Mentir pour fuir son reflet dans le miroir || With Darcy

Jeu 22 Fév 2024 - 16:38, Mentir pour fuir son reflet dans le miroir || With Darcy

Le souffle court et la bise mordante se font la course dans les bois alors que Narcisse court encore et toujours vers l'avant. La peur au ventre et la terreur dans les yeux, le voilà qui trébuche sur une racine dans sa hâte. Il n'avait pas arrêté de courir depuis sa confrontation avec Cirina dont le sang coagulait sur sa nuque et tachait son col. L'instinct l'avait tiré de tout côté, des bras de son aimé aux grands espaces encore sauvages et c'est finalement à la nature qu'on retournerait la bête au cas où elle voudrait ressortir. Essuyant une larme et se relevant, l'Immanis regarde autour de lui prend conscience de ce qui se tient devant lui. Les autres membres du Clan lui en avait parlé et rarement en avait-il été témoin récemment, mais on dirait bien qu'il était tombé au pas de la porte de la Bergerie. Intervention de Matérias ou simple coïncidence, les experts sont encore en train de débattre.

L'adrénaline le quitte et seule la panique lui permet encore d'avancer, malgré l'épuisement qui le guette. La main sale de terre et de sang cogne difficilement à la porte, les yeux dans le vague alors qu'il entend ce qu'on pourrait croire être une porte s'ouvre. "S'il vous plaît, elle est morte...j'ai rien pu faire...la bête...Monseigneur…" Au travers des larmes et des marmonnements il peut être difficile de décrypter les mots de Narcisse, trop soulagé d'enfin voir une silhouette que le coeur se vide de toutes ses émotions à la fois.

Ven 23 Fév 2024 - 17:19, Re: Mentir pour fuir son reflet dans le miroir || With Darcy

lies

some only turn towards the heavens when the end is feeling desperate

C’est au giron de Dame Materia que s’amassent toutes les litanies – toutes les larmes, les prières, les murmures éreintés à leurs babines assoiffées. C’est elle, et elle seule, qui en recueille la détresse : au creux de sa paume, la Main Aimante offre un sanctuaire providentiel à toutes les âmes peinées. Darcy ne le croit pas, puisqu’elle le sait. Ces années, longues et immobiles, passées en sa compagnie, à ne tourner son attention que vers celle qui lui a conféré cette existence sacrée, l’en ont convaincue.

C’est à son seuil, que se réfugient les égarés.
On cogne à la porte.

Celui-là est bouleversé, les spasmes incontrôlés de sa panique le trahissent, ses paroles confuses en sont l’aveu. Darcy ne s’émeut pas, mais sa figure toute impassible pose sur le nouveau venu un regard noyé d’une inerte compassion. Son âme vétuste, soudain plongée dans une lointaine mélancolie qui ne s’explique pas, se penche aussitôt sur le nouveau venu, dans un élan de providence. Car c’est là son devoir premier, après tout : il sera son protégé.

— Là, là, elle souffle doucement, comme une lente mélodie, tandis qu’elle tend une main à celui qui se répand en pleurs confus à sa porte. Un regard balaye les alentours. Rien ne bouge. Doucement.

Ses lèvres se pincent un bref instant, une question flotte à ses lèvres – qui est mort ? Darcy garde pour elle le soupçon grouillant au creux de ses entrailles, la curiosité terrible qui l’assaille. L’éploré est constellé de sang coagulé et de terre à ses doigts. Ce n’est pas le moment.

— Il faut te nettoyer... Sa voix est un murmure ancien, profond, sa douceur tout juste éraillée par les siècles passés. Viens, je vais t’aider. Impérieuse, elle lui offre le soutien de sa maigre carcasse pour le tirer à sa suite dans le ventre de la bergerie. As-tu faim ?

Mar 27 Fév 2024 - 20:38, Re: Mentir pour fuir son reflet dans le miroir || With Darcy

Les yeux haggard se pose sur la main tendue comme si c'était La Sienne qui descendait de la nuit pour le cueillir, mais celle de sa messagère était amplement suffisante. On se laisse guider dans l'inconnu, loin de ce monde souillé de morts et désespoirs. On respire enfin un peu mieux et l'extérieur nous manque déjà, mais ce serait trop risqué de sortir maintenant avec la Bête encore aux aguets. Doucement, on met un pied devant l'autre dans l'espoir de retrouver l'équilibre et de retrouver contenance."Vraiment désolé d'être arrivé comme ça, je suis d'habitude plus présentable." Les premiers mots prononcés, la tête baissée et les sanglots refoulés n'osent pas tourner la tête pour découvrir l'identité de sa sauveuse. Quelle honte de se retrouver dans cet état, un comportement indigne d'un de ceux favorisés par le prince.

Hoche la tête et accompagne l'inconnue comme un caneton suivrait sa mère, l'idée de se débarrasser de son dégoûtant sang de son corps et ses vêtements. "Non, merci je me suis nourri récemment." Demi-vérité, mais la simple pensée d'avoir avalé un peu de son sang pendant que...bref, la seule pensée qu'une partie de Cirina se soit infiltré en lui était suffisant pour lui couper l'appétit. "Est-ce que vous avez un téléphone ici? J'ai perdu le mien et il faudrait que je prévienne quelqu'un." On avait dit au prince qu'ils se verraient plus tard en revenant du magasin, mais qui sait combien de temps était passé depuis lors et l'idée de provoquer des soucis était impensable. Il suffisait de savoir quel mensonge peindre d'ici à entendre sa voix.

Sam 2 Mar 2024 - 0:24, Re: Mentir pour fuir son reflet dans le miroir || With Darcy

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Darcy accueille les égarés – c’est la son devoir auprès de la Main Aimante. Elle s’y atèle depuis bien des siècles déjà, les rotules usées par les prières et les paumes creusées des larmes recueillies. La détresse, la crainte ou le chagrin qui drape ceux-là qui se présentent au seuil de la bergerie n’ont rien d’affreux, au contraire.

A son côté, l’égaré pose pied pour la première fois dans son antre, où le sacré emplit l’espace d’une aura mystique et sereine. Ici, le profane flétrit au seuil de la bergerie. Son nouveau protégé bafouille des excuses, qu’elle ignore sans rien en dire. Peu lui chaut – elle ne lui en veut pas.

Elle opine d’un geste du menton – songe qu’il a sans doute besoin de repos, plus que de nourriture. Sa main toujours glissée dans la sienne, elle le tire jusqu’à une assise, sur laquelle elle lui intime de s’installer, dans un murmure doux. Malgré la froideur de son derme et la mine quiète de sa figure, elle se veut chaleureuse. Elle glisse deux doigts contre le front de l’égaré, puis se détourne. Le pas léger, elle s’éloigne dans la pièce adjacente, laissant la porte ouverte afin de ne pas rompre le lien. Elle l’entend. Lorsqu’elle revient, chargée d’un linge humide et d’une petite vasque d’eau tiède, elle lui adresse un regard désolé.

— Je n’ai pas de téléphone, répond-t-elle sobrement, tout en s’agenouillant face à lui. Elle presse le linge entre ses doigts, et l’applique doucement contre les traces carmines qui jonchent son corps. D’abord, ses doigts, puis elle remonte le long de ses mains et de l’avant-bras. Reproduit les gestes plusieurs fois, toujours avec application. Là. Je nettoie le plus important. Du reste, si tu le souhaites, tu pourras ensuite prendre un bain. Je te prêterai des habits propres.

Elle relève le menton, plante ses pupilles dans les orbites de son invité.
— Mais avant toute chose, tu dois me révéler ton nom. Son regard ne le quitte pas, presque intrusive : à présent qu’il est en son antre, il se doit de suivre ses règles. Sa figure s’adoucit, elle poursuit : Le mien est Darcy.

Au demeurant, si les réponses lui apparaissent convenables, et si son histoire n’est pas une entrave à la foi, alors peut-être songera-t-elle à lui laisser l'usage de l’ancien téléphone à cadran demeuré dans la pièce attenante, et peu usité.

Mer 6 Mar 2024 - 4:47, Re: Mentir pour fuir son reflet dans le miroir || With Darcy

Si seulement elle avait un peu de chaleur à transmettre comme celle qui pouvait donner le Joyau de façon factice, mais la fraîcheur du contact aide Narcisse à rester en contact avec le présent sans se perdre dans les méandres de son esprit et ses idées grisâtres. On cligne des yeux en la sentant s'éloigner et on est sur le point de l'appeler avant de se rendre compte que cette personne lui était encore étrangère et que ce serait bien inconvenant de sa position d'appeler un autre que son Prince à l'aide. Pourtant on admire son allure et ses mouvements, quelque chose dans son air lui donne un air à la fois intemporel et vieillot, comme une ancienne machine trop performante pour être arrêtée et il y a une certaine beauté dans la contenance de ses expressions. Rien ne semble forcé ou trop naturel, celle qui se présentera comme Darcy semble tout simplement Être à ses yeux d'artiste.

On accepte le touché et les mots avec docilité, appréciant le contact de l'eau sur son épiderme morte, nettoyant enfin le sang putride que la Bête s'était amusée à rependre. "C'est un plaisir de vous rencontre Darcy, malgré les circonstances. Ce doit être grâce à Elle si je vous ai rencontrée ce soir, je m'appelle Narcisse." On ose pas trop prononcer son nom dans la peur de ne pas être assez méritant après ses actions de ce soir. "J'aimerais bien prendre un bain si cela ne vous dérange pas..." Le dernier mot flotte dans l'air, on hésite à terminer la demande, mais peut-être que la chance lui sourira encore ce soir. "...Est-ce que ça vous dérangerai de rester proche? J'ai un peu peur de rester seul en ce moment." Dans un endroit où on était en sécurité, mais qui nous était encore inconnu et l'idée de rester seul avec ses pensées et ses regrets. La pudeur n'est pas quelque chose dont on se préoccupe en général et ce n'est pas comme s'il allait se passer quoi que ce soit de toute façon, Darcy avait l'air de quelqu'un en qui on pouvait avoir confiance. "Seulement si ça ne vous dérange pas, je ne voudrais pas vous mettre mal à l'aise." Javier ne serait peut-être pas content de savoir qu'on s'était dévêtu aux côté de quelqu'un d'autre que Sa Grâce, mais ce ne serait pas le dernier secret que l'on garderai de ce soir de toute façon. On reste immobile, attendant les prochaines instructions de son hôte.

Lun 11 Mar 2024 - 23:20, Re: Mentir pour fuir son reflet dans le miroir || With Darcy

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Narcisse est diligent. Dans sa détresse, il se fait docile et Darcy guide chacun de ses pas avec une attention méticuleuse. Derrière les plaques de sang séché, se révèle un animal égaré. L’apôtre de la Bergerie se demande ce qui a guidé un être si délicat d’apparence vers une affliction si grande. Certains destins sont cruels, elle le sait.

Elle presse de nouveau le linge dans le petit baquet d’eau. Quelques gouttes ruissellent, tandis que les eaux claires sont peu à peu viciées de sinueux courants carmins. A la demande de Narcisse, elle interrompt son geste et pose de nouveau son regard sur lui. Une main vient couvrir sa joue, et de son pouce elle effleure la pommette du jeune vesperis. Elle acquiesce.
— C’est d’accord, Narcisse.
Son nom fleurit entre ses lèvres avec une ferme douceur.

Darcy n’exprime aucune chaleur ; mais ses gestes sont emprunts d’une tendresse maternelle, derrière l’essentielle rigueur de son être. Chérir les âmes égarées est une nécessité à laquelle elle ne faillit jamais. Lorsqu’entre ses bras se réfugie l’un qui, comme lui, souffre d’un mal si grand qu’il doit s’en remettre à leur Sainteté, il est de son devoir d’en cueillir l’angoisse désolante pour l’en soulager.

— Allons. Elle se redresse, et glissant ses doigts entre ceux de Narcisse, l’enjoint à la suivre. Par ici. Au-dessus du bain, quelques branches d’eucalyptus pendent, et un vent frais court entre leurs feuilles asséchées. Darcy ferme d’un coup sec la fenêtre entrouverte et, mécaniquement, s’affaire à faire couler l’eau du bain puis à tirer des étagères une épaisse serviette. Entre, je t’en prie, intime-t-elle à son invité en se tournant de nouveau vers lui. Une main, affectueuse, s’écrase entre ses mèches ; brève caresse qui s’achève à son épaule, avant de rompre le contact. Je dois te chercher des habits, pour te changer. Je reviens. Le bain est tout à toi.

Son absence ne se prolonge guère, à son retour elle porte entre ses bras une chemise et un pantalon en lin – maigre supposition que ses affaires siéront à Narcisse. Les affaires déposées sur la desserte jouxtant le bain, elle se laisse choir à même les dalles dont la froideur ne l’atteint pas. Son coude apposé sur le rebord du bain, ses doigts en tapotent la surface, tandis qu’elle observe le jeune vesperis.
— Comment te sens-tu ?

Ses pupilles scrutatrices plantées dans les siennes, elle guète l'esquisse du moindre mensonge. Bientôt, il lui faudra raconter.

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