Le Pape est ombre.

Sous une autre identité, sous un autre style vestimentaire, tu étais ce petit bibliothécaire sans ambition mais toujours avec les oreilles qui trainent ça et là, toujours avec ce regard perçant qui semblait lire en vous comme si vous n'étiez qu'un des livres posés sur les multiples étagères. Bien peu de gens connaissent ta véritable identité en dehors de tes contacts. Pourtant ça n'avait pas suffit. Pourtant tu es devenu une proie.

Enfin, c'est ce que tu voulais faire croire.

Tu t'étais fait très prudent ces derniers temps, observant avec minutie ce qui changeait de l'ordinaire dans les lieux que tu fréquentais le plus. La moindre des petites choses passait au peigne fin. La moindre petite pensée passait au crible de ton pouvoir. Tu en étais devenu presque paranoïaque. Mais après tout, y a-t-il vraiment un moment où tu ne l'étais pas ? Tu avais réussi à glaner des informations sur ton prédateur. Si tu n'avais pas son nom, tu savais au moins à quoi il ressemblait. Aussi, tu étais particulièrement prudent à ton entourage.

Pourtant, tu avais vraisemblablement manqué de vigilance puisqu'il t'avait retrouvé.

Tu sortais du travail tardivement ce soir là. D'ordinaire, tu veillais toujours à partir quand il y avait encore une peu de soleil mais là, tu n'avais pas pu contrer ta direction et ses heures supplémentaires. Il faisait sombre quand tu quittais les lieux. Ton coeur battait vite dans ta poitrine. Tu avais le sentiment que quelque chose clochait. C'est là que tu le vois. Tu ne sais même pas si lui t'as vu ou non. Sûrement que oui. Heureusement, le lieu est encore rempli d'étudiant et tu cherches à te fondre parmi eux, rabattant la capuche de ton sweat sur tes cheveux bien trop reconnaissables.

Tu es sur tes gardes.
Tu es peut-être une proie à ses yeux mais pour toi ce n'est pas un prédateur.