Enfermée entre quatre murs, tu maudis l'astre solaire ; cruel assassin qui restreint tes envies, t'empêche de te mêler à la foule. Chaque journée s'entame par des rires sonnant comme des glas, alimentant une jalousie résignée.
Le soleil est sans pitié. Il emporterait dans ses flammes celle qui cherche à s'abreuver de tout ce dont elle a été privée.

Ainsi, ces heures sont consacrées à la lecture et la culture ; le vrai repos avant que la nuit d'encre ne drape le ciel. L’obscurité balaie la solitude et avec elle vient la compagnie. Mimosa, douce Mimosa a répondu à ton invitation et ses traits préservés lui permettent sans nulle difficulté de se faufiler dans les dortoirs ; une pensée à sa beauté qui ne laissera aucun étudiant indifférent.
Un son annonce son arrivée, et tu la convies à entrer ; elle t’enlace et tu lui rends ce geste affectueux. Te délectant de chaque preuve d’affection, de respect ou d’émotion passionné.
Peu importe lequel.

— Eh bien ! C'est réciproque, Mimosa !

Ses bras te libèrent et tu accueilles son présent dans un silence pensif ; tes doigts étudient la matière, frôlent la texture du papier.

— La mythologie grecque à ce que je vois. J'ai vu que c'était redevenu à la mode. J'ai vu passer des écrits de Madeline Miller, je pense que le Chant d'Achilles devrait te plaire. Mais ! Je te laisserai découvrir par toi-même pourquoi.

Un sourire malicieux, connaissant ses goûts en écriture. Tu te diriges vers ta bibliothèque, les ouvrages rangés avec soin sans resplendir de beauté ; si la jeune génération aime étaler de magnifiques étagères, des œuvres d’art immaculés, tu préfères les livres usés par le temps et leur pages jaunies. Une preuve qu’ils ont traversé les âges.
Tu choisis un emplacement pour son cadeau, puis pioches deux ouvrages dont tu exhibes la couverture.

— Ou je peux te laisser avec Andromaque de Jean Racine si tu aimes les amours tragiques et torturés. Mais je te le conseille seulement si tu aimes le vieux théâtre - plus vieux que moi, ah !

Déposant tes trésors dans ses paumes, tu reprends.

— Dans tous les cas, j'ai hâte de lire ton livre. Je vois souvent cette saga sur les rayons des librairies et cela m’intrigue.

Tu t’empares d’une chaise à proximité, laissant un silence appuyer le suspense. Un large rictus fend tes lèvres tandis que tu penches la tête sur un côté, d’un mouvement ample.

— Mais ce que je propose ? Je te propose plutôt de me raconter ton prochain texte. Rien ne m’intrigue plus que tes prochains chapitres, les histoires que tu partageras. La romance me manque un peu, ces temps-ci, et je me demandais justement quel scénario allait animer ta plume.

Le ton enjoué, sonnant comme une mise au défi.
Au sein de cette pièce à l’odeur de poussière et décorée de carnets d’écriture raturés, seule l’imagination a le pouvoir d’insuffler un air de fantaisie.