Vos entrevues sont bien trop courtes à ton goût parfois mais le devoir n'attend pas. Vos entrevues sont courtes mais nécessaires. Elles t'aident parfois à te remettre en tête les choses importantes ou, au contraire à lâcher un peu de lest dans ton esprit qui tournait toujours à mille à l'heure.

Un peu comme aujourd'hui.

Tu ne t'attendais pas à ce que le sujet soit son valet mais à vrai dire, tu te doutais qu'il arriverait sur le tapis un jour puisque tu avais peut-être fait l'erreur d'accepter un rendez-vous avec lui devant son bureau. Mais on ne pouvait tromper l'instinct d'une femme telle que Maria. Le fait que tu sois troublé à la moindre entente du nom de son Valet en était un peu la preuve. Assis en face d'elle, tu lui demandes gentiment si tu peux également avoir une tasse de thé avant de répondre.

« Je suis un peu occupé en ce moment, surtout après la réunion que nous avons eu, mais je vais bien et je suis ravi de voir que toi aussi. »

Elle semblait avoir retrouvé une flamme qui avait faillir s'éteindre. Tu marques une pause, la remerciant pour le thé. Mais puisque Maria pouvait détecter les mensonges, autant jouer complètement cartes sur table.

« Je vois que je ne peux rien te cacher. Effectivement, j'ai fait la connaissance de Shae. Un peu plus que simplement un croisement dans le couloir ou un rapport sur mon bureau. Je suis encore un peu mitigé sur la question mais... »

Tu marques une autre pause, cherchant tes mots.

« Je crois que je suis perturbé parce que je ne me souviens pas quand on s'est intéressé à moi en tant que personne autant que lui. Je suis perturbé par ce que j'ai entendu dans son esprit. Et je suis perturbé parce que je ne comprends pas certaines choses à son égard, notamment vis à vis de sa place chez nous. Sa place à tes côtés. Et en même temps, je comprends bien qu'il se soit un peu calmé, je l'ai bien vu lors de notre rendez-vous. Tout se mélange un peu dans mon esprit actuellement, je ne te cache pas. Comme si c'était le moment... »

Un soupir passe la barrière de tes lèvres. C'était tout de même agréable de pouvoir vider son sac de temps à autre.

Tu écoutes patiemment Maria. Tu as toujours apprécié la manière dont elle arrivait à arrondir tes angles. La douceur de ses mots, de sa voix, surtout à ton égard. Tu n'avais qu'une peur, en ce moment, c'était qu'elle disparaisse, elle et sa sagesse qui te faisait parfois tant défaut. Tu l'écoutes, donc, alors que le sujet de Shae se développait un peu plus.

Je crois que je comprends, oui. Même si je ne suis pas forcément d'accord avec ce moyen de défense, cette passivité voire cette remise en question. Mais j'entends l'argument.

Tu marques une pause alors que tu te sens touché par le message qu'elle te fait passer. Toi aussi tu es content d'être à ses côtés même si tu ne sais pas toujours comment bien l'exprimer.

Moi aussi, tu le sais déjà. Mais si Shae t'aide et si tu as pleinement confiance en lui, alors je suppose que je peux faire un effort pour m'ouvrir à lui. Au moins un petit peu.

Même si ça ne répondait pas du tout à tes autres interrogations plus personnelles dont tu avais pu lui faire part. Notamment ce qui pouvait l'attirer chez toi. Cependant, l'heure ne semblait plus aux interrogations personnelles. Tu portes ta tasse de thé à tes lèvres, redevenant le Pape. Simplement le Pape et non plus Soren Li.

Je t'écoute. A t'entendre, cela semble suffisamment important pour que tu m'en fasse part

De toute façon, même le plus petit des détails t'allait. Avec les conjonctures actuelles, le moindre petit indice, peu importe sur le sujet, peut te servir.