-il qu’il n’existe aucune distance.

toutes les causes sont vaines. la tienne. la mienne. jusqu’au bout je l’assumerai. elle n’existe pas. la mère. je l’ai pas vue, à mes yeux elle protège rien. c’est pas pour venger mon père si j’te reprends un bout de tes chairs.

mouvement du poignet. la paume en offrande. la juge près de toi frémit ; sifflement dans l’espace, à la manière d’une flèche sa lance lui revient.

mais pour t’enterrer avec. elle existe pas, mens. mais les morts et vos victimes oui. et je trouverai ce qu’il exige. son corps criblé d’épées. je trouverai moyen que ça cesse. là, maintenant

mourir aujourd’hui ou demain. mais trouver.

ça commence par toi.

scintillement dans les yeux. son corps s’élance les vents pour fouetter les muscles. vitesse bestiale. à quelques pas de toi, couler les hanches s’inventer danseur, performer le coup de pied dans tes côtes viser le bloc en béton des mètres plus loin et rêver d’y entendre ton corps cadavre le percuter.

rêver de ton sourire en dessous de la radio.
il ne te hait pas ; la vérité. c’est impossible. ça lui manque. avant.

mais il faut assumer.
assumer quand il fond vers ton corps à la même vitesse, saisit ta gorge de ses doigts libres et c'est le dix qui serre. serre.

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Dim 3 Mar 2024 - 11:32, Re: trimmed to the bone ft. Fu Shen

INTERVENTION

Une légère mélopée se mit à retentir dans ton esprit.
Un mécontentement lourd, ta parole qui s’envole. Tu ne peux plus parler, plus dire Mens.

“Pourquoi dire Son nom alors que tu as juré de le garder pur ? Pourquoi nier son existence alors que tu baignes dans Sa gloire ?”
“Soit, tu combats”
“Alors, je ne sévirai pas”
“Je t’offre ma force, Fu Shen, que tes pas te guident vers la victoire”

Et tes muscles, ton corps tout entier, se fit arme.

Dim 10 Mar 2024 - 3:34, Re: trimmed to the bone ft. Fu Shen

jusqu'aux os

C'est une sensation qu'il ne s'imaginait peut-être pas retrouver de sitôt : la peur, mais pas n'importe laquelle. Celle de mourir. C'est instinctif, comme bâti et gravé dans les fondements de son adn : c'est son âme toute entière qui est en pamoison soudaine, victime d'une peur incontrôlé face à l'emprise de ses doigts qui éteint ses mots. S'il n'a plus besoin de respirer depuis bien des années, le geste est suffisamment brutale pour lui rappeler sa fragilité autrefois humaine : alors il lutte de manière désordonnée, les yeux soudainement qui perdent cette arrogance qu'il entretenait si fièrement.

Ses ongles se plantent contre sa main, ses jambes cherchent une faiblesse dans son emprise pour s'en délivrer : bien qu'il ne craint l'asphyxie, l'idée de voir sa gorge ou même sa tête arrachée est une éventualité qui frôle son esprit; alors il s'agite, finit par renforcer les os de son cou et il lutte encore face au soldat divin qui semble bien plus fort que lui.

La lumière si proche de son être qui s'est toujours caché des ombres le brûle d'une certaine violence, la bête s'agite, elle hurle si fort que Stolas songe presque à se laisser envahir de la sensation. Soudainement l'idée ne mourir n'était plus concevable : il y avait Tito. Et il lui avait promis de le revoir. Mais céder à la bête était une affre similaire, alors il se débat, et tente de briser son emprise avec son coude. Il frappe, encore, encore et encore, jusqu'à s'en délivrer.

La peur animale le fait reculer de quelques mètres : l'emprise du regen brule encore sa peau. je suis navré mais mourir n'est pas dans mes plans. il n'a pas peur de constater que l'écart de puissance est démesuré. La fuite devient une solution inévitable, mais il ne peut pas tourner le dos à Fushen. je ne comprends pas comment tu veux accepter de mourir bientôt pour une cause à laquelle tu ne crois même pas. il ajoute. est-ce la mort de ton père, ou d'avoir cru toutes ces années que j'étais son meurtrier qui t'a changé autant ? Il instigue le doute, cherche la moindre réaction pour trouver le moment propice pour s'enfuir loin d'ici. Il n'y retournera plus à cette maudite tombe même si le deuil est toujours aussi difficile à surmonter.

luminescence;

Lun 11 Mar 2024 - 1:08, Re: trimmed to the bone ft. Fu Shen

l’avoir senti comme un couperet. incisive au creux de son esprit. cette voix sans visage vide impérieux. ses doigts contre ta gorge pour se figer ; écarquiller les yeux. sourcils froncés. perplexe, fu shen. que l’écho de l’infini martèle son crâne.

que la gorge ne résonne plus, quand sa bouche s’ouvre pour jurer. suffisamment décontenancé, traqueur tes coups sur son bras parviennent à le faire céder. te lâcher, reculer

c’était quoi ça

et ses yeux t’observent, iris déments.

qu’est-ce que t’as foutu, yu

qu’ils disent. gronder à t’entendre et la juge semble siffler sa rage. des mots qui ne peuvent se dire, mais les lèvres prédatrices s’étirent. et tracent sur son visage un sourire entre toi et lui alors on le croirait davantage monstre. tu as raison, yu. mais c’est un peu le cas pour tout le monde, dis

la mort. elle change toujours tout. et ça ne l’excite ni ne le dégoûte ; la peur du jiangshi. c’est presque agaçant comme ça le rend indifférent. chaque seconde de tous les jours et de toutes les nuits, fu shen ; ce monde pourrait crever maintenant.

pourtant on le défend encore.

quand une force qui surpasse le dix électrise ses muscles qu’il plonge vers toi cette fois non on ne joue plus, la lance vient t’empaler et la vitesse qui lui est étrangère même pour te planter en terre chasseur aussi entraîné dans la course. sentir la lame mordre la terre gelée avoir transpercé tes chairs retirer d’un geste vif le sang les muscles pour siffler contre la lance s’apprête à plonger encore et semble-t-il que le corps en arme divine cherche ta mort

les sirènes strient l’espace. au bout du terrain vague.
quelqu’un a appelé les flics. des silhouettes trop violentes aperçues par des vitres. quelque part.

les lumières aveuglantes dans le soir.

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