Ça fait quelque jours que l’inspiration ne vient pas et qu’on fixe la toile trop blanche et que les poteries deviennent des cendriers, même les poissons disent qu’on a l’air dans la lune plus qu’à l’accoutumée au travers de la vitre de l’aquarium. On aimerait lui parler, l’épauler et faire disparaître ses soucis sous l’affection qu’on lui porte, mais on se sent si peu à la hauteur face à cette énigme. La nuit avance et la peinture n’arrive pas à apaiser les soucis qui tournent et tournent dans l’esprit de l’Immanis. Avait-il commis une faute sans le vouloir? Les murmures de la Cour ne laissaient rien entendre et on ne saurait par où commencer s’il fallait enquêter, mais Narcisse savait qui pourrait éclairer sa lanterne.

Peu importe le nombre de fois où on venait au club, le vrombissement de la musique ne semblait jamais devenir plus plaisant et la présence d'autres personnes n'était jamais quelque chose qu’on recherchait, mais cette fois il fallait braver les inconforts. On avait même essayé de s’habiller pour l’occasion pour se fondre un peu plus dans la masse et peut-être que ça marchait trop bien au vu des quelques personnes venues lui proposer de prendre un verre. On avait demandé au barman si Ophrys était disponible, que Narcisse avait besoin de lui parler, maintenant il fallait seulement s'asseoir et attendre en essayant de se débarrasser des traces de peinture sous ses ongles ou tourner l’anneau en électrum à son index.

Ophrys était celui qui brillait de mille feux sous sa propre lumière, celui qui avait toujours le mot juste, sûrement il saurait quoi faire non?

Le voir allège un peu le poids qu'on sentait sur les épaules et son contact adoucit quelque peu la tornade occupant ses idées. Si on s'était senti intimidé par sa présence auparavant, le temps avait su prouver qu'être des favoris n'était pas signe de compétition, mais de camaraderie. On accepte son salut et accepte son affection, faisant de son mieux pour ne pas céder à l'embarras. On essaie d'absorber un peu de l'aura de confiance qui se dégage du joyau et du glamour émanant de chacun de ses pas pour lui faire honneur à lui et à son Seigneur. Il ne faut pas perdre son objectif de vue, garder la tête haute et faire honneur à sa position envers et contre tout. "Tu me flattes Ophrys, comment résister au plaisir de ta compagnie? Changer d'air ne fait jamais de mal." Même si on aurait préféré celui de la serre, il faut l'avouer, mais si on s'écoutait on viendrait bien moins souvent à la cour et la compagnie de certains nous manquerait trop en toute honnêteté.

On aurait aimé garder ses doigts prisonniers un peu plus longtemps, profiter de la fausse chaleur qui s'en dégageait pour se rappeler un peu son humanité. "Je ne devrais pas, mais pourquoi pas. Un petit verre s'il te plaît...coupé si possible." Les yeux baissant juste un peu vers le sol, le dernier mot avait été dit doucement, son sens trop lourd pour être dit trop fort. Le sang, source de vie, était une nécessité, mais on ne voudrait pas trop se priver et créer des problèmes. "Je te fais confiance sur le type." C'était Ophrys l'homme du monde et de goût, on n'hésiterait pas à lui donner carte blanche pour toutes ces choses. On le suit comme un caneton, l'air presque digne et lançant des regard discrets dans toutes les directions pour analyser l'Offrande et son décor encore un peu trop inconnu. Peut-être qu'il serait plaisant de venir une autre fois durant des nuits plus calmes l'ambiance pourrait être propice à l'inspiration.

Le tableau que peint le Vanitas en s'asseyant dans le fauteuil fait regretter à Narcisse de ne pas avoir emporté son carnet de croquis pour esquisser l'œuvre qui se dévoilait alors qu'on prenait place devant le modèle de ce soir dans le privé de la chambre. "Je suis désolé de te voler ton temps comme cela, mais j'ai besoin de tes conseils…" On s'arrête un instant, la semi-façade de regalia qu'on prenait à l'extérieur se désagrégeait à mesure qu'on se permettait de ressentir pleinement les inquiétudes. "...au sujet de ce que j'ai entendu de Javier il y a quelques nuits." On a beaucoup aux trois mots que le Prince a soufflé en pensant le jeune favori endormi. "Je n'étais pas supposé entendre ça, mais je l'ai entendu murmurer quelque chose, mais ce n'est pas facile d'aborder le sujet puisque je suis supposé ne rien savoir." On ne voulait pas causer d'inconforts à son amant et on pensait pouvoir le supporter en jouant le rôle qui nous avait été attribué, mais c'était plus dur que prévu. "Est-ce que tu sais s'il s'est passé quelque chose? J'ai l'impression qu'il s'est éloigné un peu ces derniers temps, comme si sa tête était ailleurs." On voudrait poser une tonne d'autre, mais une seule suffira pour l'instant. "Est-ce que ses descendants vont bien? Est-ce que Tito va bien?" Le visage du jeune patricius est passé dans les pensées de l'artiste ces derniers temps et on l'avait sollicité pour un portrait comme excuse de pouvoir lui rendre visite et apaiser ses doutes.

Ça ne pouvait pas être vrai, on ne pourrait pas accepter cette réalité si c'était le cas. "Ils meurent tous. C'est ce que j'ai entendu." Bombe larguée et cartes posées sur la table, on serre les poings sur les cuisses, le dos trop droit. "Je ne sais pas quoi faire avec tout ça Ophrys." On s'arrête enfin et commence à chercher un verre des yeux, voulant ravaler la culpabilité de décharger ses problèmes sur le Joyau sans prévenir.

"Le mystère fais partie de son charme, mais c'est vrai que ça nous sauverait des casse-tête s'il ne gardait pas tout pour lui." Peut-être qu'il était ainsi quand notre vie est destinée à être sous les projecteur. Narcisse le savait et s'y est habitué avec le temps, mais bon peut-être qu'une petite partie de nous espère encore. Enfin bref, tout semblait aller bien du côté des descendants non? "C'est juste, ça fait un moment que je n'ai pas entendu parlé d'eux et ça n'a jamais été comme ça avant j'ai l'impression, mais on dirait que sa Grâce en a assez à gérer et l'inquiéter pour une impression serait impoli je trouve." Enfin, pas de nouvelles veut dire bonne nouvelles, non? Un sourire éclaire son visage sans trop se forcer cette fois, une retombée du vent qui sifflait dans son cerveau. On prend une gorgée en récompense d'avoir réussi à exprimer ses soucis."Merci Ophrys, si je peux faire quoi que ce soit pour t'aider en retour, tu n'as qu'à demander"

Les doigts se serrent autour de son verre en entendant le retour de balle et les questions qui l'accompagne. "Je crois voir de quoi tu parles." De petits instants où Javier se trahissait avant de se reprendre tout aussi vite. "Malade je ne sais pas, mais quelque chose semble aller de travers." Tout semble s'accumuler et à peser sur les épaules qui refusent de déléguer une partie de son fardeau. "Peut-être que c'est à cause de mon Clan, mais l'atmosphère de la ville et son extérieur sont très différentes. Depuis quelque temps, j'ai l'impression que quelque chose cloche." N'est pas Immanis qui veut, l'appel de la nature est toujours là et on ne peut l'ignorer. "Je pourrais rien dire de concret, mais c'est une impression que j'ai, peut-être que les funérus en sauraient plus?" Ce serait une mauvaise idée d'impliquer d'autre personnes dans les confidences sur le prince, mais l'idée est sortie avant même qu'on puisse la retenir. Une autre gorgée nerveuse alors qu'un doigts traces des figures sur sa cuisse.

Si on avait encore le sang chaud, peut-être que le rouge nous viendrais aux joues en entendant les mots du Joyaux "Peut-être que notre Majesté n'est pas le seul à apprécier un peu de mystère." Le verre est déjà vide? Étrange, on dirait qu'il est descendu tout seul, il faudra complimenter le jeune...Madison, le jeune avec un bon visage à croquer sur papier. "Si je connaissais plus d'histoires, je te les partagerais avec plaisir, l'honneur est pour moi!" Comme ça on régalera une curiosité et peut-être même qu'on pourrait demander à sentir la chaleur de son corps en récompense, prendre sa main doucement et basquer dans sa chaleur comme un chat s'étire au soleil. Une simple poignée de main pour une histoire semble être un échange approprié.  

On sort du début de rêverie en entendant la question. Il n'y a pas si longtemps encore, peut-être qu'on aurait pu s'accrocher à cette hypothèse et que le sablier serait enfin retourné, mais on avait laissé allé ce rêve au vent il y a longtemps. "Je pourrais demander à Belladone, je ne crois pas qu'il y aurait de problèmes. Je pourrais aussi voir si elle semble aussi se diminuer ou pas comme notre Seigneur. Voir si cet affaiblissement ne se ferait pas par écoulement. Elle n'est pas la plus vieille en terme d'âge, mais sait-on jamais." Et si la génération originelle est dite perdue, car elle a été la première à s'éteindre de cette façon? "À mon avis, j'aurais tendance à dire que ça pourrait être aussi que celle qui nous as donné tout ça n'ait commencé à reprendre Son essence…" Paroles hérétiques et mots qui pourraient lui attirer des problèmes, mais il fallait le dire. "Ou la ville se nourrit de Matérias, commençant par ceux ayant le moins de dilution en eux." C'est tout de même bien sombre comme mine qui pourrait s'afficher, que faire pour diminuer la tension? Les mots viennent presque à manquer quand ses yeux croisent les siens. "Tout ce que je sais, c'est que peut importe ce qui arrivera, je vous trouverais toujours aussi magnifiques." Une vérité pure et simple, peut-être naïf de penser les connaître, mais ça ne pouvait pas être pire que ce que l'on avait fait.

"Les sons de la natures sont plus relaxants qu'on le pense. Quel artiste serais-je si je portais trop la civilisation dans mon coeur?" On sourit en acceptant les pensées du Vanitas et on lui concède que ces derniers temps on ne porte pas vraiment dans notre coeur, mais ce n'est pas nécessairement la faute du béton ou du manque de nature en son sein. "La nature est composé de cycles, tout ce qui commence devrait un jour se terminer non?" À sa connaissance, les Vesperis étaient la seule exception à cette règle qui régit les créations de Materias. "Crois-moi, je ne voulais pas La critiquer en disant cela, mais notre retour en soin Sein pourrait être un autre de ces cycles naturels." Peut-être qu'on se perdait trop en philosophies et autres réflexions, mais c'est dur d'empêcher les rouages de l'esprit de tourner. Peut-être qu'il valait mieux poser ce sujet dans un tiroir et le sortir plus tard avant qu'on dise le mot de trop, juste au cas où.

"Penses-tu qu'on a un avenir dans cette ville?" Le futur semble si vague chaque fois qu'il y pense et Narcisse aimerait tellement vagabonder un peu avec tout le temps qu'il a. On veut s'éloigner un peu plus des inquiétudes immédiates, on a encore demain pour s'en préoccuper. "Je veux dire, je suis loin d'être aussi âge que toi, monseigneur ou les autres à la Cour, mais est-ce qu'il va arriver un moment où même l'éternité devient...trop?" Dur à expliquer le sentiment, mais il titille le coeur de temps en temps et emplis sa tête de nuages en pensant à son art. Viendra-t-il le jour où on aura tout appris et tout peint? Le monde est en constant mouvement, mais si on perd les dernières braises de vie qui nous habite, que se passe-t-il ensuite? "Est-ce que c'est dur parfois de vouloir rester en vie tu penses?" C'est encore dur pour l'Immanis de comprendre ce concept d'une vie qui n'a pas de fin alors qu'il fêtera son premier siècle dans quelques mois.

Tes yeux brillent et ton visage nous donne envie d’en tracer les traits pour effacer ce regard qui semble te hanter. Malgré ta beauté, ton sourire semble encore plus captivant quand il est animé par la joie ou la faim dévorante qui nous habite tous. Laisse la morosité là où je peux la ramasser et en faire des arabesques à l’huile dans le ciel de mes toiles dans l’espoir de la faire disparaître.

Parfois j’oublie que ce monde n’est pas comme les autres, que tes apparences cachent plus qu’elles ne le laissent penser et que ma curiosité est un bien vilain défaut. « Je ne voulais pas ramener des souvenirs désagréables. »

J’y ai parfois aussi pensé, rêvé même, de mourir sans jamais avoir eu le courage de faire le premier pas. Pourtant, des mots comme ceux que tu me donnes m’ont donné envie d’accorder une chance à la mort qui m’avait été volée. « J’ai encore beaucoup d’art à créer et trop de choses à apprendre, j’espère avoir assez de temps pour tout te montrer dans cette éternité. » Le monde serait trop gris sans toi, donne-moi au moins le temps de créer la prochaine œuvre immortelle pour qu’on puisse trinquer. Est-ce que mon sourire brille assez pour disperser ta brume? Depuis quelque temps, celui qui l’a si souvent complimenté ne semble plus en être satisfait.

« Je ne pourrais pas dire si c’est physique ou la politique qui cause ça gangrène. » Une triste vérité, il y a bien des choses que j’ignore et je me suis trop enlisé dans mon amour que j’ai oublié de jouer le jeu de la Cour pour n’être autre chose qu’une naïve poupée. « Il y a tellement de vautours à la Cour que ça ne m'étonnerait pas que l’ennemi sois parmi nous à attendre le moindre signe de faiblesse de sa part. » L’idée de perdre notre amant fait vaciller mon sourire, une peur pour lui et pour moi, que deviendrais-je sans lui? Tu es aimé de tous Ophrys, tu attires et régales les sens, mais une beauté effacée comme la mienne aura bien vite fait d’ennuyer la prochaine couronne.

J’ai toujours cette envie de revenir à la nature, mais peut-être que j’aurais envie de le faire sous mes propres conditions. « Arkham ne sera qu’un cycle, mais j’aimerais pouvoir aider à faire en sorte qu’il continue encore un peu. » Aucune civilisation ne dure éternellement, les empires de l’Antiquité nous l'ont prouvé, mais j’ai encore peur que tout ne change trop vite. « Je n’ai aucune qualité ou influence auprès des nôtres, mais je finirais bien par trouver quelque chose…peut-être. » J’ai encore trop peur de me battre ou de me mettre en danger, mais chaque pièce à son rôle à jouer sur l’échiquier pas vrai?

J'ai envie de caler ma joue dans ta main, de profiter de ce contact si simplement affectueux et qui s'est fait rare ses derniers temps. Est-ce que je t'ai encore inquiété? Est-ce que la vérité était trop brutale ou son atterissage dans tes oreilles trop peu gracieux? Une mauvaise manie de ma part qu'on m'a dit, mais peut-être que c'est mon inconscient qui aime trop te voir à genoux pour me réconforter et qui ne peut s'empêcher d'en prendre une petite once de plaisir. « Tu es trop bon pour moi Ophrys. » Mes mains ne méritent pas de se poser sur la tienne avec les pensées qui m'habitent, mais elle ne peuvent s'en empêcher. « La promesse est partagée alors. » Tu sais, j'ai pris le nom de Narcisse, car un des membres des Immanis m'a dit un jour que les narcisses sont un symbole de renouveau, une fleur annonçant la fin des duretés de l'hiver et je m'y suis accroché en espérant que ce nom m'apporte un peu d'espoir dans les longues années devant moi. Le sourire qui fleurit sur mes lèvres n'est peut-être pas aussi précieux qu'un joyaux rare, mais je serais prêt à tout donner pour que le monde converge au creux de tes doigts pour que le temps s'étire à l'infini.

Pourtant, les secondes continuent inexorablement de s'écouler et on ne peut fuir la réalité, mais on peut encore lui demander un peu de temps. Mes bras s'enroulent derrière ta nuque et mon front s'appuie légèrement sur le tien, un autre secret à garder à l'abri de tous, une autre demande si je peux me permettre l'audace. « Si quelque chose venait à arriver et que les choses changeaient brutalement, est-ce que je peux espérer notre lien survivra? » Je n'arrive pas à le dire, au risque de manifester une réalité trop triste que je ne pourrais pas supporter. Javier, Aemon et toi avez fais parti de ma vie trop longtemps pour que je vous perde comme ça. Retenez-moi dans la civilisation pendant encore un temps si le pire venait à arriver.

Mon coeur ne sait plus quoi faire, s'il serait mieux de rire ou pleurer. Ta présence fait fondre mes inquiétudes, mais les voir ruisseler te causerais sûrement des soucis non? Pourtant, pourquoi ai-je l'impression de Le trahir? Est-ce que c'est une promesse que je ne devrais réserver qu'à Lui? Ma tête et mon coeur se font querelle alors qu'un nouveau chuchotement se fait entendre. "Pourquoi choisir quand on pourrait tout avoir?" Je ne devrais pas être avare et me contenter de ce que j'ai, mais est-ce que c'est encore assez? Je n'ai pas grand chose, seulement des mains agiles et un corps inchangé, mais peut-être que c'est suffisant pour l'instant.

"Reste comme tu es, parfait et vivant." C'est assez pour mes mains qui agissent de leur propre chef, se déroulent pour simplement s'appuyer légèrement sur tes épaules. "Est-ce que j'ai vraiment le choix?" Une promesse scellée par un baiser sur ton front, le seul endroit encore sauf. Je le regretterais plus tard et ce sera le problème du futur Narcisse, celui du présent est trop occupé à reculer rien qu'un peu la tête pour admirer l'œuvre d'art devant lui.

Je comprends pourquoi Pygmalion aimait Galatée, même si c'est la nature qui a sculpté quelqu'un qui ne pourrait être créer par des mains mortelles. "Si je promets, me permettras-tu de rester avec toi plus longtemps?" Ce n'est pas comme si on m'attendais ce soir, c'est de plus en plus fréquent il semblerait, et les poissons ne feraient que se plaindre de ma mine déprimée. On pourrait rester là à parler du temps qu'il fait et ça me contenterait. Est-ce si facile de vouloir plus que ce que l'on a déjà? J'ai été possédé par l'Amour jusqu'à maintenant et peut-être que ce soir j'aimerais plutôt en posséder une partie